Budget 2024 : l’ère de l’austérité qui ne dit pas son nom

L’inflation se tasse, mais reste élevée à plus de 4% en juin 2023. Les taux des crédits immobiliers augmentent. Le futur taux du Livret A et autres livrets défiscalisés est incertain. Et voilà que Gabriel Attal, ministre chargé des Comptes publics, annonce la couleur pour 2024. Ce sera le retour de l’austérité… bien que le ministre refuse le terme.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 12 juillet 2023 à 9h52
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Budget 2024 : l’ère de l’austérité qui ne dit pas son nom - © Economie Matin
1%Le Budget 2023 est construit sur une prévision de croissance de 1% pour la France.

Un Budget 2024 qui demandera des efforts à tous les Français

Dans un entretien accordé au Figaro, publié le 11 juillet 2023, Gabriel Attal annonce la couleur. L’objectif du gouvernement est de réduire l’endettement de la France qui a atteint de nouveaux records. Pour lui, « le désendettement est une urgence nationale ». Et, forcément, ce sera sur le budget 2024, qui sera présenté à la rentrée, qu’il faudra faire des changements. « Ce serait mentir que de dire qu’il n’y aura pas un effort global demandé à tous les Français pour réduire la dette. » Tout le monde devra donc mettre la main au portefeuille.

Mais qui va payer ? Le gouvernement refuse catégoriquement de revenir sur la décision de la suppression de l’ISF, qui coûte encore aujourd’hui 3 milliards d’euros par an aux Finances publiques. Et Gabriel Attal précise que « le désendettement du pays est avant tout un engagement à l’égard de la classe moyenne, de ceux qui travaillent, qui payent des impôts et qui seraient condamnés à payer dans quelques années l’addition de mauvais choix budgétaires ». Pas les riches, donc, pas la classe moyenne… les pauvres ?

Un budget 2024 d’austérité qui n’est pas d’austérité ?

Les priorités du Budget 2024 sont déjà définies, précise le ministre au Figaro. « Agir sur le désendettement, le soutien aux classes moyennes, et la lutte contre la fraude » sont les trois axes. Il va donc falloir réduire les dépenses pour augmenter les aides aux classes moyennes tout en luttant contre celles et ceux qui fraudent. Là aussi, pas de précisions : Gabriel Attal parle-t-il de la fraude fiscale ou de la fraude sociale ? Sachant que la deuxième est bien moins importante ? La fraude à la CAF, en France, pèse 40 fois moins que la fraude fiscale. Mais cette dernière est pratiquée par les riches, que le gouvernement ne veut pas attaquer.

Des économies sont donc prévues, ce qui pourrait s’apparenter à un budget d’austérité. Mais pas pour Gabriel Attal. « On ne peut pas parler d’austérité dans un pays qui continue de dépenser plus que ce qu’il gagne, un pays qui continue d’investir massivement dans les services publics. On ne peut pas parler d’austérité dans un pays qui n’augmente pas les impôts mais qui les baisse. »

Les arrêts-maladie dans le collimateur de Bercy

Si le ministre ne donne pas beaucoup de détails sur ce nouveau budget d’austérité qui ne sera pas un budget d’austérité, il a pointé du doigt un problème : les arrêts maladie. La priorité étant « au travail » qui « crée de la richesse », le gouvernement veut donc cibler celles et ceux qui ne travaillent pas. « Sur le budget de la Sécurité sociale, j’assume de dire qu’il faut prendre des mesures pour stopper la progression du nombre d’arrêts-maladie dont le coût, si nous ne faisons rien, pourrait dépasser le budget annuel du ministère de l’Intérieur d’ici à 2027 ! »

De quoi reprendre les propos du Medef, qui s’inquiétait de l’augmentation de ces arrêts-maladie. Mais, semble-t-il, sans vraiment s’intéresser aux raisons de ces arrêts. « Du côté des entreprises et des usagers, il faudra aussi responsabiliser », précise Gabriel Attal. La question des salaires, de la valeur du travail ou encore des difficultés des employés semble totalement absente de ses inquiétudes.

Le budget va-t-il avoir droit à son 49.3 ?

Les discussions s’annoncent dans tous les cas tendues avec l’opposition. Un budget d’austérité, alors que la gauche réclame des salaires plus élevés et des investissements sociaux, risque de crisper les débats à l’Assemblée nationale.

Le gouvernement pourrait alors dégainer son arme favorite : le 49.3. Comme ce fut le cas en 2022, lorsque le budget 2023 a été adopté au bout de dix 49.3. La Constitution prévoit en effet que sur les textes budgétaires, nécessaires pour le fonctionnement du pays, le gouvernement peut utiliser ce système sans limites.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

1 commentaire on «Budget 2024 : l’ère de l’austérité qui ne dit pas son nom»

  • Rastignac

    Gabriel Attal a tort de prétendre que la fraude sociale n’est pas importante car il y a plus de 40 milliards d’euros à économiser! En fait, il ne veut surtout pas y toucher car les 2/3 des Associations/ Fondations sont à supprimer…mais là pas touche!!!
    Quelle hypocrisie! Il ne parle pas non plus des comités et commissions en nombre dans les ministères qui ne servent à rien , tous ces gens là ne devraient jamais être remplacés dans ce que Valérie Pécresse parle « d’administration administrante » à juste titre! Et donc, il y a de quoi serrer la vis dans l’administration centrale d’Etat car la France a plus besoin de fonctionnaires sur le terrain que dans les bureaux administratifs d’Etat surpeuplés!

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