Des opérations boursières effectuées par une élue proche de Donald Trump, quelques jours avant une annonce majeure sur les droits de douane, soulèvent des interrogations à Washington.
Bourse : Trump a-t-il fait profiter une proche alliée ?

Le 15 avril 2025, plusieurs médias ont révélé que Marjorie Taylor Greene, représentante républicaine de l’État de Géorgie et proche de l’ancien président Donald Trump, avait investi d’importantes sommes en Bourse peu avant une déclaration présidentielle ayant eu un impact significatif sur les marchés financiers. Ces transactions, réalisées dans un contexte de tension commerciale, font désormais l’objet de demandes d’enquête.
Des investissements en amont du rebond boursier souhaité par Trump
Selon des documents financiers transmis au Congrès, Marjorie Taylor Greene a acquis, les 8 et 9 avril 2025, des actions dans plusieurs entreprises américaines, parmi lesquelles figurent Apple, Amazon, Tesla, Merck, Nvidia et Palantir. Le montant total de ces acquisitions est compris entre 21 000 et 315 000 dollars. Dans le même temps, elle a cédé pour une somme estimée entre 50 001 et 100 000 dollars de bons du Trésor.
Ces investissements sont intervenus juste avant que Donald Trump ne publie, le 9 avril à l’ouverture de Wall Street, un message sur sa plateforme TruthSocial déclarant : « C’EST LE MOMENT D’ACHETER !!! ». Quelques heures plus tard, il annonçait la suspension, pour une durée de 90 jours, des droits de douane supplémentaires à l’encontre de plusieurs pays, à l’exception de la Chine. Cette annonce a été suivie par une hausse marquée des indices boursiers.
Les actions acquises par l’élue ont vu leur valeur augmenter dans les jours suivants. L’action RH (Restoration Hardware), par exemple, a progressé de plus de 33 %, Dell de 9 %.
Réactions politiques et demande d’enquête à propos des investissements de cette élue proche de Trump
La publication de ces transactions a suscité des réactions au sein de l’opposition démocrate. Six sénateurs, dont Elizabeth Warren et Chuck Schumer, ont adressé une lettre à la Securities and Exchange Commission (SEC), l’autorité fédérale de régulation des marchés financiers, afin qu’une enquête soit ouverte. Ils y demandent que soit déterminé si certaines personnes ont pu bénéficier d’informations non publiques liées à la politique commerciale de l’exécutif.
À la Chambre des représentants, plusieurs élus, comme Greg Casar et Robert Garcia, ont exprimé des préoccupations similaires. Alexandria Ocasio-Cortez a évoqué l’existence de rumeurs au Congrès sur une possible connaissance anticipée de ces décisions. Le représentant Steven Horsford a pour sa part déclaré : « Qui en bénéficie ? Quel milliardaire vient de s’enrichir ? »
Du côté républicain, aucune réaction officielle n’a été formulée à ce stade. Marjorie Taylor Greene a fait savoir que ses investissements étaient réalisés par l’intermédiaire d’un conseiller financier indépendant, dans le cadre d’un mandat de gestion fiduciaire. Elle a précisé que l’ensemble des transactions avaient été déclarées conformément à la réglementation en vigueur, dans les délais prévus.
Un cadre légal permissif, mais controversé
Aux États-Unis, les membres du Congrès sont autorisés à investir en Bourse, à condition de respecter certaines obligations de transparence prévues par le Stock Act. Les élus doivent notamment déclarer toute opération financière d’un montant supérieur à 1 000 dollars dans un délai de 30 à 45 jours. En l’occurrence, les opérations de Marjorie Taylor Greene ont bien été rendues publiques dans le respect de cette exigence.
Pour autant, ces événements relancent les débats autour de la possibilité pour des responsables politiques d’opérer sur les marchés financiers. Plusieurs propositions de loi visant à interdire ou encadrer plus strictement ces pratiques ont été déposées au Congrès, sans qu’aucune n’ait encore abouti. Le « End Congressional Stock Trading Act », soutenu par une partie de l’opposition, prévoit notamment d’imposer aux parlementaires la cession de leurs portefeuilles ou leur transfert dans des fonds aveugles.
À ce jour, la SEC n’a pas indiqué si une enquête serait ouverte à la suite de ces signalements. L’autorité, présidée depuis décembre 2024 par Paul Atkins, nommé par Donald Trump, dispose d’un pouvoir discrétionnaire dans le traitement de telles demandes. La Maison-Blanche a précisé que le message publié sur TruthSocial avait pour objectif de « rassurer les marchés » et qu’il s’inscrivait dans une volonté de stabilisation économique. Aucun commentaire n’a été émis sur les transactions de l’élue.