Une nouvelle taxe sur les grands aéroports français, prévue pour financer la transition écologique, suscite des tensions dans l’aérien. Avec une répercussion annoncée sur les prix des billets d’avion et des inquiétudes concernant la distorsion de concurrence, cette mesure pourrait transformer profondément le secteur.
Avion : nouvelle taxe oblige, les billets seront plus chers
ADP ne répercutera pas la totalité de la taxe sur les compagnies aériennes
Invité sur France Inter le 26 octobre 2023, Augustin de Romanet, le PDG d'Aéroports de Paris (ADP), a annoncé une probable hausse des prix des billets d'avion de 1,50 euro par passager suite à la mise en place d'une nouvelle taxe aéroportuaire. Cette taxe, conçue pour soutenir le développement du secteur ferroviaire français, devrait coûter à ADP entre 100 et 120 millions d'euros par an. Toutefois, le coût de cette mesure ne serait pas entièrement absorbé par les aéroports. En effet, le groupe ADP envisage de répercuter environ 75% de cette hausse sur les compagnies aériennes au travers d'une augmentation progressive des redevances sur deux à trois ans.
D'un autre côté, cette taxe soulève des préoccupations majeures pour les acteurs comme Air France. Anne Rigail, directrice générale d'Air France, critique cette mesure pour sa possible création d'une distorsion de concurrence. Selon elle, cette taxe pénaliserait principalement les compagnies aériennes françaises, opérant majoritairement dans de grands aéroports, tandis que des aéroports plus petits, tels que Beauvais, largement utilisés par des compagnies low cost étrangères, en seraient exemptés. Ceci accentuerait les déséquilibres dans un secteur déjà complexe, où Air France s'acquitte déjà de 3 milliards d'euros annuellement en taxes, impôts et redevances.
Les grandes compagnies aériennes auront encore plus de mal à rester compétitives
L'application de cette taxe soulève également des questions juridiques et stratégiques. Augustin de Romanet n'écarte pas l'idée d'attaquer l'État en justice si la taxe est votée, affirmant son devoir de protéger les intérêts des actionnaires d'ADP. Cette position dénote une tension croissante entre les opérateurs aéroportuaires et le gouvernement. De leur côté, les compagnies aériennes doivent naviguer entre la gestion de ces coûts supplémentaires et la nécessité de rester compétitives, particulièrement face aux opérateurs low cost.
Cette situation illustre les défis inhérents à l'équilibrage des objectifs écologiques avec les réalités économiques du secteur aérien. Tandis que le gouvernement cherche à promouvoir le développement durable, les acteurs du secteur aérien doivent s'adapter à un environnement en constante évolution, marqué par une concurrence accrue et des enjeux réglementaires complexes.