Automobile : le service d’urgence eCall sur la sellette ?

Introduit en 2018 dans l’Union européenne, le système eCall visait une noble cause : accélérer l’intervention des secours en cas d’accident de voiture. Obligatoire dans tous les nouveaux véhicules, ce dispositif automatise l’appel au 112, transmettant des données vitales comme la localisation du sinistre. Mais aujourd’hui, l’initiative européenne se heurte à une réalité technologique et économique : l’obsolescence des réseaux 2G et 3G. Un véritable casse-tête, tant pour les constructeurs automobiles que pour les opérateurs téléphoniques.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 28 mars 2024 à 16h42
Automobile : le service d’urgence eCall sur la sellette ? - © Economie Matin
4,2 % Le nombre de morts sur les routes françaises a baissé de 4,2 % en 2023 par rapport à 2022.

eCall confronté à l'obsolescence des réseaux 2G et 3G

Implémenté depuis 2018 pour assurer une réponse rapide des services d'urgence en cas d'accidents de la route avec un renvoi vers le numéro 112, le dispositif eCall équipant plus de 36 millions de véhicules européens se retrouve au cœur d'une controverse. Le système eCall, se voit en effet menacé par l'obsolescence programmée des réseaux 2G et 3G prévue respectivement entre 2025 et 2029 et 2028-2029. Face à cette échéance, l'Union européenne, les opérateurs téléphoniques et les constructeurs automobiles sont à couteaux tirés.

D'un côté, les fabricants de voitures pressent pour le maintien d'un réseau 2G et 3G ; ce qui leur éviterait bien des complications et des dépenses pour intégrer le système eCall NG (nouvelle génération) censé utiliser les réseaux 4G et 5G dans leurs nouveaux véhicules. De l'autre côté, les opérateurs télécoms souhaitent couper ces fréquences réseaux en raison du coût financier et environnemental qu'elles représentent, celles-ci n'étant plus utilisées par les consommateurs.

Des milliards d'euros en jeu pour un service presque inutile

Le syndicat des constructeurs automobiles français, la PFA, n'hésite pas à faire du lobbying auprès de la Commission européenne. Ce dernier estime que le coût du maintien des réseaux 2G et 3G s'élèverait à 46 millions d'euros par pays et par an pour la 2G et à plus de 54 millions pour la 3G pour les opérateurs téléphoniques. À l'inverse, la PFA évalue le remplacement du système d'appel d'urgence actuel par le eCall NG à 13 milliards d'euros pour l'industrie automobile.

Des chiffres qui ont de quoi peser dans la balance. Pour tenter de trouver un consensus, l'Union européenne a demandé une étude au cabinet espagnol Idiada dont les conclusions se sont montrées en faveur du maintien des réseaux 2G et 3G. Mais l'affaire est loin d'être gagnée pour l'industrie automobile. Comme le soulignent nos confrères de La Tribune, les opérateurs téléphoniques, du moins les Français, ne pouvant être contraints par l'État à maintenir le 2G et la 3G, sont censés avoir le dernier mot. « Cela fait des années qu'on interpelle les constructeurs automobiles pour leur dire de se préparer à la fermeture de la 2G et de la 3G », vilipende la Fédération française des télécoms (FFT). « Tous les pays y vont ! Il y a 59 opérateurs dans le monde qui ont déjà arrêté la 2G, et 47 qui ont arrêté la 3G. C'est d'ailleurs ce qu'a fait la Slovaquie ce mois-ci », renchérit l'organisme, qui n'a pas hésité à rappeler que seuls 6.800 appels avaient été passés en 2022. Reste à savoir si les 27 pays membres de l'Union européenne considéreront que le jeu en vaut la chandelle...

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Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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