Concerts et Opéra sans se ruiner : les bons plans 2023/2024

Les saisons musicales viennent d’être annoncées, et en ces temps d’inflation et de restrictions, voici, comme tous les ans, notre article sur les « bons plans » pour profiter des concerts et de l’opéra à Paris sans se ruiner.

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Par Philippe Herlin Publié le 18 avril 2023 à 5h20
Opera Concert Ticket Prix Bon Plan
Concerts et Opéra sans se ruiner : les bons plans 2023/2024 - © Economie Matin
10 EUROSOn peut trouver des billets pour l'opéra à 10 euros l'unité.

Le conseil que nous donnons consiste à s’y prendre à l’avance et à éplucher les programmes. Cette méthode vaut également pour nos lecteurs de province : Lyon, Toulouse, Nantes, Lille, etc. proposent des saisons de qualité à des prix abordables, il faut s’informer au plus tôt afin d’en profiter au mieux, plutôt que d’attendre le dernier moment. Notez d’ailleurs l’opération Tous à l’opéra partout en France le week-end des 5, 6, 7 mai. Nous conseillons aussi de s’abonner aux newsletters des salles, pour se tenir au courant, et parfois bénéficier d’offres. Nous abordons ici les grandes institutions, mais le mélomane parisien ne manquera pas de regarder également les programmes de l’Opéra Royal de Versailles, de la Salle Cortot, de la Salle Gaveau, du Musée des Invalides, etc.

Pour l’achat des places, il faut le savoir, les théâtres « à l’italienne » (en forme de fer à cheval) comportent de nombreuses places à visibilité réduite, c’est indiqué sur les sites des salles (Garnier, Opéra-comique, Théâtre des Champs-Elysées, Théâtre du Châtelet) alors que dans les salles modernes (Bastille, Cité de la musique, en frontal et, avec le public disposé autour de l’orchestre, Auditorium de Radio France, la Grande salle Pierre Boulez à la Philharmonie) toutes les places sont bonnes, ce qui rend les tarifs les moins chers particulièrement attractifs.

L’Opéra de Paris, toujours au top niveau

Alexander Neef, le directeur de l’Opéra de Paris, a présenté une copieuse saison 2023/2024 comprenant, côté opéra, plusieurs nouvelles productions avec Don Giovanni, Lohengrin, les plus rares Beatrice di Tenda de Bellini, Médée de Charpentier dirigée par William Christie, La Vestale de Spontini en français, The Exterminating Angel du très doué Thomas Adès, et des reprises du plus grand intérêt comme L’Affaire Makropoulos de Janacek, Turandot mis en scène par Robert Wilson, Les Contes d’Hoffman d’Offenbach mis en scène par Robert Carsen, Jules César de Haendel mis en scène par Laurent Pelly, La Traviata mise en scène à l’heure des réseaux sociaux par Simon Stone, et Simon Boccanegra dans la mise en scène de Calixto Bieito. Une saison lyrique de très haut niveau. Côté ballet, des valeurs sûres avec Casse-noisette et Le Lac des cygnes de Noureev, Giselle, Jerome Robbins, et du moderne avec Jiri Kylian, Barbe-Bleue par Pina Bausch, le Béjart Ballet Lausanne.

Comment assister à ces spectacles sans trop débourser, car depuis plusieurs années les tarifs de Bastille et de Garnier grimpent ? On peut bien sûr s’abonner, à partir de 4 spectacles, c’est ouvert. Sinon une bonne solution consiste à acheter ses places à l’unité environ trois mois à l’avance, en respectant le calendrier d’ouverture des réservations : par exemple, pour assister à Lohengrin (du 23 septembre au 23 octobre), il faudra se connecter au site le 30 mai à 12h. On peut ainsi acquérir des places dans toutes les catégories, dont plusieurs sont bon marché, mais il ne faut pas traîner car elles partent en quelques minutes. C’est plus facile pour Bastille, où toutes les places offrent une visibilité parfaite (hormis sur le côté, il faut se pencher), qu’à Garnier où de nombreuses places sont à visibilité réduite… Il existe aussi un excellent dispositif fonctionnant tout au long de l’année : la Bourse aux billets officielle qui permet la revente de billets entre spectateurs en toute transparence et sans commissions, avec souvent des prix attractifs. On notera aussi plusieurs offres spécifiques (notamment les avant-premières à 10 euros pour les moins de 28 ans). Et signalons l’ouverture de la plateforme de streaming vidéo « POP », Paris Opera Play, avec des offres ponctuelles ou par abonnement.

L’Opéra-comique, on rit, on chante et on parle

Désormais dirigé par le chef d’orchestre Louis Langrée, en remplacement d’Olivier Mantei parti à la Philharmonie, l’Opéra-comique propose sept opéras avec à chaque fois des concerts, conférences, colloques (les « pléiades »). Comme il l’expliquait lors de la présentation de la saison, l’Opéra-comique n’est pas forcément « comique », c’est un faux-ami : Louis XIV a créé le théâtre où l’on chante (l’Opéra), le théâtre où l’on parle (la Comédie française), le théâtre où l’on chante et où l’on parle (l’Opéra-comique). On retrouvera Offenbach (Fantasio), un de ses héritiers, Charles Lecocq (La Fille de Madame Angot), toujours de l’esprit et de la légèreté avec un spectacle mêlant Pulcinella de Stravinsky et L’Heure espagnole de Ravel, mais aussi du répertoire plus sérieux avec Armide de Lully, des projets lyriques inachevés de Schubert, une belle idée (L’Autre voyage), et deux créations, Macbeth Underworld du très doué Pascal Dusapin et Archipel(s) d’Isabelle Aboulker interprété par la Maîtrise. Un très beau programme, varié et équilibré.

On peut d’ores-et-déjà souscrire des abonnements (4 opéras minimum), il existe une carte de réduction à 20 euros (Pass Favart) offrant des réductions tout au long de la saison, les jeunes de 18 à 35 ans bénéficient de 35% de réduction, ceux entre 15 et 18 ans utiliseront le Pass culture, et on notera dans son agenda le jeudi 11 mai à 11h, date d’ouverture de la vente des places à l’unité pour toute la saison.

Le Théâtre des Champs-Elysées, pour tous les genres

Le Théâtre des Champs-Elysées propose une programmation 2023/2024 qui couvre tous les genres de la musique classique, de l’opéra mis en scène (La Cenerentola, La Flûte enchantée, Boris Godounov, David et Jonathas de Charpentier, à l’honneur cette année avec sa Médée à Garnier, L’Olimpiade de Vivaldi dans le cadre des Jeux olympiques !), du théâtre musical avec Le Malade imaginaire de Molière par la troupe de la Comédie française et une musique originale de Marc-Olivier Dupin, des opéras et oratorios en version de concert (toujours surtitrés, une excellente idée) avec 23 titres (Les Boréades, Carmen, La Chauve-souris, Carmina Burana, Alceste, Don Giovanni, la Passion selon Saint Matthieu, Atys, Elektra, La Walkyrie…), des récitals de chant (Philippe Jaroussky, Matthias Goerne, Lisette Oropesa…), des orchestres (la Scala de Milan, le Philharmonique de Vienne, le London Symphony Orchestra et, à résidence, Les Siècles, l’Orchestre national de France, l’Orchestre de chambre de Paris), piano et musique de chambre (Evgeny Kissin, Igor Levit, Andrei Korobeinikov, Yundi Li, Fazil Say, Roger Muraro…) et de la danse (Ballet Preljocaj, Boston Ballet..). Quel programme !

Il existe des formules d’abonnement offrant des réductions (5 spectacles minimum), et des cartes de réduction. Pour les places à l’unité sur l’ensemble des spectacles de la saison, la vente sur le site commencera le jeudi 1er juin à 10h pour les catégories 1 à 4 (et le jeudi 7 septembre pour la catégorie 5). La dernière catégorie (visibilité faible ou nulle) à 5 euros, est mise en vente le jour même une heure avant la représentation. Il existe aussi une Bourse aux billets (uniquement pour les billets achetés électroniquement) qui permet de trouver des places bon marché.

La Philharmonie, pour tous les goûts

La Philharmonie de Paris vient de présenter sa saison 2023/2024, un copieux programme comme toujours. La salle est la demeure de l’Orchestre de Paris, que l’on retrouvera pour une trentaine de concerts. Parmi cette offre pléthorique, signalons quelques points forts, de notre point de vue, mais consultez le programme, il y en a vraiment pour tous les goûts (et d’ailleurs pour d’autres musiques que le classique), avec la venue du Philharmonique de Berlin (2/9), le Boston Symphony Orchestra (8/9), la 3e de Mahler par Bychkov et l’Orchestre de Paris, le récital de Khatia Buniatishvili (26/9), la 6e de Mahler par Rattle et la Bayerischen Rundfunks (3/10), Anna Netrebko (11/10), l’opéra Lessons in Love and Violence de Benjamin (12/10), Maurizio Pollini (16/10), le Philadelphia Orchestra et Nézet-Seguin (29, 30/10), Sonntag aus Licht de Stockhausen (16, 17, 20/11), le Chicago Symphony Orchestra et Muti (13/1), Les Soldats de Zimmermann (28/1), L’oiseau de feu et Le Sacre du printemps avec des vidéos et par l’Orchestre de Paris (28, 29/2), Rattle et le London Symphony Orchestra (9, 10/3), la Philharmonie Tchèque et Bychkov (22, 23/3), la 8e de Bruckner par Blomstedt (24, 25/4), une quasi intégrale des symphonies de Beethoven par Gardiner (25-29/5), le Los Angeles Philharmonic et Gustavo Dudamel (30, 31/5), Yuja Wang (5/6)…

Les formules d’abonnement sont ouvertes depuis le 12 avril (l’abonnement jeune le 21 avril), mais il faut surtout noter dans son agenda le lundi 15 mai à 12h pour l’ouverture sur le site de l’achat des places à l’unité pour l’ensemble des concerts de la saison. Premiers arrivés, premiers servis, surtout que les places de dernière catégorie à 10 euros, mais offrant une excellente visibilité, ne seront disponibles qu’à ce moment, soit un imbattable rapport qualité/prix. Ceci dit, les catégories supérieures demeurent largement abordables, la salle Pierre Boulez, la grande salle de la Philharmonie, offre des tarifs très accessibles, il faut le signaler. Si l’on se décide seulement quelques jours avant le concert, outre le site lui-même bien sûr, et des offres le premier mardi du mois (abonnez-vous à la newsletter), on ira faire un tour sur la Bourse aux billets qui permet de trouver des places bon marché.

Radio France, deux orchestres éclectiques

La « maison ronde » vient de présenter sa saison 2023/2024, et on y trouve de très intéressantes propositions. S’il existe de la musique de chambre et des récitals, l’essentiel des concerts sont assurés par les deux formations de la maison, l’Orchestre Philharmonique de Radio France et l’Orchestre National de France, avec plusieurs moments forts à retenir : Gardiner et le Philharmonique dans de la musique française (6, 7/10), 4 concerts pour fêter le centenaire de la naissance de Ligeti (23/11-2/12) dont son génial opéra, Le Grand Macabre (2/12), un programme de fête (Offenbach, Gershwin, Bizet, Bernstein) les 30 et 31/12, la 9e de Beethoven par le Philharmonique et son chef Mikko Franck (4, 5/1), un concert Maurice Jarre (2/2), le Festival Présences dédié à Steve Reich (6-11/2), la 6e de Mahler par le Philharmonique et Franck (16/2), 5 concerts pour fêter les 90 ans du National (21-30/3 et 27/6), un concert Philippe Sarde (4/4), les 7 symphonies de Sibelius par le Philharmonique et Franck (10, 11, 12/4), le Clavier bien tempéré de Bach par Korobeinikov (16, 17/4), la 5e de Mahler par le Philharmonique et Chung (17/5), 3 concerts dédiés à Gabriel Fauré (13, 16, 20/6).

Les abonnements offrent des réductions, il existe une intéressante formule pour les moins de 28 ans (4 concerts pour 28 euros). La vente des concerts à l’unité se fait le jeudi 1er juin à 11h, et pour les places de la 5e et dernière catégorie à 10 euros, où la vue est parfaite, soit un exceptionnel rapport qualité/prix, elle se fait le 1er juin pour les concerts de septembre à novembre, le 4 octobre pour les concerts de décembre à février, le 10 janvier pour les concerts de mars à juillet. Des dates à noter dans son agenda. Il existe aussi un tarif de dernière minute à 25 ou 10 euros.

Le Théâtre du Châtelet n’a pas encore annoncé sa saison, qui sera de toute façon de transition : après les errements des années passées, on peut espérer que le nouveau directeur nommé le 1er février, Olivier Py, un metteur en scène d’opéra reconnu, remonte le niveau.

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Philippe Herlin est économiste, Docteur en économie du Conservatoire National des Arts et Métiers, il a publié plusieurs ouvrages chez Eyrolles et rédige des chroniques hebdomadaires pour Goldbroker. Il écrit tous les vendredis un article sur l'art et la culture vus à travers l'économie, et intervient ponctuellement sur d'autres sujets. Son site : philippeherlin.com.

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