Selon un rapport de la direction générale des douanes, l’excédent commercial de la France avec le Royaume-Uni a chuté de près de 20 % entre 2018 et 2023. Un recul largement attribué au Brexit, qui a redéfini les flux commerciaux entre les deux pays.
Depuis le Brexit, le Royaume-Uni exporte plus en France
Entre 2018 et 2023, l’excédent commercial de la France avec le Royaume-Uni a diminué de 2,5 milliards d’euros pour s’établir à 9,6 milliards d’euros. Bien que le Royaume-Uni reste le principal partenaire commercial excédentaire de la France, cette baisse marque un tournant dans les relations économiques bilatérales depuis le Brexit.
Un solde commercial en recul à cause du Brexit
La direction générale des douanes explique que « la majeure partie de la dégradation » est liée au Brexit, qui a introduit de nouveaux mécanismes de comptabilité et de droits de douane.
Depuis le départ du Royaume-Uni de l’Union européenne en 2020, suivi de sa sortie du territoire douanier en 2021, de nombreux produits importés d’outre-Manche transitent par la France avant d’être réexportés vers d’autres pays de l’UE. Ces flux, appelés « quasi-transit », n’étaient pas pris en compte avant le Brexit. Leur apparition a ainsi gonflé artificiellement les importations françaises en provenance du Royaume-Uni, lesquelles ont progressé de 5,5 milliards d’euros, contre une augmentation de seulement 3 milliards pour les exportations.
L’effet « hub » de la France, combiné à la montée en puissance des importations britanniques de produits agroalimentaires comme l’agneau, le saumon et le cheddar, a particulièrement impacté l’industrie agroalimentaire française. De même, le secteur manufacturier a enregistré des performances décevantes, notamment dans la bijouterie et la joaillerie.
Des secteurs sous tension, d’autres en plein essor
Toutefois, certains secteurs ont résisté, voire prospéré. Les exportations françaises de matériels de transport – principalement des avions, des turboréacteurs, des voitures et des camions – ont permis de limiter la dégradation du solde commercial. Ces produits de haute valeur ajoutée continuent de jouer un rôle clé dans les échanges bilatéraux.
Parallèlement, le Royaume-Uni a redéfini sa stratégie commerciale. Selon le rapport, « la part de l’UE dans les importations du Royaume-Uni est passée de 52 % à 40 % en cinq ans ». À l’inverse, les parts de la Chine et des États-Unis ont significativement augmenté, atteignant respectivement 13 % et 12 %. Ce repositionnement illustre une volonté de Londres de diversifier ses partenariats économiques au-delà de l’Europe, conséquence directe du Brexit.
Ce repli des échanges entre le Royaume-Uni et l’Union européenne s’inscrit dans une reconfiguration plus large des relations économiques internationales, où les équilibres traditionnels sont remis en question. La France, bien que touchée par ces évolutions, conserve un rôle central dans le commerce post-Brexit grâce à sa position géographique et à son attractivité économique.