Depuis le 1ᵉʳ décembre 2024, la Belgique s’impose comme pionnière mondiale en octroyant un statut social aux travailleuses du sexe.
Prostitution : la Belgique la légalise intégralement
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Publié le 4 décembre 2024 à 12h12
Désormais, en Belgique, les travailleuses et travailleurs du sexe pourront signer des contrats de travail leur assurant les mêmes droits sociaux que tout autre salarié.
Prostitution : une reconnaissance sociale sans précédent
Jusqu’à présent, les travailleurs du sexe en Belgique opéraient dans une zone grise. Leur activité était dépénalisée depuis 2022, mais sans véritable statut juridique ni protections sociales. Cette époque est désormais révolue. Grâce à la nouvelle législation, ils ont accès à une couverture sociale complète : assurance maladie, congés payés, retraite, congés maternité ou encore allocations chômage.
« Je pense que les avantages de la nouvelle loi sont qu'il est plus facile d'obtenir un prêt de la banque, une assurance et une pension. », confie Daisy à Euronews, une travailleuse du sexe belge. « C'est mieux pour nous. Et si vous êtes malade, vous recevrez aussi une allocation. » Ce cadre légal met également fin aux pratiques abusives en octroyant aux travailleurs le droit de refuser des clients ou de stopper une prestation sans crainte de représailles.
Loin d’être une simple formalité, le contrat de travail impose aussi des règles strictes aux employeurs. Ils doivent garantir un environnement sécurisé en installant des dispositifs comme des boutons d’urgence et en fournissant des équipements sanitaires adéquats. Le proxénétisme, lui, reste sévèrement interdit, tout comme l’exploitation illégale.
Selon les estimations du collectif belge Utsopi, environ 7 000 travailleurs du sexe exercent « de manière visible » en Belgique, bien que ce chiffre pourrait en réalité grimper jusqu’à 25 000 (90 % de femmes). La loi entend clarifier leur situation tout en veillant à leur sécurité et à leur bien-être.
Belgique : un modèle unique au monde
Contrairement à l'Allemagne et aux Pays-Bas, qui ont seulement légalisé la prostitution sans offrir de protections similaires, la Belgique se distingue par un cadre complet qui considère cette activité comme un travail à part entière.
Pourtant, certains restent sceptiques. Alexandra, gérante d’un salon de massage érotique, exprime ses inquiétudes : « Ma plus grande inquiétude est que les femmes soient plus enclines à rester à la maison, à s'absenter plus rapidement lorsqu'elles ne sont pas vraiment malades. C'est difficile à comprendre. Cela arrive dans tous les secteurs. Mais j'espère qu'il n'y aura pas d'abus. »
Les témoignages de travailleuses comme celui d’une mère qui a dû reprendre son activité juste après une césarienne illustrent les bénéfices concrets de cette réforme.
L’initiative belge résonne déjà à l’international comme un exemple d’humanisme et de pragmatisme. En reconnaissant les droits des travailleurs du sexe, le pays ouvre la voie à une réflexion globale sur le statut de ces professions souvent marginalisées dans les autres pays.