Garantie : Tesla a-t-elle menti sur le kilométrage de ses voitures électriques ?

Tempête judiciaire en approche. Tesla se retrouve une nouvelle fois sous le feu des projecteurs. Mais cette fois, il ne s’agit ni de retards de production, ni d’une déclaration controversée de son dirigeant, Elon Musk. Comme l’indique The Street, dont les informations sont relayées par Numerama, la firme américaine est visée par un recours collectif déposé le 12 avril 2025 devant un tribunal californien. Le constructeur est accusé d’avoir manipulé l’odomètre de ses véhicules - un dispositif chargé de mesurer les kilomètres parcourus - directement lié à l’application de la garantie constructeur.

Tesla : un système de comptage kilométrique sous haute suspicion

À en croire la plainte déposée en Californie, le système utilisé par Tesla pour mesurer le kilométrage ne reposerait pas uniquement sur la distance réelle parcourue. Il intégrerait également des calculs prédictifs, des analyses de consommation d’énergie et des coefficients liés aux habitudes de conduite. Autrement dit, le compteur ne refléterait pas fidèlement le trajet effectué, mais une estimation algorithmique biaisée.

Selon les éléments du recours collectif relayés par The Street, des propriétaires accusent l’algorithme de la firme d'Elon Musk d’avoir artificiellement gonflé leur compteur de plusieurs milliers de kilomètres. L’un des témoignages les plus marquants est celui de Nyree Hinton, propriétaire d’une Model Y, rapporté par Numerama : « Ma voiture affiche une moyenne quotidienne de 115 kilomètres alors que je parcours en réalité seulement 32 kilomètres par jour ». Par ailleurs, un autre utilisateur, ayant remplacé sa Tesla par une autre marque, constate une surestimation constante de l’ordre de 20 %.

Un choix délibéré? 

Au cœur des accusations figure une hypothèse lourde de conséquences : Tesla aurait conçu ce système pour limiter le coût de ses engagements contractuels. En gonflant artificiellement le kilométrage, la marque réduirait la durée d’éligibilité à la garantie constructeur, forçant certains clients à financer eux-mêmes des réparations censées être couvertes.

Selon les avocats du cabinet Singleton Schreiber, en charge du dossier, ces pratiques ne relèveraient pas d’un défaut technique mais d’un choix délibéré. La plainte, consultée par Numerama, évoque « des pratiques commerciales trompeuses et des manipulations systématiques qui déprécient la valeur réelle des véhicules ». Plusieurs utilisateurs, trompés par les relevés erronés, auraient investi dans des extensions de garantie, persuadés que leur contrat initial touchait à sa fin. En réalité, ils n’auraient pas franchi les seuils prévus.

Une affaire locale… en passe de devenir mondiale ? 

Pour l’heure, les poursuites se limitent à l’État de Californie. Mais l’affaire pourrait bien prendre une ampleur plus large, les modèles commercialisés en Europe étant, sans surprise, dotés du même logiciel embarqué. Et si aucun recours judiciaire n’a encore franchi l’Atlantique, il est fort probable, au vu des positions d’Elon Musk qui sont loin de faire l'unanimité, que de nombreux propriétaires européens commencent à scruter de plus près les relevés de leur tableau de bord.

Des signalements de propriétaires circulent d'ailleurs depuis plusieurs mois sur les forums francophones, laissant présager que le problème pourrait largement dépasser les frontières américaines. La justice californienne est désormais appelée à trancher. Si les soupçons se confirment, les conséquences pourraient être majeures : un scandale d’ampleur pour Tesla, avec des répercussions sur ses ventes — déjà en recul —, la revente de ses véhicules, les contrats de leasing… et, plus largement, sur la confiance des consommateurs envers la marque américaine.

Une autre procédure ouverte par l'autorité italienne 

L’affaire des kilomètres « fantômes » survient à un moment particulièrement défavorable pour Tesla. La plainte californienne s’inscrit dans un climat réglementaire, politique et économique sous haute tension. Le 21 février 2025, l’autorité italienne de la concurrence (AGCM) a lancé une procédure contre plusieurs constructeurs, dont Tesla, Stellantis, BYD et Volkswagen. En cause : des informations jugées trompeuses sur les performances réelles des véhicules électriques, la dégradation des batteries et les modalités de garantie.

Selon les premiers éléments de l’enquête, relayés par Reuters, les pages officielles des constructeurs omettraient des précisions essentielles, notamment sur les variations d’autonomie liées à la température, au relief, ou au type de conduite. Là encore, la logique algorithmique aurait pris le pas sur la transparence commerciale.

Reste à connaître les conclusions de la justice californienne : défaut technique, tripatouillage volontaire, surméfiance et / ou incompréhension à l'égard d'une nouvelle technologie ? À ce jour, aucune date précise n’a été annoncée pour le rendu du verdict.