Des hausses qui se faufilent derrière des coupes, des allègements pour mieux masquer des ponctions, et toujours cette impression que le mois d’avril se moque de nos portefeuilles. Ce printemps 2025 s’annonce chargé en bouleversements réglementaires, fiscaux et sociaux. Et si vous pensiez que seuls les poissons d’avril allaient vous piéger, détrompez-vous.
RSA, chômage, impôts, immobilier : avalanche de changements en avril 2025

À compter du 1er avril 2025, les particuliers devront composer avec une série de nouvelles dispositions réglementaires et économiques. Cette date ne se limite plus aux plaisanteries : elle marque désormais un véritable tournant dans plusieurs aspects du quotidien. Tour d’horizon structuré des principaux changements qui s’imposent, des aides sociales aux règles du marché du travail, en passant par la fiscalité et l'immobilier.
Avril 2025 : AAH, RSA… les prestations sociales revalorisées
L’État affiche une volonté de soutenir les ménages modestes. Le Revenu de solidarité active (RSA), la prime d’activité, l’allocation aux adultes handicapés (AAH) et les allocations familiales sont revalorisées de 1,7 à 1,9 %. Cela représente par exemple une hausse de 10,81 euros pour une personne seule au RSA, qui percevra désormais 646,52 euros par mois. Pour un couple avec trois enfants, le RSA grimpe à 1 616,29 euros.
L’AAH, elle, atteint 1 035,35 euros mensuels, contre 1 016,05 euros auparavant souligne info.gouv.fr, qui précise que ces hausses suivent l’inflation calculée sur l’année glissante jusqu’à janvier 2025. Mais que cache cette générosité apparente ? Des restrictions ailleurs, bien moins commentées par les communiqués officiels.
Avril 2025 : l’indemnisation maladie rabotée, les arrêts revus à la baisse
Derrière les ajustements bienveillants, une réduction brutale du plafond des indemnités journalières de Sécurité sociale attend les salariés du privé. À compter du 1er avril, le plafond est abaissé de 1,8 Smic à 1,4 Smic. Résultat : un salarié gagnant environ 3 243 euros brut mensuels (soit 1,8 Smic) pourrait perdre jusqu’à 355 euros pour un mois d’arrêt. L’État économise, les malades paient.
Dans le secteur public, info.gouv.fr rappelle que l’indemnisation reste à 90 % du traitement brut pendant les trois premiers mois, réforme entrée en vigueur le 1er mars, mais qui s’applique pleinement en avril.
Une mesure "de justice budgétaire", dit-on. Mais pour les salariés à revenus intermédiaires, c’est surtout une dévalorisation du droit à l’arrêt maladie.
Avril 2025 : allocations chômage amputées, seniors pénalisés
Les demandeurs d’emploi sont aussi visés. L’indemnisation sera désormais calculée sur une base mensuelle fixe de 30 jours, et non plus sur les mois calendaires. Ce changement, subtil sur le papier, représente en réalité une perte de 5 à 6 jours d’indemnisation par an, soit environ 210 euros de moins.
Et les plus de 50 ans ? Ils subissent une autre forme d’ajustement. Les allocataires âgés de 53 à 54 ans, qui bénéficiaient jusqu’ici de 22,5 mois de droits, seront limités à 18 mois. Pour conserver une indemnisation longue de 27 mois, il faudra désormais avoir au moins 57 ans. Les "seniors actifs", vantés dans tous les plans de relance, voient donc leur réalité se durcir.
Avril 2025 : fiscalité, dons et hauts revenus dans le viseur
L’indexation du barème de l’impôt sur le revenu sur l’inflation (1,8 %) entre en vigueur en avril. Un geste d’équité ? Peut-être. Mais il est aussitôt contrebalancé par une nouvelle disposition ciblant les contribuables fortunés : la Contribution différentielle sur les hauts revenus (CDHR).
Dorénavant, tout contribuable avec un revenu fiscal de référence supérieur à 250 000 euros (célibataire) ou 500 000 euros (couple) se verra imposer au minimum 20 %, même si son taux calculé est inférieur. L’administration fiscale juge qu’en deçà de ce seuil, la contribution ne reflète pas un effort "réel".
Un léger contrepoint à ce durcissement : la prolongation du dispositif "Coluche", avec 75 % de déduction fiscale sur les dons, élargie aux associations luttant contre les violences faites aux femmes.
Avril 2025 : immobilier sous pression et PTZ élargi
Sur le front du logement, les nouvelles sont contrastées. Les droits de mutation à titre onéreux (DMTO) — communément appelés "frais de notaire" — pourront être majorés de 0,5 point par les départements à partir du 1er avril. Le plafond passe donc de 4,5 % à 5 %, ce qui représente un surcoût de 1 500 euros sur un bien à 300 000 euros.
À l’inverse, le prêt à taux zéro (PTZ) est élargi :
- Il s’appliquera à l’ensemble des logements neufs, même hors zones tendues.
- Il pourra financer des opérations de co-acquisition ou de démembrement.
- Cependant, la part de financement par le PTZ est réduite à 10-30 % pour les maisons, contre 30-50 % pour les appartements.
Avril 2025 : visa britannique obligatoire et numérique
Les amateurs de fish and chips devront désormais s’acquitter d’une autorisation électronique de voyage (ETA) pour visiter le Royaume-Uni à partir du 2 avril 2025. Elle coûtera 10 livres (12 euros) au départ, puis 16 livres (19 euros) dès le 9 avril. Valable deux ans, cette formalité s’ajoute aux nombreux obstacles post-Brexit et renforce l’image d’un espace européen morcelé.
Conclusion : avril, mois de réformes… et de calculs serrés
Le 1er avril 2025 ne sera pas seulement le jour des canulars. Il sonnera la mise en œuvre de réformes concrètes aux effets bien réels sur le budget des ménages, la couverture santé, l’indemnisation chômage et la fiscalité. Si certaines mesures donnent l’illusion d’un progrès — revalorisations, élargissement du PTZ — d’autres incarnent un recul manifeste des droits sociaux.
À chacun de s’y préparer. Mais surtout, à chacun de garder un œil attentif sur ce que cache la générosité affichée de certains montants : souvent, la main qui donne est aussi celle qui reprend.