Alors que l’Europe renforce ses ambitions climatiques, l’industrie automobile retient son souffle. Face à des pénalités financières records et des objectifs qui semblent hors de portée, les constructeurs lancent un ultime appel à la Commission européenne. Mais trouveront-ils une oreille attentive avant qu’il ne soit trop tard ?
Pollution : L’industrie automobile européenne tente de se sauver
Un dilemme se dessine à l’horizon pour l’industrie automobile européenne. Entre la pression des objectifs climatiques et la nécessité de préserver l’emploi et la compétitivité, les constructeurs cherchent désespérément un terrain d’entente avec Bruxelles. Le temps, lui, joue contre eux.
Normes CO₂ : une menace imminente pour les constructeurs
En 2025, l’Europe resserrera son étau sur les émissions de CO₂ des véhicules. Pour les constructeurs automobiles, le non-respect de ces normes pourrait coûter cher : jusqu’à 15 milliards d’euros de pénalités. Une somme colossale qui mettrait en péril leur capacité d’investissement et, par ricochet, leur compétitivité. L’objectif des 23 % de parts de marché pour les véhicules électriques reste un mirage, loin devant les 13 % actuels. Ce retard accumulé alimente la crainte d’une stagnation prolongée et d’une perte de leadership mondial face à des concurrents internationaux plus agiles.
Malgré des investissements de 250 milliards d’euros dans la transition vers une mobilité durable, les obstacles restent nombreux. Les infrastructures de recharge peinent à se déployer et les subventions à l’achat de véhicules électriques s’amenuisent dans plusieurs pays. À cela s’ajoutent des tensions commerciales et une inflation des coûts de production qui compliquent encore davantage la situation. « Sans une déclaration politique claire de la Commission européenne d'ici à fin 2024, l'industrie automobile risque de perdre jusqu'à 16 milliards d'euros en capacité d'investissement. Cela pourrait se traduire par des pénalités financières, une baisse de la production, des regroupements avec des concurrents étrangers ou la vente de véhicules électriques à perte », déplore Luca de Meo, président de l’ACEA et PDG du groupe Renault.
Industrie automobile : un dialogue stratégique tardif, mais très important
Ursula von der Leyen a annoncé l’ouverture d’un « dialogue stratégique » début 2025, destiné à répondre aux défis du secteur. Cependant, pour les constructeurs, cette initiative arrive bien trop tard. Ils réclamaient des décisions claires avant la fin de 2024. L’objectif était d'ajuster leurs stratégies et d'éviter des amendes faramineuses. Certains plaident pour une approche progressive des nouvelles règles, afin de mieux tenir compte des réalités économiques tout en préservant les ambitions climatiques de l’Union européenne.
Le Salon de l’Automobile de Bruxelles, prévu en janvier 2025, sera une étape clé pour le secteur. Les discussions pourraient y atteindre un point culminant, avec des gouvernements comme la France, l’Allemagne et l’Italie appelant à la flexibilité. En jeu : préserver des millions d’emplois, sécuriser la transition écologique et maintenir l’Europe en tête de l’innovation automobile.