À quelques mois d’accueillir la COP30, le Brésil a surpris en annonçant son adhésion à la Charte de coopération de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep).
Pétrole : le Brésil fait ami-ami avec l’OPEP avant la COP30

Un choix critiqué par les défenseurs du climat
Le Brésil, huitième producteur mondial de pétrole avec 4,3 millions de barils par jour, ne rejoint pas l’Opep à proprement parler, mais bien la Charte de coopération (CoC) qui regroupe les 12 pays membres de l’organisation ainsi que 10 pays partenaires, dont la Russie. Ce statut lui permet de participer aux discussions stratégiques sans pour autant être contrainte par les décisions relatives aux quotas de production.
"Nous ne devrions pas avoir honte d’être producteurs de pétrole. Le Brésil doit croître, se développer et créer des revenus et des emplois", a défendu Alexandre Silveira, ministre brésilien des Mines et de l'Énergie.
Derrière cette déclaration, l’ambition est claire : renforcer le poids économique et énergétique du pays sur la scène internationale. Le Brésil mise sur ses vastes réserves offshore, notamment dans le bassin de Santos, pour asseoir son influence tout en sécurisant ses revenus face aux fluctuations du marché pétrolier mondial.
Si le gouvernement brésilien insiste sur le fait que son adhésion à la CoC ne l’oblige à aucune réduction de production ni à une régulation des prix, les mouvements écologistes voient les choses autrement. Pour l’Observatoire du Climat, cette décision marque un recul dans la transition énergétique.
"L’entrée du Brésil dans un quelconque organisme de l’Opep est un autre signe du revers du gouvernement", affirme Suely Araújo, porte-parole de l’ONG, dénonçant une orientation qui privilégie les énergies fossiles au détriment du climat.
L’économie brésilienne sous pression : pétrole ou transition verte ?
D’un point de vue économique, le pétrole est un pilier stratégique pour le Brésil. En 2024, il est devenu le premier produit d’exportation du pays, représentant 13,3 % des ventes extérieures, dépassant même le soja.
Le président Luiz Inácio Lula da Silva, qui a fait de la protection de l’Amazonie un argument central de sa politique, doit jongler avec des pressions contradictoires. D’un côté, une communauté internationale qui attend du Brésil des engagements forts en matière environnementale, et de l’autre, un secteur pétrolier qui représente une source de croissance et d’emplois difficile à ignorer.
Le Brésil, en tant que pays hôte de la COP30 (du 10 novembre au 21 novembre 2025), devra répondre aux critiques sur cette apparente contradiction. Comment concilier un rôle de leader climatique tout en s’alliant à un cartel qui défend les intérêts des producteurs de pétrole ?