Le président du Medef, Patrick Martin, n’est pas serein face aux premières annonces du gouvernement concernant le budget 2024. Dans une récente entrevue aux Echos, il indique que les membres du Medef se montrent « assez inquiets » quant à « plusieurs signaux » qui semblent contredire les engagements du gouvernement de mener une politique favorable aux entreprises. Parmi les pommes de discorde figurent notamment la taxation des gestionnaires de transport, le versement mobilité des entreprises franciliennes ou la gestion des fonds de l’Agirc-Arrco et de l’Unédic.
Budget 2024 : le Medef préoccupé
Dans une récente entrevue accordée aux Echos, Patrick Martin, le président du Medef a fait le tour des récentes annonces du gouvernement pour le budget 2024 qui préoccupent, voire inquiètent les membres du syndicat des chefs d’entreprise.
Le gouvernement en rupture avec sa politique de l’offre ?
Il craint une rupture avec une politique jusqu’ici plutôt favorable aux entreprises et qui, à en croire les annonces du président de la République ou de ses ministres, souhaitait continuer à faire du secteur privé le fer de lance de la relance de l’économie française.
« Il y a des interrogations claires de nos adhérents sur la concrétisation de ce que le président de la République, le Premier ministre et le ministre des Finances nous ont promis, à savoir la poursuite de la politique de l'offre . Nous sommes assez inquiets de plusieurs signaux qui entrent en contradiction avec cet engagement », synthétise le président du Medef.
Transports et mobilité au cœur de la grogne du Medef
Patrick Martin souligne en particulier son inquiétude face à la nouvelle taxe sur les gestionnaires d'infrastructures de transport annoncée par le gouvernement. La taxe, qui cible particulièrement le secteur aérien et les autoroutes, a suscité des critiques véhémentes de la part des membres du Medef, dont Patrick Martin se fait le porte-parole. Il évoque des tensions au sein du monde des affaires, désorienté par des annonces perçues comme contradictoire.
Autre source d’inquiétude pour les patrons français : l'annonce de l'augmentation du versement mobilité des entreprises franciliennes pour financer les transports en commun. Cette mesure, proposée par le gouvernement pour éviter une explosion des tarifs pour l’usager francilien, entraînera un coût supplémentaire de 400 millions d'euros par an pour les entreprises concernées. Patrick Martin souligne que de telles décisions gouvernementales « suscitent des crispations dans nos rangs ». Les entreprises, déjà confrontées à des défis économiques, expriment leur mécontentement face à des charges supplémentaires qui pourraient compromettre leur compétitivité.
L’Agirc-Arrco, « variable d’ajustement » du financement des retraites ?
Patrick Martin aborde également la question de la volonté du gouvernement de récupérer des fonds de l'Agirc-Arrco et de l'Unédic, des retraites complémentaires obligatoires, pour financer les nouvelles dépenses de la réforme des retraites, notamment la revalorisation des petites pensions.
Ces caisses sont largement excédentaires, ayant en particulier profité de salariés continuant de travailler volontairement au-delà de l’âge légal pour obtenir une pension plus élevée. Leur trésor de guerre s’élève à 58 milliards d’euros. Mais le président du Medef estime qu’il « n’est pas question que l’Agirc-Arrco devienne une variable d’ajustement pour les régimes gérés par l’Etat ». Selon Patrick Martin, le Medef prouve, par cette prise de position, son attachement au paritarisme de gestion.
Les tensions croissantes entre le gouvernement et le Medef soulignent les défis inhérents à l'élaboration du budget 2024. Les discussions doivent se poursuivre, et l’enjeu semble bien de trouver un équilibre entre les besoins financiers du gouvernement et les préoccupations légitimes du monde des affaires, soucieux d’assurer une croissance économique durable.