Bois : une ressource naturelle abondante pour le bâtiment

Le département de la Gironde, dans le sud-ouest de la France, est recouvert de forêts sur la moitié de sa surface. En 2022, le Département y a fait construire un établissement d’enseignement secondaire à l’aide de bois provenant de pins locaux.

Le collège Pian-Médoc, situé entre la ville de Bordeaux et certains des vignobles les plus célèbres de France, témoigne de la volonté de trouver des utilisations pratiques au bois issu des arbres voisins tout en protégeant les forêts.

Appartement témoin

«L'objectif était de préserver au maximum les arbres existants et de valoriser ceux qui devaient inévitablement être abattus», explique Maxim Peveri, un chef de projet du Département de la Gironde.

Le Département est devenu un acteur clé d'un projet de recherche européen qui a bénéficié d’un financement de l'UE pour promouvoir l'utilisation du bois, un matériau à la fois polyvalent et recyclable. Intitulé BASAJAUN, le projet devrait s'achever ce mois-ci après quatre ans et demi de travaux.

Le principal résultat de l'initiative est un immeuble d'habitation en bois situé à côté du collège de Pian-Médoc et qui accueillera certains membres du personnel. Le bâtiment de deux étages, constitué de 16 appartements, montre comment les ressources forestières peuvent aider les zones rurales, être gérées de manière durable et contribuer à rendre le secteur du bâtiment plus écologique.

«Ce bâtiment montre ce qu’il est possible de faire», a déclaré le Dr Javier García Jaca, coordinateur du projet BASAJAUN et chef de projet à la Fondation Tecnalia pour la recherche et l'innovation, en Espagne.

Le bâtiment, qui doit être inauguré en avril 2024, est fabriqué à partir de bois non local obtenu auprès de fournisseurs espagnols et suédois de pin, de peuplier et d'épicéa.

La façade a été conçue pour pouvoir être démontée et réutilisée. Elle est constituée d'une ossature bio-composite, de panneaux structurels isolés et d'un bardage. Les panneaux sont en contreplaqué et isolés à l’aide de fibre de bois naturelle en lieu et place de l’habituelle mousse synthétique.

Si elle présente les mêmes propriétés techniques que la mousse synthétique, la fibre de bois naturelle est moins polluante.

La façade a été réalisée par Focchi, une entreprise italienne, et les panneaux isolants par la société espagnole Garnica. La société suédoise Moelven a fourni le bois utilisé pour les poutres de la structure interne. Les trois sociétés sont partenaires du projet BASAJAUN.

«Ce bâtiment prouve que nous pouvons transformer et améliorer le secteur du bâtiment, dont l’impact environnemental est très important», a déclaré M. García Jaca.

Croissance respectueuse de l’environnement

Le projet BASAJAUN contribue à atteindre un des objectifs du Pacte vert européen qui est de transformer la production en profondeur afin d’atteindre la neutralité climatique, notamment dans les zones rurales.

Parallèlement, l'initiative du Nouveau Bauhaus européen, qui réunit architecture, durabilité, esthétique et inclusion, relie le Pacte vert européen à la vie quotidienne et aux espaces de vie de la population. L'UE organise un festival NEB à Bruxelles, la capitale belge, du 9 au 13 avril.

Dans l'UE, les bâtiments sont responsables d'environ 40 % de la consommation d'énergie et de 35 % des émissions de gaz à effet de serre.

De plus, les matériaux de construction traditionnels tels que le béton et l’acier consomment eux-mêmes une grande quantité d’énergie, ce qui contribue aux émissions de gaz à effet de serre à l’origine du changement climatique.

En revanche, lorsqu’ils poussent, les arbres atténuent le changement climatique en stockant le dioxyde de carbone (CO₂) de l’atmosphère. Et le bois utilisé dans la construction continue de stocker du CO₂, réduisant ainsi l’empreinte carbone du secteur.

«En intégrant davantage de bois, les bâtiments peuvent réduire les émissions et même devenir des puits de carbone», a déclaré M. García Jaca.

Prendre de bonnes habitudes

L’UE est recouverte à environ 39 % de forêts (soit 159 millions d’hectares), ce qui en fait une précieuse source intérieure en termes de matériaux de construction.

L'objectif de l'UE est de faire en sorte que le bois provienne de sources durables. Cela signifie gérer les forêts de manière à encourager la biodiversité, à protéger les écosystèmes et à soutenir les collectivités locales.

D’après le projet BASAJAUN, si la possibilité de construire des immeubles de logement en bois était pleinement exploitée dans l’UE, il serait possible de stocker pas moins de 55 millions de tonnes de carbone par ans.

Cela équivaut aux émissions annuelles de plus de 12 millions de voitures roulant à l’essence.

Selon un rapport publié en 2022, les matériaux d'origine biologique tels que le bois ne représentent que 3 % de la masse des matériaux de construction utilisés en Europe. Le bois représente les deux tiers.

Le projet BASAJAUN a rassemblé des partenaires de 11 pays de l'UE, de la Finlande jusqu’au Portugal. Une université chilienne a également participé au projet.

Outre l'immeuble situé près de Bordeaux, le projet a développé un système permettant de procéder au suivi numérique de bout en bout des matériaux en bois utilisés dans la construction.

Selon le projet, l'identification de toutes les étapes de la chaîne d'approvisionnement (de l’arbre jusqu’à un élément spécifique d'un bâtiment) permettrait d’avoir une vision plus claire des avantages économiques, environnementaux et sociaux apportés par le bois.

Afin que le secteur du bois soit représenté dans le Nouveau Bauhaus européen, l’équipe du projet BASAJAUN a établi un partenariat industriel nommé Wood4Bauhaus.eu.

Des enjeux élevés

D'autres chercheurs financés par l'UE cherchent à faire en sorte qu’une plus grande quantité du bois utilisé en Europe soit recyclée.

Intitulé WOODCIRCLES, leur projet estime que moins de la moitié des déchets de bois européens (50 millions de tonnes par an) est actuellement recyclée. D’une durée de quatre ans, le projet prendra fin en novembre 2027.

Les déchets de bois sont constitués de bois non vierge se présentant sous forme de copeaux et de gros morceaux intacts. Ce bois est utilisé par les entreprises du secteur des panneaux de particules.

Le principal problème des déchets de bois est leur qualité très variable, d’après le Dr Anders Kjellow, coordinateur du projet WOODCIRCLES et chef de projet du centre à l'Institut technologique danois, près de Copenhague.

«La démolition d'un bâtiment peut entraîner la formation d'un important amas de morceaux de bois de formes et de tailles variables, potentiellement mélangés à des métaux et à diverses substances, et susceptibles de présenter des signes de pourriture», a-t-il déclaré.

Le secteur des panneaux de particules remédie à ce problème en broyant le bois jusqu’à obtenir de fines particules. Celles-ci sont ensuite collées et pressées ensemble pour former un produit peu coûteux principalement destiné aux applications non porteuses.

Des architectes jusqu’aux universitaires

L'équipe du projet WOODCIRCLES va essayer de trouver un moyen de réutiliser les gros morceaux de bois sans passer par tout le processus de broyage en particules et de les utiliser pour fabriquer des produits de construction porteurs.

Le projet paneuropéen a rassemblé 20 organisations couvrant l'ensemble de la chaîne de valeur de la construction en bois. Parmi elles figurent des architectes, des promoteurs, des entrepreneurs, des fournisseurs de bois, des universitaires et des designers numériques.

«Notre objectif est de créer des chaînes de valeur complémentaires pour limiter les déchets et la consommation de ressources», a déclaré M. Kjellow.

Le projet WOODCIRCLES accorde aussi une grande place au design.

D’après M. Kjellow, l’équipe travaille aussi à l’élaboration d’un système de construction en bois qui peut être démonté afin d’être réutilisé facilement. L’idée est de penser dès le départ à la façon dont le bois sera réutilisé afin d’éviter le goulet d’étranglement actuel causé par les déchets de bois.

«Le bois est le matériau durable par excellence», a-t-il déclaré. «Il est impératif que nous l’utilisions également de manière durable.»

Ainsi, dans quelques décennies, lorsque l’immeuble en bois situé près de Bordeaux sera démantelé, sa façade sera facilement démontée et une nouvelle vie sera donnée à ses composants dans une autre construction.

Les recherches présentées dans le cadre de cet article ont été financées par le biais du programme Horizon de l’UE. Les opinions des personnes interrogées ne reflètent pas nécessairement celles de la Commission européenne.

NOUVEAU BAUHAUS EUROPÉEN

Un siècle après sa naissance en Allemagne, l’école d’art, d’architecture et de design du Bauhaus renaît en Europe dans le but d’améliorer la vie urbaine.

Le Nouveau Bauhaus européen (NEB) a pour vocation d’aider les villes de l'UE à devenir moins polluantes et plus attractives grâce à des projets artistiques, culturels et technologiques touchant plusieurs millions d'habitants.

Créé à l’initiative de la Commission européenne en 2020, le NEB a trois objectifs principaux: réduire les dommages environnementaux, notamment le changement climatique, lutter contre les inégalités sociales telles que l’exclusion et embellir les espaces publics.

L’ensemble du projet vise à modifier l’aménagement et l'utilisation des infrastructures et des espaces urbains et sa vision globale est façonnée par la durabilité, l'inclusion et l'esthétique.

Tout en contribuant à atteindre les objectifs politiques de l’UE, le NEB s’appuie sur des initiatives ascendantes mises en place par un large éventail de personnes et d’organisations. Parmi elles figurent notamment des citadins, des groupes artistiques, des experts en architecture et des entreprises locales, des administrations et des étudiants.

La recherche est une caractéristique principale du NEB, avec près de 160 millions d'euros alloués à des projets de l'UE sur la période 2021-2024.

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