Face à l’inflation, la Banque centrale européenne (BCE) a pris une décision historique en augmentant ses taux directeurs à leur plus haut niveau depuis 22 ans. Cette mesure, attendue par les analystes, s’inscrit dans une stratégie de lutte contre l’inflation persistante.
La BCE contre l’inflation : une hausse des taux record en 22 ans
Un huitième relèvement consécutif des taux directeurs par la BCE
La BCE a procédé à un huitième relèvement consécutif de ses taux directeurs, augmentant d'un quart de point. Le taux de dépôt est désormais à 3,5 %, le taux de refinancement à 4 % et celui de la facilité de prêt marginal à 4,25 %. Cette décision, bien que prévue, marque une étape importante dans la politique monétaire de l'institution.
Malgré une décélération de l'inflation globale en mai, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, a souligné l'absence de signes clairs indiquant que l'inflation sous-jacente avait atteint son pic. Elle a exprimé son inquiétude face aux pressions inflationnistes provoquées par les hausses de salaires. Les nouvelles projections économiques de la BCE confirment ces préoccupations, avec une révision à la hausse des anticipations d'inflation pour 2023 et 2024.
Un resserrement monétaire vers d'autres hausses de taux ?
La hausse des taux directeurs de la BCE semble commencer à porter ses fruits. La zone euro est entrée en légère récession, signe que le resserrement monétaire commence à avoir un impact. De plus, l'activité des prêts bancaires en zone euro a commencé à se contracter, un autre indicateur positif de l'efficacité de la politique de la BCE.
Malgré les avancées, le chemin vers la stabilisation de l'inflation reste long. La BCE a réitéré son engagement à prendre des décisions basées sur les données et a laissé entendre que d'autres hausses de taux pourraient être à venir. Le débat au sein du Conseil des gouverneurs s'intensifie, mais une chose est sûre : la BCE est déterminée à lutter contre l'inflation.
La fin des réinvestissements et leurs conséquences sur les banques
En plus de la hausse des taux, la BCE a également confirmé l'arrêt définitif des réinvestissements dans le cadre de son principal programme d'achat d'actifs (Asset Purchase Programme ou APP). Cela signifie que la BCE laissera les obligations de son portefeuille arriver à maturité sans racheter d'autres titres avec les montants issus de ces remboursements. Cette décision vise à dégonfler le bilan de la banque centrale qui a atteint des niveaux stratosphériques (près de 9.000 milliards d'euros) dans le cadre des mesures d'aides à l'économie.
La fin des réinvestissements et la hausse des taux auront des conséquences significatives pour les banques. Les banques devront rembourser plus de 500 milliards d'euros de ces prêts à long terme à taux très attrayant le 30 juin 2023. Cela pourrait poser problème à certains établissements bancaires de petites tailles, notamment en Europe du Sud, qui n'ont pas forcément les dépôts nécessaires pour rembourser l'intégralité de leur dû. La BCE surveillera de près les effets de la fin de ces prêts sur sa politique monétaire.
Une politique monétaire ferme de la BCE
Malgré les défis, la BCE reste ferme dans sa politique monétaire. La présidente Christine Lagarde a souligné à plusieurs reprises l'importance de la lutte contre l'inflation et a déclaré que la BCE continuerait probablement à relever ses taux en juillet 2023. Les plus forts partisans de l'orthodoxie monétaire poussent pour une poursuite du cycle de resserrement. La BCE est déterminée à assurer le retour de l'inflation au niveau de l'objectif de 2 % à moyen terme.