L’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR) a publié en juin 2024 son rapport sur la part des non-assurés dans les accidents de la route entre 2019 et 2022. Loin d’être rassurant, celui-ci alerte sur leur augmentation, mais aussi sur le comportement de ces conducteurs
Automobile : 38% de véhicules non assurés en plus en 2022
Une implication en hausse de 38% dans les accidents corporels
Selon le rapport de l'ONISR, le nombre de véhicules non assurés impliqués dans des accidents corporels a augmenté de 38 % entre 2019 et 2022. En 2022, 5 % des véhicules impliqués dans des accidents corporels en métropole n'étaient pas assurés. Plus l’accident est grave, plus la proportion de véhicules non assurés augmente, ils sont ainsi impliqués dans 6 % des accidents mortels (230 décès sur 3 267) et 7 % des accidents mortels dont le conducteur est présumé responsable.
En Outre-mer, les chiffres sont encore plus inquiétants : les non assurés sont impliqués dans 15 % des accidents corporels, 20 % des accidents mortels, et 27 % des accidents mortels dont le conducteur est présumé responsable. Au total, ce ne sont pas moins de 680 000 véhicules non assurés qui circulent sur les routes.
Un tiers des délits de fuite
Les délits de fuite représentent 22 % des infractions routières, et parmi les conducteurs retrouvés, plus d'un tiers (33 %) n'avait pas assuré leur véhicule ou roulait sans permis de conduire. À titre de comparaison, seuls 4 % des conducteurs restant sur place après un accident de la route étaient non assurés.Une proportion colossale qui est encore plus élevée du côté des deux-roues motorisés : plus d'un motard sur deux impliqué dans un délit de fuite n'est pas assuré et les non assurés représentent près de 37% des accidents mortels en métropole, et 52% en Outre-mer.
Ce phénomène se manifeste en particulier chez les conducteurs de moins de 35 ans, qui représentent déjà près de 4 décès sur 10 sur la route : les non assurés (18-35 ans) sont impliqués dans 6 cas sur 10 d'accidents mortels. Parmi eux, 22 % travaillent, 16 % sont des étudiants, 11 % des demandeurs d'emploi et 9 % sont sans activité. Plus largement, le rapport de l'ONISR révèle que les non assurés ont 4 fois plus de risque d'être responsable d'un accident mortel.
Pour les non assurés, les économies priment sur la sécurité
De plus en plus d'automobilistes rechignent à faire passer leur véhicule au contrôle technique du fait des coûts de réparation, ou par peur de voir leur véhicule immobilisé. Le contrôle technique est pourtant un examen obligatoire qui permet justement de pouvoir assurer son véhicule. En voulant faire de petites économies, ces automobilistes mettent non seulement leur propre vie en danger, mais aussi celle des autres usagers. Par ailleurs, en cas d'accident mortel ou non, en plus de la prison, ces derniers prennent le risque de perdre l'ensemble de leurs biens puisqu'ils devront assumer à leur charge l'ensemble des coûts liés aux dommages corporels et matériels dûs à l'accident.
Comme le rappelle la loi, conduire sans assurance est un délit passible d'une amende de 750 €. En 2022, le Fonds de Garantie des Assurances Obligatoires (FGAO) a poursuivi en justice 15 000 conducteurs non assurés. Parmi eux, certains ont dû payer des indemnités qui ont dépassé le million d'euros.