Auchan tourne la page en Russie

Deux ans et demi après le début de l’offensive russe en Ukraine, Auchan annonce la vente de sa filiale russe. Le groupe nordiste, impacté par les sanctions européennes et les défis locaux, a enfin choisi de se retirer du marché russe.

Stephanie Haerts
Par Stéphanie Haerts Modifié le 24 octobre 2024 à 17h46
Auchan vente filiale Russie
Auchan tourne la page en Russie - © Economie Matin
230Auchan, après 20 ans de présence en Russie, initie le processus de vente de ses 230 magasins face aux sanctions européennes et aux défis locaux.

Auchan en Russie : une présence contestée

Depuis son implantation en 2002, Auchan a toujours considéré la Russie comme un marché d'avenir, notamment pour ses opportunités de croissance avec la population locale. L'engagement du groupe envers ses consommateurs et ses employés russes a été fort, refusant de se retirer malgré les multiples vagues de sanctions internationales qui ont suivi les tensions géopolitiques dans la région. Le groupe argumentait que son départ pourrait laisser un vide difficile à combler par les acteurs locaux, potentiellement moins enclins à maintenir des standards de qualité et de service comparables.

Toutefois, au fur et à mesure que les sanctions se sont intensifiées, Auchan a commencé à ressentir les contrecoups économiques importants. Les restrictions commerciales, combinées à un climat d'investissement de plus en plus risqué, ont créé des obstacles insurmontables. Le groupe a été confronté à des défis logistiques croissants, notamment pour l'importation de produits et la gestion de ses opérations, ce qui a accru les coûts et réduit les marges de profitabilité. Face à une réalité de marché changeante et sous la pression croissante de l'opinion publique européenne, la direction d'Auchan a dû reconsidérer sa stratégie en Russie, aboutissant à la difficile décision de mettre en vente ses actifs dans le pays.

Les défis d'une sortie stratégique

Pour Auchan, la décision de vendre ses actifs en Russie a été mûrement réfléchie. Bien que le groupe ait reçu une dizaine d’offres non sollicitées ces dernières années, il a toujours repoussé l'idée d'un départ, craignant de fragiliser davantage sa relation avec ses employés locaux et les consommateurs. Chaque offre de rachat a dû être étudiée avec attention, car les risques étaient nombreux, allant de la perte d'influence sur le marché russe à la menace de mesures drastiques prises par Moscou. Le contexte géopolitique tendu exigeait une prudence extrême dans la sélection des repreneurs, car une sortie mal orchestrée aurait pu entraîner la confiscation des actifs ou même la fermeture définitive de ses magasins.

Le cas de Danone et Carlsberg a servi de mise en garde pour Auchan. Les deux multinationales, qui avaient elles aussi décidé de se désengager du marché russe, ont vu leurs actifs brutalement nationalisés par les autorités locales, sans préavis. Pour éviter de tomber dans le même piège, Auchan doit naviguer dans un environnement réglementaire particulièrement incertain, où chaque décision doit être validée par le gouvernement russe. Cela inclut non seulement l’approbation des repreneurs potentiels, mais aussi le respect des conditions politiques et économiques locales, susceptibles de changer à tout moment. La nationalisation des entreprises étrangères est devenue un instrument politique pour la Russie, rendant l’issue de cette vente difficile à prévoir, voire dangereuse si elle est mal négociée.

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Stephanie Haerts

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

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