En 2023, la fraude dans le secteur de la santé a explosé, laissant les assureurs démunis face à des pratiques de plus en plus sophistiquées. Les professionnels de l’assurance s’organisent pour contrer ce phénomène inquiétant, mais ne voient que « le haut de l’iceberg ».
Santé : les assureurs dénoncent plus de 83 millions de fraude
Une explosion de la fraude dans le secteur de la santé
Le secteur de l'assurance santé est confronté à une hausse sans précédent des fraudes. Les assureurs dénoncent une véritable escalade, soulignant que la situation est encore plus grave que les chiffres ne le montrent. En effet, la fraude détectée, bien que préoccupante, ne représente qu'une partie du problème. La fraude identifiée a atteint 83,5 millions d'euros en 2023, presque trois fois plus que l'année précédente. Ce constat est d'autant plus alarmant que seules quelques compagnies d’assurance sont capables de détecter les anomalies, ce qui laisse penser que le montant réel pourrait être bien plus élevé.
Parmi les fraudes recensées, on retrouve des pratiques variées : faux arrêts de travail, surfacturations ou encore des prestations fictives telles que des commandes de matériel médical jamais livrées ou des soins non effectués. Ces méthodes frauduleuses sont utilisées aussi bien par les professionnels de santé que par certains assurés, cherchant à tirer profit du système. Cette tendance s’observe également au niveau de l’Assurance maladie, qui fait état d’un montant de fraude estimé à 466 millions d'euros, soit une augmentation de 50 % par rapport à l'année précédente.
Réseaux sociaux et fraude organisée
Les réseaux sociaux jouent désormais un rôle majeur dans l'organisation et la diffusion des fraudes. Des plateformes comme Snapchat et Telegram sont devenues des espaces privilégiés pour les fraudeurs, qui y échangent des "bons plans" ou des astuces pour exploiter le système. En effet, certains professionnels de la fraude ciblent des assurés en difficulté financière, leur offrant une opportunité de gagner de l'argent facilement en participant à ces manœuvres illicites.
Les fraudeurs profitent du fait que les assurés sont généralement présumés de bonne foi par les compagnies d'assurance. Ce climat de confiance permet à ces arnaques de prospérer, transformant les assurances en une sorte de "machine à cash". Cette dérive menace la stabilité financière des assureurs, qui doivent constamment revoir leurs dispositifs de détection. Face à l’ampleur du phénomène, les entreprises d’assurance investissent massivement dans des outils de surveillance plus performants. Cependant, l'adaptation des fraudeurs à ces nouvelles technologies complique la tâche.
Des mesures pour endiguer la fraude
Pour faire face à cette menace croissante, les assureurs renforcent leurs équipes et leurs outils. En parallèle, l'Assurance maladie a prévu l'embauche de 300 agents supplémentaires pour soutenir les 1.500 personnes déjà en charge de la lutte contre la fraude. Cette mobilisation est jugée indispensable, car les pratiques frauduleuses ont un impact direct sur l'équilibre financier du secteur de la santé. Si ces fraudes ne sont pas maîtrisées, les répercussions pourraient se faire sentir sur l'ensemble des assurés.
L'enjeu est de taille pour les assureurs. En plus de garantir un service fiable à leurs clients, ils sont tenus de respecter des équilibres financiers stricts pour assurer leur pérennité. Si la fraude continue de croître, les assureurs n'auront d'autre choix que d'augmenter les cotisations. Cela entraînerait une hausse des primes pour l’ensemble des assurés, une conséquence que les compagnies cherchent à tout prix à éviter.
Vers une responsabilisation des assurés ?
Au-delà des efforts technologiques et humains, certains experts estiment qu'il est nécessaire de sensibiliser davantage les assurés. Le manque de compréhension des conséquences de la fraude sur le système de santé, et plus largement sur l’économie, pousse certains à participer à ces pratiques illégales. Une meilleure information sur les risques encourus, tant pour les fraudeurs que pour les assurés complices, pourrait contribuer à réduire cette tendance.
Les assureurs estiment qu'un peu de pédagogie sur le fonctionnement de leurs garanties doublée d'un contrôle renforcé par leurs équipes et celles de l'Assurance maladie permettront d'endiguer ce fléau. Une tendance qui se développe de plus en plus grâce à l'usage des réseaux sociaux, et qui rend cette pratique, de fait, tentaculaire.