Mauvaise nouvelle pour les agriculteurs, mais surtout pour les consommateurs : l’année 2024 ne sera pas bonne sur le front du blé. Un coup dur pour la France qui reste un des premiers producteurs mondiaux. Et un risque : celui de voir le coût du blé flamber sur les marchés de gros, ce qui se répercutera sur le prix de la farine, du pain et de quasiment toute l’alimentation…
Agriculture : la récolte de blé va s’écrouler en France
La récolte de blé en forte baisse en France
Les dernières estimations publiées le 5 juillet 2024 par ARVALIS et Intercéréales prévoient une chute significative des rendements de blé tendre en France pour 2024. Les rendements sont estimés à 64 quintaux par hectare (q/ha), soit une baisse de 13% par rapport à 2023 et de 11% par rapport à la moyenne décennale. Cette baisse est attribuée à des conditions climatiques exceptionnelles, notamment une année extrêmement pluvieuse qui a perturbé les semis et la croissance du blé.
L'année 2024 a en effet été marquée par des pluies continues et régulières, avec une quantité d’eau tombée en hausse de 40% par rapport aux 20 dernières années. Cette pluviométrie excessive a non seulement perturbé les semis, mais a également favorisé la prolifération des adventices et des maladies, touchant de plein fouet la santé des cultures. De plus, une baisse du rayonnement solaire de 7% en moyenne a été observée, atteignant jusqu'à 15% dans certaines régions, aggravant les difficultés rencontrées par les agriculteurs.
Moins de blé récolté, mais pas de moindre qualité
Malgré la baisse des rendements, la qualité des grains, en termes de teneur en protéines, semble stable. Les prévisions estiment une teneur moyenne en protéines de 11,6%, un chiffre comparable à celui de 2023 et proche de la moyenne des dix dernières années. Cette stabilité relative offre un certain soulagement quant à la qualité nutritionnelle du blé récolté.
Une année compliquée pour les céréaliers
Jean-Pierre Cohan, directeur R&D d’ARVALIS, souligne les défis extraordinaires auxquels les agriculteurs ont dû faire face cette année. L’adaptation à ces conditions climatiques extrêmes a nécessité des interventions stratégiques au champ pour optimiser la production. « Cette campagne restera comme l’une des plus compliquées à gérer sur une période aussi longue. Les agriculteurs ont dû s’adapter à des conditions particulièrement difficiles afin de positionner au mieux leurs interventions au champ », explique-t-il.
Jean-François Loiseau, président d’Intercéréales, rassure que malgré les défis, les stocks de fin de campagne couplés à la récolte de 2024 permettront à la filière céréalière française de maintenir la souveraineté alimentaire du pays et d'exporter vers de nombreux pays. « Les conditions extrêmes de cette année nous rappellent à quel point le travail des agriculteurs est dépendant du climat. »