La présentation des grandes orientations du budget français pour 2025 a suscité de nombreuses réactions. Entre réduction du déficit public, préservation du pouvoir d’achat des ménages et taxation des grandes entreprises, le gouvernement, mené par François Bayrou, tente de trouver un équilibre dans un contexte économique et politique tendu. Que retenir des annonces et quelles en seront les conséquences ?
Budget 2025 : un déficit maîtrisé sans hausse d’impôts ?
Objectif : réduire le déficit sous la barre des 5 % du PIB
La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a affirmé lors de plusieurs entretiens en ce début de janvier 2025 que le déficit public ne devrait pas dépasser significativement 5 % du produit intérieur brut (PIB) à la fin de l’année 2025. Cette cible intervient après un dérapage prévu à 6,1 % en 2024. Pour y parvenir, le gouvernement mise sur des économies supplémentaires, estimées à plus de 10 milliards d’euros.
Plan d'économies proposé :
- Réduction des subventions aux collectivités locales, avec un objectif de 2 milliards d’euros d’économies.
- Lutte renforcée contre la fraude fiscale, ciblant les optimisations abusives des grandes entreprises.
- Rationalisation des dépenses publiques, avec une attention particulière à leur efficacité.
Pour autant, ces économies, qui s'ajoutent à une faible croissance prévue de moins de 1,1 %, risquent de se heurter à des résistances, notamment de la part des collectivités territoriales. Ces dernières n’ont de cesse de clamer qu’elles ne sont pas à l’origine du déficit et que leurs budgets sont déjà à l’équilibre.
« Je ferai des propositions de telle sorte que le déficit à la fin de l’année 2025 n’excède pas significativement les 5%» du PIB, alors que le précédent gouvernement ambitionnait 5%, après un dérapage attendu à 6,1% en 2024 », a déclaré au Parisien Amélie de Montchalin.
Budget 2025 : Aucune hausse d’impôts pour les ménages : promesse tenue ?
L'une des priorités affichées par Amélie de Montchalin est la préservation du pouvoir d'achat des classes moyennes. Lors d'un entretien accordé au Parisien le 5 janvier 2025, elle a exclu toute hausse de la TVA ou création de nouveaux impôts pour les ménages. Cette annonce vise à éviter une reprise de la grogne sociale observée ces dernières années.
Mesures clés :
- Pas de hausse de TVA : La ministre a déclaré que cette option « n'est pas envisagée ».
- Maintien des taxes sur les entreprises : Les grandes entreprises continueront de contribuer via des taxes spécifiques, telles que celle sur les rachats d'actions ou les billets d'avion.
Cependant, certaines mesures pourraient indirectement impacter les ménages, notamment par la répercussion de certaines charges sur les prix des biens et services. Le gouvernement affirme néanmoins que ces effets seront limités. « Pas de nouveaux impôts ni de hausses d'impôts qui pénaliseraient le pouvoir d'achat de la classe moyenne. La TVA n'est donc pas une option envisagée »
Fiscalité rétroactive : un pari juridique risqué
Un point controversé du projet budgétaire concerne l’application rétroactive de certaines mesures fiscales. Selon Ouest-France, le ministère de l'Économie prévoit de prolonger des dispositifs fiscaux qui auraient dû expirer en 2024. Cette démarche vise à éviter une perte de recettes fiscales importantes pour l'État.
Détails des mesures rétroactives envisagées :
Mesure fiscale | Date prévue d'expiration | Prolongation proposée |
---|---|---|
Taxe exceptionnelle sur les entreprises | 31 décembre 2024 | Reconduction rétroactive |
Crédit d'impôt pour certaines filières | 31 décembre 2024 | Maintien jusqu'en 2025 |
Cette proposition soulève des interrogations : le Conseil constitutionnel pourrait être saisi par les oppositions parlementaires pour juger de sa validité.
Les entreprises en première ligne : des efforts ciblés
Si les ménages sont épargnés par des hausses d’impôts, les grandes entreprises devront, elles, mettre davantage la main à la poche. En plus des contributions maintenues, telles que la taxe sur les rachats d’actions, le gouvernement envisage de renforcer les contrôles fiscaux pour limiter l’évasion fiscale.
Mesures fiscales pour les entreprises :
- Maintien de la contribution exceptionnelle sur les grands groupes.
- Intensification des sanctions contre l’évasion fiscale et les pratiques d’optimisation abusive.
- Éventuel élargissement de certaines taxes sectorielles, comme celles sur les industries polluantes.
Un compromis politique nécessaire pour l’adoption du budget
Dans un climat parlementaire fragmenté, le gouvernement devra composer avec des oppositions pour faire adopter son projet. Amélie de Montchalin a insisté sur la nécessité de « compromis courageux » lors des discussions prévues avec les partis politiques à partir de février 2025.
Les principaux points de friction incluent :
- Les réductions budgétaires des collectivités locales, jugées excessives par certains élus.
- L’application rétroactive de mesures fiscales, critiquée pour son caractère potentiellement inconstitutionnel.
- L’absence de nouveaux leviers fiscaux sur les ménages, qui pourrait limiter les marges de manœuvre budgétaires.
Une trajectoire budgétaire sous haute surveillance
Le budget 2025 marque une tentative d'équilibrer rigueur économique et préservation sociale. Toutefois, les nombreuses incertitudes, tant juridiques que politiques, rendent son adoption et son exécution complexes. Les prochains mois seront décisifs pour savoir si le gouvernement parvient à tenir ses engagements tout en répondant aux attentes des citoyens et sans se faire censurer.