La décision, attendue, de la Banque Centrale Européenne (BCE) de baisser ses taux directeurs a enfin été prise lors de la réunion de jeudi 6 juin 2024. Il s’agit de la première baisse depuis que les taux directeurs ont explosé, sur fond d’inflation. Car la BCE avait un objectif : faire retomber l’inflation à 2%.
Baisse de taux de la BCE : quel impact sur l’immobilier et les crédits ?
Banque : La BCE baisse enfin ses taux directeurs
Le 6 juin 2024, la BCE a annoncé une réduction de ses taux directeurs de 0,25 point de pourcentage. Le taux sur les dépôts, qui était à 4%, a été abaissé à 3,75%. Le refi, lui, chute à 4,25% tandis que le taux de la facilité de prêt marginal tombe à 4,50%.
"Nous ne nous engageons pas à l'avance sur une trajectoire de taux particulière", a déclaré Christine Lagarde, présidente de la BCE. De quoi calmer les espoirs des investisseurs : une chute rapide des taux n’est pas encore prévue, et pour cause. L’inflation montre des signes de reprise. Or, c’est bien pour réduire l’inflation record de la période post-Covid que la BCE a resserré la vis régulièrement pour atteindre le taux de 4%.
Pourquoi la BCE baisse ses taux directeurs ?
La décision de baisser les taux directeurs vise principalement à apaiser les tensions sur le crédit immobilier et les prêts aux entreprises. Après une phase de durcissement monétaire, l'économie européenne, notamment le secteur immobilier, a souffert de taux d'intérêt élevés, limitant les nouveaux emprunts et ralentissant les investissements.
Les emprunteurs à taux variable, particulièrement touchés par les hausses précédentes, devraient voir un certain soulagement. Cependant, la reprise de l'activité immobilière reste incertaine et dépendra de la stabilité des taux d'intérêt dans les mois à venir. En France, les crédits immobiliers à taux variable restent toutefois relativement rares, ce qui fait que les Français ne verront probablement pas de grande différence. Mais ce n’est pas le cas dans d’autres pays européens où les banques commercialisent encore et massivement des crédits dont les taux évoluent en fonction des politiques monétaires.
Reste que la baisse des taux directeurs de la BCE devrait inciter les banques à baisser leurs taux des crédits, et tout particulièrement des crédits immobiliers. Des taux qui, en France, commencent déjà à baisser ayant chuté en avril 2024 sous la barre symbolique des 4% en moyenne.
L’inflation fait de la résistance en Europe
La réduction des taux devrait théoriquement stimuler l'économie en rendant le crédit moins coûteux. Selon les prévisions de la BCE, la croissance du PIB en zone euro est attendue à 0,9% en 2024, contre 0,6% prévu auparavant, et à 1,4% en 2025. Toutefois, la BCE a également revu à la hausse ses prévisions d'inflation, tablant sur 2,5% en 2024 et 2,2% en 2025.
La BCE voit l'inflation « rester supérieure à l'objectif » de 2% pendant une grande partie de l'année prochaine, en raison des tensions sur les prix internes, notamment dans les services où la croissance des salaires reste élevée. Initialement, la BCE tablait sur une inflation à 2% dès 2025, objectif qui semble donc s’éloigner et qui pourrait retarder la chute des taux directeurs. La barre des 2% ne serait franchie à la baisse par l’inflation qu’en 2026.
Ce qui est sûr, toutefois, est que la période dite « des taux négatifs », connue durant les années ayant précédé la pandémie de Covid-19 et durant la pandémie elle-même, est bien terminée et ne devrait pas se reproduire à court ou moyen terme.