Attractivité : la France numéro 1 en Europe ?

La France se distingue en tant que leader européen en matière d’attractivité économique, affirmant son rang face à des concurrents de poids comme le Royaume-Uni et l’Allemagne.

Ade Costume Droit
Par Adelaïde Motte Modifié le 3 mai 2024 à 11h11
Attractivité

La réindustrialisation booste l'attractivité de la France

D'après une étude publiée le 2 mai, la France a maintenu sa position de premier choix pour les investisseurs étrangers en Europe, une attractivité qu'elle détient depuis cinq années consécutives. Selon une étude du cabinet EY, la France a attiré près de 1 200 projets d'investissement en 2023, surpassant le Royaume-Uni (985 projets) et l'Allemagne (733). Les régions comme l'Auvergne-Rhône Alpes et l'Île-de-France se démarquent particulièrement, illustrant un panorama diversifié et dynamique de zones économiques en expansion. Le Grand-Est, les Hauts-de-France et l'Occitanie semblent également intéressants.

Il s'agit en effet de régions historiquement très industrialisées, où se trouvent donc déjà un certain nombre d'infrastructures. De quoi accélérer le développement de projets ambitieux sans systématiquement partir de zéro. Plus de vingt mille emplois ont ainsi pu être créés, ainsi que plus de mille projets, dont 530 nouvelles usines. Une réindustrialisation gage de confiance pour les investisseurs.

Une attractivité en demi-teinte

Pourtant, la France aurait tort de se féliciter trop vite de ces bons résultats. Londres continue à se réserver les investissements les plus stratégiques, comme les sièges sociaux, la finance ou la tech. C'est bel et bien Londres qui reste la ville la plus attractive, et non Paris. Une belle performance après le Brexit, qui n'aura pas fait au Royaume-Uni le mal qu'on attendait.

De plus, en matière d'emplois, la comparaison n'est plus si favorable à la France. Alors que le ratio d'emplois créés par projet est de 61 au Royaume-Uni et de 49 en Allemagne, il n'est que de 35 en France. Les projets seraient-ils moins ambitieux ? C'est possible. Il est également possible que le coût du travail en France, dû notamment aux cotisations salariales et patronales, mais aussi aux financements de la formation, du logement social, etc., refroidissent les investisseurs qui créent des projets, mais tardent à embaucher.

Bruno Le Maire aux anges, et pas assez terre-à-terre ?

Le gouvernement français ne cache pas sa satisfaction face à ces résultats positifs. Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, a récemment souligné la solidité et l'attractivité de l'économie française en ces termes : « Oui, l'économie française est solide. Oui, elle est attractive. Et, non, ce n'est pas un hasard ! » Cette attractivité est selon lui le résultat de politiques économiques stratégiques et de réformes ciblées. Cette position est renforcée par la réindustrialisation en cours, vue comme un moteur essentiel de la croissance future.

Cet enthousiasme fait écho à ses déclarations par la progression du PIB au premier trimestre, annoncée par l'Insee à 0,2%. « À tous ceux qui veulent faire croire que notre économie est à l'arrêt : les faits sont têtus. La croissance française progresse. C'est un nouveau signe qui traduit la solidité de notre économie. » Certains tristes sires pourraient faire remarquer qu'à 0,2% de croissance, il n'y a pas forcément de quoi pavoiser, mais Bruno Le Maire estimait le résultat remarquable.

Des oppositions sceptiques

Cependant, l'opposition exprime des réserves, arguant que les chiffres ne racontent pas toute l'histoire. Des critiques portent sur la qualité des emplois créés et l'impact réel des investissements étrangers sur l'économie locale. L'opposition appelle à une approche plus nuancée qui prendrait en compte les défis de long terme comme l'automatisation et la rapidité de la délivrance des permis de construire. L'OCDE elle-même est moins enthousiaste que Bruno Le Maire. Alors qu'il veut croire à une croissance de 1% sur 2024, elle prévoit plutôt 0,7%.

Les secteurs d'avenir sont également dangereusement absents de la récolte française : même Klaxoon, pourtant société française de la tech, a choisi le Royaume-Uni. Quant aux investissement américains, ils boudent l'Europe avec une baisse de 15% par rapport à 2022, ce qui peut être une conséquence de l'Inflation reduction act, IRA. En somme, la France a encore bien du travail et ne doit pas se satisfaire d'une augmentation de son PIB.

Ade Costume Droit

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

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