Budget 2025 : tout savoir sur l’austérité qui attend la France

Le 10 octobre 2024, Michel Barnier a présenté le budget 2025 de la France, un projet de loi de finances marqué par la nécessité de redresser les comptes publics tout en ménageant une situation économique délicate.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 11 octobre 2024 à 11h15
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111%Le ratio dette/PIB a dépassé les 111% en 2023 en France.

Ce plan, qualifié d'« effort nécessaire » par le gouvernement, a pour objectif de réduire le déficit public tout en s’attaquant à la dette croissante. Le budget 2025 repose sur une combinaison de réductions de dépenses et de nouvelles recettes fiscales, ciblant particulièrement les ménages les plus aisés et les grandes entreprises. Mais les plus pauvres ne sont pas épargnés.

Budget 2025 : des mesures d’austérité pour rétablir l’équilibre

Le mot d’ordre de ce projet de loi de finances (PLF) est clair : il s’agit de stabiliser les finances publiques et de réduire le déficit, qui pourrait frôler les 7 % du PIB en 2024, pour le ramener à 5% dès 2025. Cet effort de redressement s’appuie sur des économies de l’ordre de 40 milliards d’euros, auxquelles s’ajoutent 20 milliards d’euros de recettes supplémentaires issues de nouvelles mesures fiscales.

Selon le ministre de l’Économie, Antoine Armand, ces efforts qui figurent dans le budget sont indispensables pour « préserver nos conditions de financement » et éviter de laisser dériver la dette publique à des niveaux insoutenables.

Une contribution exceptionnelle pour les plus hauts revenus dans le Budget

L’un des piliers de ce budget repose sur une contribution exceptionnelle qui ciblera les 65 000 foyers fiscaux les plus riches de France. Ce prélèvement, mis en place pour une durée de trois ans, s’appliquera aux ménages dont le revenu annuel dépasse 250 000 euros pour une personne seule et 500 000 euros pour un couple.

Ce dispositif, qui vise à garantir un taux d’imposition minimum de 20 % pour ces contribuables, devrait rapporter 2 milliards d’euros dès 2025, soit toujours moins que l’Impôt de Solidarité sur la Fortune (ISF) supprimé par Emmanuel Macron et qui ne semble de fait pas faire son retour. Pour rappel, depuis la suppression de l’ISF les plus riches ont payé près de 3 milliards d’euros d’impôt en moins par an.

Néanmoins, Laurent Saint-Martin, le ministre du Budget, a assuré que cette mesure ne concernera que les plus fortunés, épargnant les classes moyennes et les ménages modestes.

Les classes moyennes, les classes qui travaillent, les plus fragiles d'entre nous, ne seront pas touchés

a déclaré le ministre pour rassurer une partie de l’opinion publique.

Un effort fiscal pour les grandes entreprises

Les grandes entreprises, dont le chiffre d'affaires dépasse 1 milliard d'euros, seront également mises à contribution par le biais d'un impôt exceptionnel sur leurs bénéfices. L’idée est une augmentation temporaire du taux de l’impôt sur les sociétés à 36% pour les entreprises générant plus de 3 milliards d'euros de chiffre d'affaires, et à 30% pour celles situées entre 1 et 3 milliards d’euros. En 2026, ces taux seront abaissés respectivement à 30% et 28%. Cette mesure devrait générer 8 milliards d'euros de recettes en 2025 et 4 milliards en 2026, pour un total de 12 milliards sur deux ans.

En parallèle, le gouvernement a également prévu d’instaurer une taxe sur le rachat d'actions par les grandes entreprises, un mécanisme destiné à taxer les sociétés qui utilisent leurs excédents de trésorerie pour racheter leurs propres actions plutôt que de réinvestir. Cette taxe devrait rapporter environ 200 millions d’euros supplémentaires.

Retraites : un décalage dans la revalorisation pour contenir les dépenses

Le volet des retraites est l'un des plus sensibles de ce budget. Face à un contexte économique tendu, le gouvernement a décidé de reporter de six mois la revalorisation des pensions de retraite, qui sera désormais effective à partir du 1er juillet 2025, au lieu du 1er janvier. Cette décision permettra de réaliser une économie estimée à 3,6 milliards d'euros sur l'année. Les pensions resteront toutefois indexées sur l’inflation, pour protéger le pouvoir d’achat des retraités. Laurent Saint-Martin a souligné que cette mesure est rendue nécessaire par les revalorisations exceptionnelles des dernières années, notamment une augmentation de plus de 5% en 2024.

En revanche, les autres prestations sociales continueront à suivre leur calendrier habituel de revalorisation, afin de soutenir les ménages les plus vulnérables dans un contexte de hausse des prix. Le gouvernement souhaite ainsi préserver un certain équilibre entre réduction des dépenses et maintien du soutien social.

Réduction des effectifs dans la fonction publique : l’Éducation nationale sacrifiée

Pour atteindre ses objectifs d’économies, le gouvernement prévoit de supprimer environ 2 200 postes au sein de la fonction publique. La quasi totalité de ces réductions concernera l’Éducation nationale, avec la suppression de 2 030 postes, essentiellement des enseignants dans le primaire, en raison de la baisse des effectifs scolaires. Selon le ministère de l’Éducation, cette diminution est justifiée par une baisse attendue de 97 000 élèves à la rentrée 2025. Toutefois, des recrutements de 2 000 accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH) sont prévus pour compenser partiellement ces suppressions.

Le gouvernement, tout en promettant de ne pas mener une « cure d’austérité », insiste sur la nécessité de réaliser des économies ciblées plutôt que des coupes budgétaires aveugles. « L'État doit faire mieux avec moins », a affirmé le ministre du Budget, soulignant que les secteurs régaliens, comme la Justice et la Défense, verraient leurs budgets préservés.

Fiscalité sur l’électricité et les énergies : vers une augmentation des taxes

Le budget 2025 comporte également des mesures concernant la fiscalité énergétique. La taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité (TICFE), dont le montant avait été réduit durant la crise énergétique, sera relevée à environ 50 euros par MWh dès février 2025. Cette augmentation, bien qu’importante par rapport au niveau pré-crise de 33 euros par MWh, devrait être compensée par une baisse des prix de l’électricité sur les marchés, ce qui permettrait une diminution de la facture moyenne pour les foyers français.

Par ailleurs, le gouvernement a annoncé son intention de durcir le malus automobile, en abaissant le seuil d’émissions de CO₂ à partir duquel les véhicules sont pénalisés. Ce seuil passera de 118 g de CO₂/km à 113 g de CO₂/km dès 2025, avant d'être réduit à nouveau en 2026 et 2027. L’ensemble de ces mesures devrait contribuer à financer la transition énergétique tout en réduisant l’empreinte carbone du secteur des transports.

Soutien aux secteurs stratégiques : agriculture, santé et défense

Malgré les mesures d’austérité, le budget 2025 prévoit de maintenir des aides substantielles pour certains secteurs clés de l’économie française. Le gouvernement a notamment décidé de prolonger les dispositifs de soutien à l’agriculture, avec un budget dédié à la Politique agricole commune (PAC) et au cofinancement de mesures environnementales. Les aides à l’embauche de travailleurs saisonniers seront également pérennisées, afin de soutenir la compétitivité du secteur agricole.

Les budgets de la Défense et de la Santé, quant à eux, ne subiront pas de coupes. Le budget militaire pour 2025 est fixé à 50,5 milliards d’euros, conformément à la loi de programmation militaire. Le secteur de la santé, notamment la santé mentale, bénéficiera de crédits supplémentaires, avec une rallonge de 600 millions d’euros qui pourrait être accordée lors des débats parlementaires.

Un budget qui suscite la controverse

Loin de faire l’unanimité, ce projet de loi de finances 2025 suscite déjà de vives critiques. L'opposition dénonce une politique jugée trop austère, tandis que certains économistes s’inquiètent des impacts potentiels sur la consommation des ménages et l’investissement des entreprises. Les syndicats, notamment dans l’éducation, prévoient des mobilisations pour protester contre la suppression de postes.

Michel Barnier s’est défendu en soulignant le caractère inéluctable de ces mesures pour éviter à la France une situation de surendettement. « Il est de notre responsabilité de prendre des décisions difficiles aujourd’hui pour ne pas hypothéquer l’avenir de nos enfants », a-t-il martelé lors de la présentation du budget.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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