Automobile : BMW ne veut plus du 100% électrique

Oliver Zipse, président du directoire de BMW, a réitéré sa position contre l’interdiction des véhicules thermiques en Europe prévue pour 2035. La déclaration, faite lors du salon de l’automobile de Paris, relaye en réalité les préoccupations croissantes de certains constructeurs automobiles européens face à la dépendance accrue envers la Chine pour les batteries des véhicules électriques (VE).

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 17 octobre 2024 à 9h58
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25%Le coût d’achat d’une voiture électrique est estimé entre 25 et 50% plus cher qu’un véhicule thermique

Voiture électriques : l’obligation pour 2035 de plus en plus critiquée

La réglementation européenne qui impose l'arrêt de la commercialisation des véhicules à moteur thermique à partir de 2035 suscite une vive inquiétude chez les constructeurs comme BMW mais aussi Volkwagen ou encore Renault. Si l’objectif est de réduire les émissions de CO2, certains leaders du secteur, dont Zipse, estiment que cette transition vers les véhicules électriques à batterie (BEV) n’est pas réaliste à l’horizon 2035.

Les constructeurs, déjà en difficulté face à une baisse des ventes liée à la perte de pouvoir d’achat des ménages, peinent à répondre aux exigences d'électrification complète dans le contexte de concurrence mondiale, particulièrement avec la montée en puissance des fabricants chinois.

L’argument économique : éviter la dépendance vis-à-vis de la Chine

Oliver Zipse, à la tête de BMW, a expliqué que l'interdiction prévue renforcerait la dépendance de l'Europe vis-à-vis de la Chine, notamment pour l'approvisionnement en batteries pour VE. Selon lui, la transition ne devrait pas se concentrer uniquement sur les BEV mais devrait être plus « technologique neutre », permettant ainsi aux constructeurs européens de rester compétitifs sans risquer une perte de contrôle sur les chaînes d'approvisionnement.

Il a ajouté : « Une correction de l'objectif de 100 % de BEV pour 2035 dans le cadre d'une réduction globale des émissions de CO2 permettrait également aux équipementiers européens d'être moins dépendants de la Chine pour les batteries. »

Des retards dans la transition électrique chez les constructeurs européens

Outre BMW, d’autres grands constructeurs comme Mercedes, Audi et Porsche ont déjà ajusté leurs objectifs d’électrification, repoussant les dates initialement fixées pour un passage massif à l’électrique. Le marché automobile européen souffre de la concurrence chinoise, dont les véhicules électriques sont proposés à des prix très compétitifs grâce aux aides du gouvernement chinois.

En parallèle, le marché stagne. Les ventes de VE ont chuté de 4% sur les neuf premiers mois de 2024, accentuant les doutes sur la viabilité des objectifs de l'Union européenne. D’autant plus que certains pays, comme la France, commencent à réfléchir à réduire les aides destinées aux ménages pour changer leur voiture thermique en voiture électrique. Le Budget 2025 du gouvernement français, par exemple, devrait supprimer la prime à la conversion et faire baisser les montants des aides sur fond d’austérité budgétaire.

Des conséquences à long terme pour l’industrie automobile

Si l'interdiction est maintenue, Oliver Zipse craint que ça n'entraîne une crise majeure dans l’industrie automobile européenne. Le risque est non seulement économique, mais aussi environnemental, car une telle dépendance envers la Chine pourrait ralentir la transition écologique en Europe. Le patron de BMW estime que l’Europe doit revoir son approche, en diversifiant les technologies et en permettant aux véhicules à combustion interne de rester sur le marché avec des améliorations technologiques pour réduire leurs émissions.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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