A 28 ans, c’est officiel, l’artiste française Aya Nakamura se produira aux jeux olympiques de Paris. En France, le choix d’une femme jeune, noire dont la langue est émaillée de néologismes fait débat. D’un côté, on lui reproche ses origines ethniques et sociales ou une adaptation trop personnelle de la langue. De l’autre, on plébiscite sa liberté, ses valeurs, son travail qui ont indéniablement contribué à son succès et à son rayonnement international.
Aya Nakamura, un bon choix pour les JO ?
La fracture est essentiellement française : à l’international, Le Soir, La Stampa ou le Times se sont déjà positionnés en faveur de la chanteuse.
L’intensité des débats s’explique aisément par l’importance de la sélection des artistes se produisant aux jeux olympiques. Au-delà de leur univers musical, ils doivent porter à la fois les valeurs de la France et les valeurs des jeux : une lourde tâche pour de frêles épaules. Comme dans toute opération de co-marquage, la cohérence entre les valeurs des marques impliquées est indispensable à la réussite du partenariat. Aya Nakamura peut-elle relever le défi ?
Certes, la réussite internationale de la chanteuse en fait un choix intéressant, puisqu’elle sera aisément reconnue aussi bien par le public français qu’étranger. Aya Nakamura, c’est 6 milliards d’écoute et 8,5 millions d’auditeurs mensuels sur Spotify, 3 milliards de vue sur YouTube, 20 millions d’abonnés sur les réseaux sociaux. Ses chansons sont appréciées par des stars telles que Neymar, Rihanna, Madonna, Sam Smith ou Maluma. En 2022, sa collection capsule avec Balenciaga a été validée par l’icône Kim Kardashian. En 2023, elle est devenue l’égérie de Lancôme avec Julia Roberts, Zendaya et Penelope Cruz. Mais pour en arriver-là, il a fallu surmonter des obstacles et savoir imposer sa personnalité et son style dans le milieu urbain, très masculin, à moins de 20 ans. D’Aulnay-sous-Bois à Lancôme, le parcours d’Aya Nakamura est celui d’une self-made woman qui résonne donc parfaitement avec les valeurs d’excellence, de détermination, d’inspiration et de courage revendiquées par les jeux olympiques et paralympiques de Paris.
Cette réussite peut aussi véhiculer l’idée qu’aujourd’hui, en France, il est possible pour une femme noire d’avoir une carrière florissante à la force de son talent et de son travail. Quoi de mieux pour le pays des droits de l’Homme, dont les valeurs centrales incluent la liberté et l’égalité ? Aya Nakamura, c’est la liberté d’imposer son style par la musique, par la parole, par ses choix professionnels et une preuve que tout individu quelle que soit son origine ethnique ou sociale peut forger son destin sur le sol français.
L’artiste s’engage également dans de nombreuses causes sociales telles que la lutte contre la pauvreté, pour les droits des enfants ou pour les droits des femmes : elle a été ambassadrice de l’UNICEF pour la France en 2020, milite contre l’excision au Mali et fait des dons réguliers à des associations. Ses prises de parole contre les violences faites aux femmes et pour l’affirmation des femmes sont en cohérence avec l’actualité en France, alors que la liberté de recourir à l’interruption volontaire de grossesse vient d’être ajoutée à la Constitution. La collaboration de la chanteuse avec la plateforme Vestiaire Collective pour revendre certaines pièces de luxe (Courrège, Jacquemus, Vivienne Westwood…) lui appartenant lui permet d’ajouter le développement durable à une palette d’engagements sociétaux déjà bien garnie. Tout cela permet de considérer Aya Nakuma comme une représentante légitime des valeurs d’unité, de partage, de paix, d’amitié et de respect des jeux et de la fraternité chère aux Français.
Bien sûr, nul n’est parfait et la « Queen » Aya n’échappe pas à la règle. Epinglée par Booba pour son manque d’implication dans la lutte contre le racisme, condamnée pour violences conjugales ou décriée pour son attitude hautaine et fière, son comportement alimente parfois les critiques de ses détracteurs. Il est impossible cependant de nier son authenticité, sa sincérité et sa capacité à assumer qui elle est et ce qu’elle fait. Le Président Macron a donc bien choisi, dans un monde où la perfection n’existe pas, une ambassadrice dont les valeurs sont en adéquation avec celles de la France et des jeux.