La lutte contre la fraude dans les transactions électroniques prend une ampleur inédite en France. Le dernier rapport de l’Observatoire de la sécurité des moyens de paiement, publié en septembre 2024, révèle des résultats encourageants… mais souligne que la fraude reste massive en France.
La fraude aux moyens de paiement a coûté plus d’un milliard en 2023
Le 10 septembre 2024, l’Observatoire de la sécurité des moyens de paiement a publié son rapport annuel qui dévoile la stabilisation des taux de fraude à des niveaux historiquement bas. L’année 2023 a confirmé la progression continue de l’utilisation des moyens de paiement électroniques, avec une augmentation de 5,2% du nombre d’opérations, principalement due à l’adoption croissante du paiement mobile et des virements instantanés. Cependant, malgré cette hausse des flux, le montant total des fraudes est resté sous la barre de 1,2 milliard d’euros. Une réussite importante dans un contexte de digitalisation accrue.
Banque : baisse des fraudes sur les paiements électroniques, mais
L’une des principales réussites de 2023 est la baisse des taux de fraude pour les paiements par carte, mobile et virement en ligne. Les nouvelles solutions technologiques, telles que l’authentification forte, imposées par la réglementation européenne, ont joué un rôle majeur dans cette réduction. Le paiement mobile, désormais utilisé pour 10 % des transactions en point de vente, et les paiements sans contact ont atteint leurs plus bas taux de fraude historiques.
Le chèque, bien qu’en déclin, reste un moyen de paiement concerné par des opérations frauduleuses. Toutefois, la fraude liée aux chèques a diminué de 8 % en 2023 grâce à des mécanismes renforcés mis en place par les banques. Ces systèmes, tels que le blocage temporaire des chèques, « ont permis de neutraliser 222 millions d’euros de transactions frauduleuses en 2023 (+ 38% par rapport à 2022) », écrit la Banque de France.
La fraude aux virements et prélèvements
Le taux de fraude lié aux virements et prélèvements est resté très faible. Avec l’adoption progressive des virements instantanés, qui représentent 6% des virements émis en 2023, le taux de fraude, en légère baisse, demeure inférieur à celui des paiements par carte. Malgré ces résultats encourageants, de nouvelles formes de fraudes, notamment celles par manipulation des utilisateurs, prennent de l’ampleur. Les fraudes au faux conseiller bancaire, par exemple, se multiplient, incitant l’Observatoire à concentrer ses efforts sur la lutte contre l’usurpation d’identité via les réseaux de communication.
En réponse à cette menace croissante, les opérateurs de téléphonie se sont engagés aux côtés de l’Observatoire. Depuis plus d’un an, les fraudeurs ne peuvent plus usurper les identifiants alphanumériques de services publics ou d’entreprises lors de campagnes de phishing par SMS. De plus, dès octobre 2024, un mécanisme d’authentification du numéro sera activé pour les appels passés depuis ou à destination des lignes fixes, ce qui devrait réduire drastiquement l’usurpation des numéros professionnels.
Fraude : les conseils de la Banque de France
Face à ces menaces, les consommateurs sont invités à adopter des mesures de protection renforcées. Parmi les recommandations de l’Observatoire :
- Ne jamais répondre aux SMS non sollicités, surtout ceux provenant de numéros commençant par 06 ou 07, et ne jamais cliquer sur les liens qu’ils contiennent. Il s’agit souvent de tentatives d’hameçonnage.
- Raccrocher immédiatement en cas d’appel provenant d’un professionnel inconnu, et ne jamais fournir ses identifiants bancaires lors de ces interactions.
Ces actions s’inscrivent dans le cadre d’une campagne nationale de sensibilisation, lancée en juin 2024, par le ministère de l’Économie et la Banque de France, pour informer le public sur les bons réflexes à adopter.
Renforcer la sécurité des paiements
Pour garantir à long terme la sécurité des paiements, l’Observatoire a adopté en juin 2024 un plan d’action ambitieux visant à réduire les fraudes sur les paiements par carte à distance, notamment ceux qui n’utilisent pas l’authentification forte (3-D Secure). Ces paiements sont encore deux à trois fois plus sujets à fraude par rapport à ceux sécurisés. " Les premières mesures de ce plan sont entrées en application le 10 juin 2024, avec en particulier la mise en place d’un plafonnement de l’acceptation de ces flux à 500 euros par carte et par commerçant, qui a vocation à être abaissé progressivement à 250 puis 100 euros dans les prochains mois, sauf pour certains secteurs d’activités".