Automobile : l’industrie veut un report des normes CO2

Les constructeurs automobiles européens souhaitent reporter l’application des normes renforcées sur les émissions de CO2, prévues pour 2025. Le secteur explique que les objectifs imposés sont difficiles à atteindre dans le contexte actuel, et que les conséquences économiques seraient lourdes. Renault, en particulier, mène cette initiative pour plaider un décalage jusqu’en 2027.

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Par Aurélien Delacroix Publié le 16 septembre 2024 à 14h00
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JEDDAH, SAUDI ARABIA - March 09, 2024: Luca de Meo, CEO of Renault Group. Race day for the F1 round 02 2024. - © Economie Matin
15%Les voitures électriques représentent 15% des ventes en Europe.

Le secteur automobile européen se mobilise pour obtenir un report de deux ans dans la mise en œuvre des nouvelles normes CO2, initialement prévues pour entrer en vigueur en 2025. Ce durcissement de la norme CAFE (Corporate Average Fuel Economy) imposerait aux constructeurs un seuil moyen de rejets de CO2 pour l’ensemble des véhicules vendus. En cas de dépassement de ces seuils, les constructeurs se verraient infliger de lourdes amendes.

Une demande urgente face à des objectifs inatteignables pour réduire les émissions de CO2

Le quotidien Le Monde a révélé un document informel émanant de Renault et de son président Luca de Meo, également à la tête de l’Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA). Ce document propose de repousser l’application des règles à 2027. Le texte plaide pour l’utilisation de l’article 122.1 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (TFUE), un article rarement utilisé qui permettrait de différer la mise en place de la législation en contournant le Parlement européen. Selon les informations rapportées, les constructeurs tentent de mobiliser cette procédure d'urgence face à la difficulté de respecter les nouvelles obligations environnementales.

Les défis auxquels le secteur est confronté sont considérables. Pour respecter les nouvelles normes, les constructeurs devraient vendre une voiture électrique pour quatre véhicules thermiques. Cependant, le marché des véhicules électriques stagne en Europe. En effet, les voitures électriques ne représentent que 15 % des ventes de voitures particulières et seulement 7 % des utilitaires. Face à cette situation, le document cité par Le Monde estime que les pénalités pourraient s’élever à 13 milliards d’euros pour les voitures particulières et 3 milliards pour les utilitaires.

Un impact économique considérable sur l'industrie automobile

Le rapport présente trois scénarios pour tenter de surmonter cet obstacle. Le premier consiste à réduire drastiquement la production de véhicules thermiques : plus de deux millions d'unités pour les voitures particulières et 700.000 pour les utilitaires, ce qui entraînerait la fermeture de nombreuses usines en Europe et des pertes d'emplois massives. Le second scénario envisagé serait de racheter des crédits-carbone à des constructeurs non européens comme Tesla ou Volvo, une solution qui subventionnerait des concurrents et ne suffirait pas à répondre pleinement aux objectifs.

Enfin, le document évoque une troisième option : augmenter les subventions étatiques pour encourager l’achat de véhicules électriques, ou que les constructeurs eux-mêmes baissent les prix. Toutefois, les États européens semblent pour l’instant aller dans la direction opposée, réduisant au contraire ces aides, ce qui complique encore davantage l’équation pour les constructeurs.

Interrogée sur cette demande de report, l'ACEA n'a pas souhaité commenter directement, se contentant de publier un communiqué dans lequel elle exprime son « inquiétude croissante » quant à la capacité de l’industrie automobile à respecter les nouvelles normes d’émissions.

L'issue de cette requête pourrait avoir des répercussions majeures sur l’avenir de l’industrie automobile européenne, ainsi que sur les efforts pour réduire les émissions de CO2. Le débat se poursuit au sein des instances européennes, avec en toile de fond la transition énergétique, les enjeux climatiques et la survie d’une industrie clé en Europe.

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De formation économiste, Aurélien s'est spécialisé dans le domaine de la technologie, plus particulièrement dans l'émergence de l'intelligence artificielle et ses implications sociétales.

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