Barnier censuré, Macron va-t-il démissionner ce 5 décembre ?

Le 4 décembre 2024, le gouvernement de Michel Barnier est entré dans l’histoire pour de mauvaises raisons : renversé par une motion de censure, il marque la fin abrupte d’une expérience politique ratée. Michel Barnier devient ainsi le deuxième Premier ministre à tomber à la suite d’une motion de censure, après Georges Pompidou en 1962. Et désormais la France entre dans une période très incertaine.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 5 décembre 2024 à 6h24
Barnier censuré, Macron va-t-il démissionner ce 5 décembre ?
Barnier censuré, Macron va-t-il démissionner ce 5 décembre ? - © Economie Matin
331 Michel Barnier a été censuré avec 331 voix.

Le renversement du gouvernement de Michel Barnier le 4 décembre 2024 a plongé la France dans une crise politique sans précédent depuis des décennies. Alors que la rumeur d'une démission d'Emmanuel Macron enfle, l’Élysée annonce une allocution présidentielle ce jeudi 5 décembre 2024 à 20 heures. Une intervention qui pourrait sceller le destin d’un président déjà fragilisé par une succession d’échecs et un système politique à bout de souffle.

La chute de Barnier et de son gouvernement : symptôme d’une gouvernance fragilisée

Le 4 décembre restera dans l’histoire comme le jour où Michel Barnier, à peine quatre mois après sa nomination, a été renversé par une motion de censure. Ce coup de théâtre parlementaire, inédit depuis 1962, est le résultat d’un gouvernement incapable de rassembler une majorité stable face à une Assemblée nationale fragmentée.

Michel Barnier, pourtant présenté comme un choix stratégique par Emmanuel Macron, n’a jamais réussi à imprimer son autorité. Sa gestion de la crise budgétaire, marquée par le recours à l’article 49.3 pour imposer le budget de la Sécurité sociale pour 2025, a cristallisé les tensions. La gauche et le Rassemblement National (RN), alliés de circonstance, ont saisi cette opportunité pour frapper fort. Avec 331 voix, bien au-delà des 288 requises, la motion de censure a infligé un camouflet sans appel à un exécutif désorienté.

Un Premier ministre censuré, un président acculé

Si Michel Barnier est officiellement tombé, il va remettre sa démission jeudi 5 décembre 2024 à 10 heures, il n’est qu’un fusible dans une machine politique en panne. Le vrai perdant de cette crise est Emmanuel Macron, architecte d’une stratégie jugée déconnectée et autocratique. En choisissant Barnier, figure perçue comme technocratique et éloignée du terrain, Emmanuel Macron a voulu calmer les esprits après des mois de turbulences. Résultat : il a alimenté les divisions en choisissant un profil pour Matignon qui ne correspondait pas au vote des Français lors des législatives de 2024.

Son erreur majeure ? Avoir sous-estimé l’hostilité de l’Assemblée nationale et, surtout, le cynisme du RN. En nommant des figures controversées comme Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur, le président a aliéné la gauche tout en croyant pouvoir contenir l’extrême droite. Mais Marine Le Pen et ses alliés, loin de jouer le jeu de la responsabilité, ont préféré orchestrer la chute du gouvernement, consolidant ainsi leur image d’opposition principale.

Un système politique en décomposition

Ce que révèle cette crise dépasse largement le simple échec d’un Premier ministre. C’est tout le modèle politique de la Ve République qui montre ses limites. Emmanuel Macron, élu en 2017 pour rompre avec les vieux schémas partisans, semble aujourd’hui prisonnier d’un système qu’il voulait réinventer.

La gauche, éclatée entre un Nouveau Front Populaire radical et un Parti Socialiste moribond, peine à proposer une alternative crédible. Le RN, lui, avance méthodiquement, se présentant comme la seule force capable de prendre le pouvoir. Quant aux macronistes, leur cohésion a volé en éclats : Renaissance, parti présidentiel, apparaît désormais comme une coquille vide, incapable de fédérer au-delà de ses cercles proches.

Emmanuel Macron à 20 heures : un tournant ou la fin d’un règne ?

Alors que l’Élysée a annoncé une allocution présidentielle ce jeudi 5 décembre 2024 à 20 heures, toutes les options semblent sur la table. La dissolution de l’Assemblée nationale étant hors de portée du Président avant juillet 2025 (il est impossible de dissoudre l’Assemblée nationale deux fois dans un laps de temps d’une année) il reste peu d’options : remaniement express ou démission. Quel chemin prendra Emmanuel Macron pour sortir de cette impasse ?

Un remaniement improbable

La nomination d’un nouveau Premier ministre est l’option la plus immédiate. Mais qui, dans un contexte de défiance généralisée, accepterait de prendre les rênes d’un gouvernement condamné à l’immobilisme ? Les candidatures potentielles se font rares, et même parmi ses proches, Emmanuel Macron semble avoir épuisé son capital de confiance.

La démission : un acte inédit

La démission du président, bien que rarissime sous la Ve République, est désormais envisagée par certains analystes politiques et demandée de plus en plus fort par les opposants du Président qui ont réussi à faire tomber le gouvernement. Face à une popularité en chute libre et une légitimité érodée, Emmanuel Macron pourrait choisir de se retirer, provoquant ainsi une élection présidentielle anticipée. Une telle décision serait historique… et les conséquences totalement inconnues.

Dans ce chaos institutionnel, ce sont les Français qui paient le prix fort. La colère gronde face à une classe politique perçue comme déconnectée des réalités. Inflation galopante, tensions sociales, crises internationales : les défis sont immenses, mais le gouvernement semble paralysé. Alors que les regards se tournent vers Emmanuel Macron et son allocution de ce soir, une question demeure : a-t-il encore les moyens de gouverner ? Ou assisterons-nous à la fin d’une époque et à l’émergence d’une nouvelle ère politique ?

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Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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