Bonheur : les Français sont de moins en moins heureux !

Le bonheur peut-il être quantifié, mesuré, comparé d’un pays à l’autre ? L’étude Ipsos 2025 nous livre une radiographie fascinante du bonheur à l’échelle mondiale. Cette enquête révèle où l’on vit le mieux et ce qui pèse sur le moral des populations. Alors, qui sont les véritables gagnants de la course au bonheur ?

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 20 mars 2025 à 7h02
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bonheur, france, société, consommation, analyse, argent - © Economie Matin
75%75 % des personnes à hauts revenus se disent heureuses.

Un monde à deux vitesses : entre bonheur affiché et mal-être latent

Depuis 2011, Ipsos mesure la perception du bonheur dans 30 pays à travers des milliers d’entretiens. Cette année, l’Ipsos Happiness Index 2025, publié le 20 mars 2025, dévoile une situation contrastée : 71 % des personnes interrogées déclarent être heureuses, mais cette moyenne mondiale masque des différences criantes.

Les pays les plus heureux : l’Inde, leader mondial du bien-être

Le podium du bonheur est dominé par l’Inde (88 % de satisfaction), les Pays-Bas (86 %) et le Mexique (82 %). L’Inde, pays où le bien-être familial et les valeurs communautaires sont profondément ancrées, se distingue année après année par son optimisme collectif. Les Pays-Bas, quant à eux, bénéficient d’un excellent niveau de vie, d’une forte cohésion sociale et d’une culture du bien-être bien rodée. Enfin, le Mexique semble tirer son épingle du jeu, malgré des difficultés économiques et sécuritaires, grâce à un ancrage social fort et un rapport au bonheur davantage axé sur la communauté.

Les moins heureux : un continent européen en berne

À l’inverse, la Hongrie (45 % de personnes heureuses), la Turquie (49 %) et la Corée du Sud (50 %) ferment la marche. La Hongrie et la Turquie, marquées par des crises économiques et des tensions politiques persistantes, enregistrent les plus bas niveaux de satisfaction depuis plus d’une décennie. La Corée du Sud, malgré son développement économique fulgurant, souffre d’une pression sociale intense et d’un taux d’anxiété record, notamment chez les jeunes générations.

Fait marquant : la Turquie a connu la plus grande chute du bonheur depuis 2011, avec une baisse vertigineuse de 40 points.

La France : une nation heureuse, mais en perte de vitesse

Avec 73 % de personnes se déclarant heureuses, la France reste légèrement au-dessus de la moyenne mondiale, mais l’étude révèle une tendance inquiétante : une chute de 14 points depuis 2014. Ce déclin progressif s’explique par plusieurs facteurs :

  • L’impact du pouvoir d’achat : près de 48 % des Français considèrent leur situation financière comme la première source de stress et d’insatisfaction.
  • Un pessimisme sur l’avenir : seulement 29 % des Français pensent que leur qualité de vie s’améliorera d’ici cinq ans, un des scores les plus bas enregistrés dans les 30 pays étudiés​.
  • Le bonheur familial comme refuge : malgré ces inquiétudes, 47 % des Français citent leur famille et leurs enfants comme principale source de bonheur. Le sentiment d’être aimé et apprécié est également un facteur clé pour 27 % des sondés​.

Autre constat surprenant : l’importance croissante des relations sociales. L’amitié est citée par 29 % des Français comme un élément essentiel du bien-être, ce qui témoigne d’un besoin de lien humain et de solidarité dans un contexte de plus en plus individualiste​.

L’argent fait-il le bonheur ? Un mythe à nuancer

La question est récurrente, et l’étude Ipsos y répond sans détour : avoir plus d’argent ne garantit pas d’être plus heureux, mais en manquer est un facteur majeur d’insatisfaction.
Les chiffres sont clairs :

  • 75 % des personnes à hauts revenus se disent heureuses.
  • 71 % des classes moyennes affichent un niveau de satisfaction stable.
  • 62 % des personnes à faibles revenus se déclarent heureuses, un chiffre nettement inférieur​.

Ce constat se vérifie à l’échelle mondiale : les inégalités économiques ont un impact direct sur le bien-être, mais la relation entre richesse et bonheur dépend aussi du contexte culturel et des attentes individuelles. En Thaïlande et en Suède, par exemple, la situation financière est citée comme le facteur principal de bonheur, tandis qu’au Brésil, c’est le bien-être mental qui prime​.

L’âge du bonheur : les sexagénaires au sommet

L’étude révèle une courbe du bonheur en forme de U : on est heureux jeune, on traverse une phase de morosité au milieu de la vie, puis on retrouve une satisfaction accrue après 60 ans.
Les données montrent que :

  • Les plus heureux sont les 60-70 ans, qui atteignent leur pic de satisfaction.
  • Les 50-59 ans sont les plus malheureux, marqués par le stress professionnel et les responsabilités financières​.

Fait notable : les jeunes hommes de la Génération Z sont plus heureux que les jeunes femmes du même âge. Un écart qui tend à se réduire avec le temps, les trajectoires de bonheur s’uniformisant autour de la cinquantaine​.

Le pessimisme sur l’avenir gagne l’Europe et la France

Si 53 % des personnes dans le monde pensent que leur qualité de vie s’améliorera dans les cinq prochaines années, cette vision optimiste est loin d’être partagée par tous. Certains pays, notamment en Europe, affichent un scepticisme grandissant quant à l’avenir.

En France, ce pessimisme est particulièrement marqué : seuls 29 % des Français croient en une amélioration de leur bien-être futur, contre 53 % à l’échelle mondiale​. Cette perte de confiance collective traduit une inquiétude face à l’instabilité économique, aux tensions sociales et aux défis environnementaux. Et évidemment les menaces de guerre sur le continent européen, avec la guerre en Ukraine qui dure depuis trois ans et ne semble pas proche de s’arrêter.

La quête universelle du bonheur, un équilibre fragile

L’étude Ipsos 2025 met en lumière un bonheur mondial sous tension. Si certaines nations affichent des scores élevés, d’autres connaissent une dégradation rapide du moral de leurs citoyens. La France, bien qu’encore majoritairement satisfaite, se laisse gagner par le pessimisme économique. Le bonheur, au fond, ne serait-il pas avant tout une question de perspective autant que de réalité ? La réponse appartient à chacun.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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