Le prix de l’électricité a connu une nouvelle hausse de 10 % au 1er août dernier. Le bouclier tarifaire est maintenu jusqu’en 2025, mais d’ici là, cette nouvelle augmentation risque de ne pas être la dernière….
L’avez-vous manqué ? Votre facture d’électricité a (encore) augmenté
Adieu les promesses du gouvernement…
C’est au beau milieu de la trêve estivale que le gouvernement a décidé d’augmenter votre facture, et la note est plutôt salée puisque les tarifs de l’électricité TRV (tarifs réglementés de vente, proposés par EDF) ont de nouveau été augmentés de 10 % le 1er août dernier. En avril, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, avait commencé à préparer le terrain en soulignant que « les prix ne sont pas encore tout à fait revenus à la normale ». Néanmoins, la Commission de régulation de l’énergie (CRE), qui est une autorité administrative indépendante française, avait suggéré au gouvernement une augmentation de 74,5 %. Au vu du contexte social particulièrement tendu de la France ces derniers mois, le gouvernement n’avait d’autre choix que de décliner ces recommandations. Le bouclier tarifaire reste donc en place, mais il couvre désormais une réduction de 37 % au lieu de 43 % sur la facture des personnes éligibles. La hausse du 1er août équivaut en moyenne à une augmentation de 160 euros par an sur votre facture. À noter que l’impact changera suivant votre contrat d’électricité. Ce seront surtout les industries et les entreprises, ainsi que leurs employés, qui seront pris de plein fouet par cette nouvelle augmentation. Nombre d’entre elles risquent de devoir arrêter leur production, ou pis encore, mettre la clef sous la porte…
Si l’on fait le cumul de la nouvelle hausse de juillet avec celle de février (15 %), l’augmentation du prix de l’électricité sur l’année 2023 est de 25 %, bien loin des 15 % maximum promis pour l’ensemble de l’année 2023 par le gouvernement en janvier. Les dents grincent : plus de 23 millions de foyers, ainsi que les TPE et PME, sans oublier les artisans-commerçants, sont concernés par cette nouvelle hausse du TRV. Mettre en place une nouvelle hausse représente un « coup de poignard » s’est indignée l’association des consommateurs (CLCV). Olivier Faure, premier secrétaire du PS, n’a d’ailleurs pas hésité à tacler le gouvernement en déclarant auprès de la Tribune qu’il ne faut « jamais prendre au sérieux les engagements de ce gouvernement ». Dès février dernier, Gabriel Attal avait affirmé sur RTL que : « Dès lors qu'on doit faire des économies, il faut notamment sortir des dispositifs spécifiques qu'on a mis en place pendant la crise de l'inflation ». Ce en quoi Olivier Marleix, député LR, avait répondu lors d’une conférence de presse qu’il est « tout à fait anormal que le gouvernement annonce une hausse (…) alors que rien dans nos coûts de production ne le justifie ». La prochaine révision est déjà programmée pour le 1er février 2024.
Les nouveaux tarifs de l’électricité
Depuis le 1er juillet 2007, le marché de l’électricité français est ouvert à la concurrence. Les consommateurs sont libres de choisir leurs fournisseurs et ces derniers peuvent établir leur prix de vente. Néanmoins, il existe un tarif fixé par l’État, sorte de paradigme de référence des comparateurs d’offres d’électricité, commercialisé sous le nom de Tarif Bleu par EDF. Depuis la libéralisation du marché, le Tarif Bleu a presque triplé, passant de 0.1061 € TTC en 2007 à 0.2776 € TTC par Kwh en 2023.
Parmi les offres les moins chères que vous pouvez trouver actuellement sur le marché (pour un compteur de 6 kWh), on trouve en première position : Mega energie avec son offre Flexy Electricité pour un prix de 0.1824 € par kWh),puis Mint Énergie : pour 0.205 € TTC par Kwh (offre Classic & Green), Total Énergies : 0.2062 € TTC par KWh (offre Heures Eco Électricité) suivi d’Engie avec son offre Elec 1 an pour laquelle le prix du Kwh est de 0.2305 € TTC.
Peut-on retrouver une électricité bon marché ?
Les débats sur la gestion de l’électricité ainsi que sur le marché européen battent leur plein. Dans son article du 3 août pour le Figaro, Loïk Le Floch-Prigent, ancien PDG de ELF, directeur de cabinet du ministère de l’Industrie, président de Gaz de France (GDF) et de la SNCF, s’exprime sans détour : : « la compétitivité de l’ensemble de l’industrie française est en cause car nous payons l’électricité la plus chère d’Europe alors que nous la produisons au coût le plus faible grâce à notre outil de production nucléaire et hydraulique (…) rentrer sur le marché de l’électricité il y a une quinzaine d’années était un choix technocratique volontaire contesté par les énergéticiens français, mais aucun traité n’existe qui nous oblige et surtout nous pouvons nous en retirer lorsque nous le voulons sans contrevenir à nos signature contraignantes. (…) Se retirer du marché de l’électricité est donc une nécessité et les réticences du gouvernement à le faire sont inexpliquées et inexplicables rationnellement ».
En janvier 2022 Fabien Bouglé, expert en politique énergétique, au micro d’Europe 1, donnait le même avis, soulignant que « la somme totale du manque à gagner en 2022 pour EDF, du fait de l’explosion du prix spot du marché, s’élève à 57 milliards d’euros. (…) ce n’est pas la conséquence de la gestion d’EDF (…) c’est la conséquence de 10 ans de gabegie politique et de court-termisme politique qui a conduit à fragiliser EDF (…)» Selon lui, «l’Allemagne mène une offensive terrible pour détruire EDF (…). EDF est l’élément qui contrôle et permet la souveraineté énergétique de notre pays. Si EDF est attaqué économiquement et en terme industriel, c’est toute notre économie derrière qui est en danger ». Et on le voit bien, nombre d’entreprises et d’industriels ont dû arrêter leur production du fait de l’augmentation de leurs factures d’électricité, qui ont parfois été multiplié par dix. Cela a notamment été le cas de Cofigeo et Duralex.
A cause de ces augmentations récurrentes, le marché énergétique européen est de plus en plus contesté. Pourtant, le gouvernement continue de faire la sourde oreille aux analyses et recommandations de personnes dont la compétence est difficilement contestable, tel Henri Proglio, ancien président de Veolia et d’EDF.
Souhaitons maintenant que ces voix trouvent un écho au sein de l’exécutif…