Épargne : votre banque vous vole-t-elle de l’argent ?

L’été 2024 est marqué par un nouveau scandale financier qui secoue les banques américaines. Accusées d’avoir mal rémunéré les comptes courants de leurs clients en 2023 et 2024, ces banques font face à un préjudice potentiel se chiffrant en milliards de dollars. Un tel scénario pourrait-il se produire en France ? 

Photo Jean Baptiste Giraud
Par Jean-Baptiste Giraud Publié le 8 août 2024 à 16h00
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1 MILLIARD €Le risque pour les banques françaises n'est pas neutre : si les 500 milliards dormants sur des comptes français avaient été rémunérés à 2% en 2023, histoire de laisser 2 % de commission à la banque, elles auraient dû verser 1 milliard d'euros d'intérêts à leurs clients. 

Un nouveau scandale secoue en plein cœur de l'été les banques américaines : il leur est reproché d'avoir mal rémunéré les comptes courants de leurs clients en 2023 et 2024 : un préjudice qui se chiffrerait en milliards de dollars...

La même chose est-elle possible en France ? Pour vous répondre, il faut bien comprendre ce que la SEC, le gendarme bancaire américain, reproche à plusieurs grandes banques du pays.

Elle a constaté que certaines banques avaient placé de l’argent sur des comptes ouverts à la banque fédérale américaine, argent qui était rémunéré à 5 %. C’est ce que l’on appelle communément le taux directeur, à partir duquel tous les produits bancaires sont construits. Aussi bien les prêts pour acheter une voiture ou un appartement, que les produits d’épargne.

Problème :  pendant que les taux étaient très élevés, donc 5 %, des dizaines de millions d’Américains n’ont pas été rémunérés ou très peu, à 0,5 %, pour l’argent qui dormait sur leurs comptes. Or, aux États-Unis, une loi de 1940 oblige les banques à proposer à leurs clients un meilleur placement quand il existe. En fait, ce que la SEC leur reproche, c’est de ne pas avoir augmenté les taux d’intérêts des comptes rémunérés.

Cet écart de taux d'intérêt existe aussi en France ! : la BCE rémunère les banques à hauteur de 4% pour l'argent qu'elles déposent chez elle, 3,75% depuis juin, ce qui est un placement parfaitement sans risque, contrairement à la Bourse par exemple, puisque ces taux sont garantis.

Sachant qu'on estime que les français ont au moins 500 milliards d'euros qui dorment sur des comptes courants sans aucune rémunération, soit 16500€ par foyer fiscal français, en moyenne bien sûr, il y a en effet une vraie question à se poser.

Comme aux États-Unis, la loi française oblige aussi les banquiers à conseiller leurs clients même si elle est moins directive et précise. Cependant, un client avec de l’argent dormant sur un compte, qui n'aurait pas été contacté par sa banque au cours des deux dernières années pour placer l'argent de ses comptes courants sur un compte d'épargne, pourrait reprocher à sa banque de ne pas l'avoir conseillé judicieusement.

Le risque pour les banques françaises n'est pas neutre : si les 500 milliards dormants sur des comptes français avaient été rémunérés à 2% en 2023, histoire de laisser 2 % de commission à la banque, elles auraient dû verser 1 milliard d'euros d'intérêts à leurs clients. 

Pour un client avec 16500 euros de trésorerie dormante, on parle quand même de 660 euros d'intérêts partis en fumée.

Restons quand même prudents : les Américains ont la fâcheuse habitude de tout judiciariser, surtout sur les sujets de consommation au quotidien. Les actions de classe sont parfaitement entrées dans les mœurs et des cabinets d'avocats sont spécialisés dans ce genre d'affaires sur lesquels ils touchent une très grosse commission parfois 30% ou plus : il suffit de regarder une série comme Suits pour comprendre comment le système judiciaire américain fonctionne.

En revanche, en ce qui concerne les banques françaises, on peut se poser la question de la pertinence des services bancaires payants : nous avons tous accepté ces dernières années de payer 5, 10, 15, 20, voire 30 euros par mois pour des services bancaires + ou premium, permettent de disposer d'un découvert autorisé, d'une assurance en cas de vol de la carte bancaire, etc.

Ces services payants représentent en fait une énorme manne : ils représentent jusqu'à 50 % des revenus des banques. Je ne serais pas étonné d'entendre prochainement le Nouveau Front Populaire ou le Rassemblement National réclamer la baisse des tarifs, voire la suppression des services bancaires payants...

Photo Jean Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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