Le marché de l’immobilier en France traverse une période de turbulences marquée par une baisse significative des permis de construire. En 2023, le nombre d’autorisations a chuté de près d’un quart, et la tendance s’est confirmée au premier semestre 2024. Cette situation reflète les tensions croissantes entre les objectifs de densification urbaine, les nouvelles normes environnementales et la protection des terres naturelles.
Baisse des permis de construire : du jamais-vu
La délivrance des permis de construire en France connaît une chute vertigineuse, un indicateur alarmant pour le marché immobilier. En 2023, le nombre de permis accordés s'élevait à 373.100, soit une diminution de 23,7 % par rapport à l'année précédente. Cette tendance ne semble pas s'inverser : à la fin juin 2024, une nouvelle baisse de 15,3 % était enregistrée par rapport aux douze mois précédents, réduisant le nombre total de logements autorisés à 347.900.
Une baisse historique des permis de construire
Parmi ces autorisations, 81.200 concernaient des maisons individuelles (-24,4 %), 176.400 des logements collectifs (-15,4 %), et 46.900 des logements résidentiels pour étudiants, séniors, et autres (-6,6 %), selon les données fournies par le Service de la donnée et des études statistiques (SDES) du ministère de la Transition écologique relayés par Boursorama.
Cette diminution des permis de construire est le reflet d'une crise profonde qui touche le secteur du bâtiment. Elle est exacerbée par la hausse des prix des matériaux de construction et le renforcement des normes environnementales, qui alourdissent les coûts pour les promoteurs et ralentissent les nouveaux projets.
Les maires, responsables de la délivrance des permis de construire, se trouvent dans une situation délicate. D'un côté, ils sont encouragés par les pouvoirs publics à densifier les zones urbaines pour répondre à la crise du logement. De l'autre, ils doivent respecter des réglementations de plus en plus strictes, notamment en matière de protection des terres agricoles et naturelles, comme l'exige la loi Climat et Résilience, qui vise un objectif de « zéro artificialisation nette des sols ».
Les élus locaux sous pression face à des injonctions contradictoires
Ces contraintes environnementales, combinées à la pression des habitants pour freiner le développement de nouveaux projets immobiliers, poussent les élus à limiter les nouvelles constructions. Toutefois, cette tendance n'est pas uniforme à travers le pays : certaines régions, comme la Bretagne (-8 %) et les Hauts-de-France (-4,4 %), enregistrent une baisse modérée, tandis que d'autres, comme Provence-Alpes-Côte d’Azur (-26,6 %) et Centre-Val de Loire (-27 %), connaissent des reculs beaucoup plus marqués.
La conséquence directe de cette baisse des permis est la diminution des mises en chantier, qui atteint un niveau historiquement bas. Entre juillet 2023 et juin 2024, seulement 272.800 nouvelles constructions ont été entreprises, soit une baisse de 21,8 %. Ce déclin pèse lourdement sur l'économie du secteur immobilier, menaçant directement des milliers d'emplois. La Fédération française du bâtiment anticipe la suppression de 90.000 postes d'ici la fin de l'année, illustrant l'ampleur de la crise qui secoue le secteur.