Les défis financiers, réglementaires et sociaux créent une situation critique pour le secteur de l’immobilier tertiaire en France. Notre parc immobilier, parmi les plus anciens et les plus énergivores d’Europe, est confronté à une inflation élevée, à une hausse des taux d’intérêt, à des conditions de financement difficiles et à une baisse des taux d’occupation, mettant le secteur en difficulté.
Bâtir pour le futur : le numérique au service de la transition écologique de l’immobilier tertiaire
Les experts sont globalement alignés pour dire que le marché est en phase de ralentissement ou de récession. Dans ce contexte, il peut sembler difficile de maintenir les efforts en matière de RSE qui ont commencé à être menés dans le secteur. Or, il est important de garder le cap pour tenir les engagements qui ont été faits.
Maintenir les efforts en matière d’efficacité énergétique
Selon le Net Zero Tracker, environ la moitié des 2 000 plus grandes entreprises cotées en bourse dans le monde se sont engagées à adopter une stratégie de zéro émission nette pour au moins une des catégories Scope 1, 2 ou 3. Pour s'aligner sur l'Accord de Paris, qui vise à limiter le réchauffement climatique entre 1,5°C et 2,0°C, 37% des bâtiments dans le monde devront être décarbonés d'ici 2030. Pourtant, malgré l'urgence et l’ampleur du chantier, de nombreux propriétaires d'immeubles tardent à agir.
De nombreuses contraintes viennent en effet ralentir les ambitions en matière de construction de bâtiments plus durables : contraintes financières, manque de leadership et difficulté à comprendre l’impact du numérique. Cette situation est préoccupante pour l'avenir de la planète. Selon une étude de 2022 du Programme Environnemental de l’ONU, les bâtiments sont responsables de 37% des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle de la planète, incluant les émissions liées à la consommation énergétique des bâtiments résidentiels et tertiaires ainsi que celles des processus industriels associés. Le secteur doit encore faire des progrès significatifs pour s'aligner sur la trajectoire de décarbonation totale d'ici 2050.
Adopter une approche de “bâtiments intelligents”
Les propriétaires de bâtiments doivent concilier économies opérationnelles et confort des occupants. Un défi qui ne peut être relevé sans exploiter les technologies de bâtiments intelligents (smart buildings). A l’ère de l’industrie 4.0, cette approche repose sur l'intégration des actifs physiques avec des technologies numériques avancées telles que l'Internet des objets (IoT), l'intelligence artificielle (IA), la robotique, le cloud computing ou encore les nanotechnologies. Ces technologies numériques se spécialisent dans la communication, l'analyse et le traitement des données, permettant ainsi aux organisations d'accéder à des informations plus précises, utiles à la prise de décisions.
Quand le numérique sert aussi les objectifs de santé et bien-être des occupants et utilisateurs des bâtiments
La transformation numérique de notre société est un formidable atout pour les acteurs de l’immobilier. Entre économies d’énergie et mise en conformité avec des réglementations de plus en plus strictes, les donneurs d'ordres relèvent progressivement le niveau d’exigences et n’hésitent plus à mettre les moyens pour des bâtiments plus qualitatifs, dotés d'équipements de pointe en matière de développement durable, tels que des panneaux solaires ou des chargeurs pour véhicules électriques.
Au-delà des enjeux d’efficacité énergétique et de durabilité, investir dans des bâtiments intelligents et sains, et dans la qualité de l’environnement intérieur (IEQ), est également un avantage pour l’image de marque, les consommateurs privilégiant les marques les plus respectueuses de ces sujets. Également pour l’image de marque employeur, considérant que le digital peut améliorer la qualité de l’air : un sujet-clé pour la rétention des talents au sein des entreprises. A ce titre, et conformément aux recommandations de la récente révision de la directive européenne sur la performance énergétique des bâtiments, les entreprises ont commencé à mesurer la qualité de l’air intérieur, notamment en surveillant les niveaux de dioxyde de carbone et de particules fines, ces particules invisibles produites par le chauffage et la production d'électricité. Il a en effet été démontré qu'une amélioration de la qualité de l’air pourrait réduire les cas d'infections respiratoires de 10 à 14 % et éviter jusqu'à 2,5 milliards d'euros de perte de productivité pour les entreprises. Mais une meilleure gestion de l'éclairage comme du niveau sonore intérieur participant également de la qualité de l’environnement intérieur aujourd’hui recherché par beaucoup d’entreprises pour attirer et retenir les talents.
Le secteur immobilier doit accélérer sa mue
L'investissement dans le numérique et notamment les technologies de bâtiments intelligents est inévitable pour réellement concrétiser la transition écologique et intelligente du secteur. Certes, l’investissement peut sembler élevé pour certains propriétaires, mais les bénéfices économiques, réglementaires et de réputation à long terme surpassent largement l’investissement initial. Le temps presse, pour une planète plus saine.