Surprenant retournement de situation : le gouvernement français a finalement décidé d’interdire complètement l’usage du plastique dans les cantines scolaires. Pourtant, quelques semaines plus tôt, un décret semblait rouvrir la porte aux assiettes et couverts en plastique réutilisable.
Assiettes en plastique dans les cantines : l’exécutif dit finalement « niet »
Depuis le 18 mars 2025, le gouvernement a tranché : le plastique sera totalement interdit dans les cantines scolaires, y compris les assiettes et couverts réutilisables. Cette décision intervient après plusieurs semaines de controverse, initiée par un décret qui aurait pu remettre en question l’interdiction prévue par la loi Egalim de 2018.
Face à une vague de contestation publique et aux inquiétudes soulevées par les experts de la santé environnementale, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, a annoncé que le décret correctif serait abandonné et qu’une nouvelle loi viendrait clarifier définitivement la situation.
Une interdiction qui semblait pourtant acquise : retour sur la loi Egalim et l’interdiction du plastique
Depuis son adoption en 2018, la loi Egalim prévoit l’interdiction progressive du plastique à usage unique dans la restauration collective. Elle fixe une échéance claire : depuis le 1er janvier 2025, les cantines scolaires et universitaires ainsi que les établissements accueillant des enfants de moins de six ans ne pourront plus utiliser de contenants alimentaires en plastique.
Jusqu’ici, la mesure semblait limpide : les bacs de cuisson, réchauffe et service en plastique devaient disparaître. Mais un décret d’application publié en janvier 2024 a étendu l’interdiction aux assiettes et couverts en plastique réutilisables, déclenchant une forte opposition des industriels du plastique.
Les points clés de la loi Egalim :
Mesure | Application |
---|---|
Interdiction des contenants plastiques pour cuisson et réchauffe | 1er janvier 2025 |
Interdiction des assiettes et couverts en plastique réutilisable (décret 2024) | Controversé, contesté par les industriels |
Interdiction des plastiques jetables | Déjà en vigueur depuis 2021 |
Pourquoi cette interdiction ? Des études scientifiques pointent des risques pour la santé : le plastique réutilisable, chauffé à haute température, libère des substances potentiellement toxiques dans les aliments.
Pressions des industriels et confusion gouvernementale : comment le plastique est revenu sur le devant de la scène
En février 2025, sous la pression des industriels et face à un risque juridique, le gouvernement met en consultation un nouveau décret visant à rétablir l’usage du plastique réutilisable. L’argument avancé par Plastalliance : la réglementation européenne n’interdit pas ces matériaux et la France pourrait être sanctionnée pour entrave au marché intérieur. Une décision validée par le Conseil d’État, saisi par les industriels.
Cependant, l’opinion publique ne l’entend pas de cette oreille. 14 800 contributions négatives sont déposées lors de la consultation publique. ONG environnementales, scientifiques et collectivités locales montent au créneau, dénonçant un revirement incompréhensible. Le ministère de la Transition écologique reconnaît alors une "confusion" juridique. Selon Agnès Pannier-Runacher, le décret de 2024 était plus ambitieux que la loi elle-même, ce qui fragilisait son application. "Le décret de mise en œuvre de la loi est allé plus loin que la loi, il a englobé dans l'interdiction la vaisselle et les couverts en plastique. Un décret ne peut aller plus loin que la loi, c'est une fragilité juridique, du pain béni pour le lobby du plastique", a expliqué Agnès Pannier-Runacher, sur RMC, le 18 mars 2025.
Un revirement gouvernemental à la suite d'une polémique nationale
Face à l’ampleur du tollé, le gouvernement fait machine arrière. Le 18 mars 2025, Agnès Pannier-Runacher annonce que le plastique sera totalement interdit, incluant les assiettes et couverts réutilisables. Mais pour éviter tout risque juridique, une nouvelle loi sera déposée par les députées Véronique Riotton et Graziella Melchior. « Une proposition de loi va arriver le plus vite possible pour corriger et permettre d'interdire tout ce qui est en plastique dans les cantines scolaires », a affirmé la ministre
Certains élus locaux tirent la sonnette d’alarme sur les coûts de cette transition, notamment pour les petites communes, où le surcoût logistique lié au lavage et à l’achat de nouvelles assiettes est élevé.
Quel avenir pour les cantines ?
Les associations écologiques saluent une victoire, mais restent vigilantes face aux tentatives de contournement. Une question demeure : cette interdiction sera-t-elle appliquée efficacement, ou faudra-t-il encore lutter contre les dérogations et les pressions industrielles ? Si la France semble prendre la tête de la lutte contre le plastique dans la restauration collective, d’autres batailles restent à mener. Car après les cantines scolaires, une question se pose déjà : quand viendra le tour des restaurants d’entreprise et des hôpitaux ?