Le gouvernement a décidé de réduire les dépenses liées aux arrêts maladie. À partir de 2025, le montant maximal des indemnités journalières versées par la Sécurité sociale sera abaissé. Dans la fonction publique, la rémunération en cas d’arrêt maladie sera également réduite. Et, forcément, ça ne plaît pas aux syndicats ni aux concernés.
Arrêts maladie : le gouvernement acte la baisse de l’indemnisation

Arrêts maladie : Les nouvelles règles d’indemnisation en 2025
Le mode d’indemnisation des arrêts maladie repose sur un partage des coûts entre la Sécurité sociale, les employeurs et les organismes de prévoyance. Aujourd’hui, un salarié bénéficie d’indemnités journalières correspondant à 50 % de son salaire journalier brut, dans la limite de 1,8 SMIC. Pour les fonctionnaires territoriaux, la rémunération est maintenue à 100 % durant l’arrêt. Avec l’adoption définitive de la loi de finances de la Sécurité Sociale, ces règles seront modifiées.
Catégorie | Règles avant 2025 | Nouvelles règles en 2025 |
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Salariés du privé | Indemnisation à hauteur de 50 % du salaire journalier, dans la limite de 1,8 SMIC | Plafond réduit à 1,4 SMIC |
Fonctionnaires territoriaux | Maintien du salaire à 100 % en cas d’arrêt maladie | Rémunération réduite à 90 % du traitement indiciaire brut |
Complémentaires santé | Facultatives mais largement utilisées pour compléter les indemnités | Mise à contribution par une taxe spécifique |
Avec cette réforme, tout le monde est perdant. Un salarié percevant plus de 1,4 SMIC verra ses indemnités journalières diminuées. Les fonctionnaires territoriaux subiront une baisse de leur revenu en cas d’arrêt de travail. Les employeurs, quant à eux, devront compenser ces pertes pour éviter une diminution trop brutale des revenus de leurs salariés.
La forte baisse des indemnités : près de 20 euros de moins par jour
Le principal effet de cette réforme est une perte de pouvoir d’achat pour les salariés en arrêt maladie. Actuellement, un employé touchant un salaire brut de 3 000 euros perçoit environ 72 euros par jour d’indemnité. Avec la baisse du plafond, ce montant sera réduit à 56 euros, soit 16 euros de moins par jour. Sur un mois, ce sont près de 300 euros qui seront ainsi perdus.
Situation | Avant 2025 | Après 2025 |
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Salaire brut | 3 000 euros | 3 000 euros |
Plafond des indemnités | 1,8 SMIC (~2 900 euros) | 1,4 SMIC (~2 250 euros) |
Indemnité journalière maximale | ~72 euros | ~56 euros |
Perte potentielle | 0 euro | ~16 euros par jour |
Un salarié dont l’employeur ne complète pas les indemnités subira une perte significative, notamment lors d’arrêts prolongés. Dans la fonction publique, un fonctionnaire avec un traitement brut de 2 500 euros verra son indemnisation réduite de 10 %, soit une baisse d’environ 250 euros par mois.
Conséquences pour les employeurs et les complémentaires santé
Les entreprises devront ajuster leur politique de prise en charge des arrêts maladie. Aujourd’hui, de nombreuses conventions collectives garantissent un complément d’indemnisation. Avec la baisse du plafond, certaines entreprises pourraient être amenées à compenser la perte de revenu de leurs salariés, ce qui représente un coût supplémentaire.
Les complémentaires santé seront également mises à contribution. En parallèle de la réforme des indemnités journalières, le gouvernement prévoit d’augmenter la taxation des mutuelles, au motif qu’elles ont engrangé des bénéfices importants ces dernières années.
Arrêts maladies : Une contestation unanime des syndicats et des employeurs
Opposition des syndicats et du patronat
Les syndicats dénoncent une réforme qui pénalise les travailleurs malades et transfère la charge financière vers les employeurs et les assurances complémentaires. Pour le CTIP, qui représente les institutions de prévoyance, cette mesure est une manière déguisée de « taxer les entreprises et les salariés ». « Plus d’un salarié sur deux – soit 13 millions de salariés – serait concerné, le salaire médian en France étant de 2820 € par mois en 2024. Et, cette mesure, qui n’apporte aucune réponse à l’augmentation des arrêts de travail, impacterait directement les employeurs qui ont l’obligation de maintenir le salaire de leurs collaborateurs présents depuis plus d’un an dans l’entreprise », dénonce le syndicat dans son communiqué de presse.
L’UNSA et la CFE-CGC expriment également leur mécontentement. Ils estiment que la réforme frappera avant tout les classes moyennes, qui bénéficieront d’une indemnisation réduite sans alternative immédiate. « La CFE-CGC s’oppose à cette mesure mettant à mal la couverture des assurés en arrêt de travail, pointant comme inévitables conséquences le relèvement des cotisations des contrats de prévoyance ou la baisse directe des revenus, notamment pour les classes moyennes et les personnes déjà en situation de fragilité », écrit Hubert Gorron, expert confédéral CFE-CGC.
Syndicat / Organisation | Position sur la réforme |
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CTIP | Dénonce un transfert de charges vers les entreprises et les salariés |
UNSA | Craint une précarisation des salariés en arrêt maladie |
CFE-CGC | Estime que la réforme pénalise avant tout les classes moyennes |
Employeurs publics | Redoutent un désengagement des agents territoriaux face à la baisse des indemnités |
Le rejet est également fort dans la fonction publique. Lors du Conseil commun de la fonction publique du 11 février 2025, toutes les organisations syndicales et les représentants des employeurs territoriaux et hospitaliers ont voté contre la réforme. Ils alertent sur le risque de voir les conditions de travail des agents se dégrader.
Face à cette levée de boucliers, le gouvernement peine à justifier sa décision. L’argument budgétaire, bien qu’avancé comme priorité, ne convainc pas les acteurs concernés. L’économie annuelle attendue de 600 à 800 millions d’euros représente une faible part du déficit global de la Sécurité sociale, qui devrait dépasser 22 milliards d’euros en 2025.