Réunions des banques centrales : analyse

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Par Axel Botte Modifié le 23 mars 2023 à 10h02
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Réunions des banques centrales : analyse - © Economie Matin
2%L'objectif d'inflation de la BCE reste inchangé à 2% par an.

Fed : un discours adouci

La Réserve Fédérale devrait opter pour une hausse de 25 pb en adoucissant son discours. Cette réduction de l’ampleur du mouvement à 25 pb est largement attendue. Le cycle de resserrement de la Fed est entré dans sa phase terminale avec des relèvements plus calibrés. Le biais accommodant est justifié par les données d'activité plus faibles ces derniers temps (ventes au détail, production industrielle, enquêtes, ADP…) et les premiers signes de ralentissement du coût du travail. Cependant, le biais accommodant sera tempéré par des commentaires pointant la rapidité de l’assouplissement des conditions financières qui va à l'encontre des efforts de la Fed pour resserrer sa politique monétaire. Les rendements des obligations, le dollar, les spreads sont en nette baisse et les actions ont fortement augmenté en janvier. La Fed doit s'assurer que l'inflation recule vers la cible avant de relâcher le frein. Le plus grand déséquilibre provient encore du marché du travail où la demande de main-d'œuvre (offres d'emploi + emploi) est beaucoup plus élevée que le nombre de travailleurs disponibles (population active). Il y a un risque que lorsque l'économie émergera du ralentissement de cet hiver avec la reprise de la croissance en Chine et en Europe, la croissance des salaires s'accélèrera de nouveau. Cela justifie pleinement une à deux hausses supplémentaires puis le maintien du statu quo jusqu'à la fin de 2023. La Fed ne le mentionnera pas, mais la hausse récente des taux effectifs des Fed funds doit signifier que la liquidité est plus restreinte pour quelques banques américaines désormais.

BCE : « le ton volontariste face à l’inflation va être maintenu »

Le travail de la BCE est toujours plus complexe que celui de la Fed car elle intervient sur 19 marchés via une gamme d'instruments monétaires divers. Les taux augmenteront de 50 pb et atteindront probablement 3 % d'ici mars. Ensuite, la BCE pourrait prendre un certain temps pour évaluer l'effet des hausses passées, de la réduction de l'excès de liquidité via les remboursements des TLTRO et du QT (fixé à 15 milliards par mois à partir de mars et jusqu'en juin) dans un contexte d’émissions obligataires très élevées. Jusqu'à présent, l'offre a été bien absorbée, mais les conditions de crédit bancaire semblent s'être resserrées récemment. Le marché obligataire pourrait ne pas être en mesure d'absorber autant de papier à l'avenir après les émissions record de janvier. Le ton volontariste face à l’inflation va être maintenu compte tenu de la rigidité de l'inflation sous-jacente et du risque que l'inflation totale croise l'inflation sous-jacente (comme c'est déjà le cas en Espagne). Par conséquent, la BCE n'a pas fini de resserrer et les taux pourraient reprendre leur hausse après une période de statu quo si l'inflation ne diminue pas de manière convaincante. Contrairement aux États-Unis, la politique budgétaire n'est pas restrictive en Europe compte tenu des aides financières pour réduire la facture énergétique des ménages et des entreprises. L'activité a donc été amortie, mais l'inflation pourrait mettre plus de temps à converger vers l'objectif de 2%. Le remboursement des prêts TLTRO réduira brutalement l'excédent de liquidités en juin. Le remboursement volontaire ne représentait pas un resserrement à proprement parler mais les maturités auront davantage d’effets sur les conditions financières. Les décideurs de la BCE devront être attentifs aux besoins de liquidité. Par ailleurs, la BCE dévoilera les détails de sa stratégie de « verdissement » de son portefeuille CSPP. Isabel Schnabel n'a pas exclu des ventes actives d'obligations émises par des emprunteurs n'en faisant pas assez en matière de changement climatique. Il sera intéressant de voir s'ils effectuent des ventes et des arbitrages actifs au lieu d'utiliser simplement les échéances pour modifier leur portefeuille.

BoE : une hausse de 50pb…

Une hausse « neutre » de 50 pb signifie que la BoE voudra éviter de surprendre les marchés. La Banque d'Angleterre a retrouvé sa crédibilité après une crise de confiance en octobre et Bailey doit se satisfaire des attentes du marché projetant un taux repo de 4 à 4,5 % d'ici le milieu de l'année. Bailey ne peut pas valider publiquement ces prévisions du marché, mais il semble s’en satisfaire. L'activité sera mauvaise cet hiver en raison des interruptions de travail (grèves). L'inflation ne s'améliore que lentement compte tenu du faible taux de chômage et de la rigidité de la hausse des salaires. Une partie des votants pourraient pencher pour une hausse moindre de 25 pb mais la majorité du MPC optera vraisemblablement pour 50 pb.

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Axel Botte a un DEA de l'Université de Cergy-Pontoise (France) en Stratégies Industrielles et Financières et Econométrie.   Axel a débuté sa carrière en 2000 en tant qu'économiste chez AXA-IM. Il a ensuite occupé des fonctions de stratégiste actions entre 2002 et 2006. En 2007, il a été nommé à la tête du pôle de stratégie Taux au sein du département de Stratégie d'Investissement d'AXA-IM.     Il a rejoint Natixis AM en tant que Stratégiste Taux en octobre 2010.

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