ARNAQUE : le recouvrement de créances, confié à des voleurs ?

La Direction générale de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF) a publié en ce mois de mai 2024 les résultats de son enquête sur les pratiques des spécialistes du recouvrement amiable de créances en 2022, résultats auxquels le journal Les Echos a pu avoir accès.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 30 mai 2024 à 11h04
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5,07%Le taux d'intérêt légal pour les créances de professionnels est de 5,07%

L’enquête de la DGCCRF a de quoi inquiéter : les abus sont légion et près de quatre entreprises spécialisées dans le recouvrement de créances a été épinglée pour des anomalies.

Recouvrement de créances : les pratiques trompeuses sont très courantes

Selon les données de la DGCCRF consultées par Les Echos, les conclusions de l’enquête sont alarmantes : sur 161 acteurs contrôlés, 66 ont été épinglés pour pratiques commerciales trompeuses, représentant un taux d'anomalie de 40,99 %, en hausse par rapport à 2018.

La DGCCRF a notamment constaté que certaines sociétés de recouvrement entretiennent une confusion entre le recouvrement amiable et le recouvrement forcé. En effet, des termes tels que « service judiciaire » sont souvent inclus dans les courriers, laissant croire à une possible action en justice. Marie Suderie, porte-parole de la DGCCRF interrogée par Les Echos, souligne que ces pratiques sont particulièrement trompeuses lorsque les créances sont en réalité prescrites ou forcloses. Or, ces menaces ont un effet : de nombreux débiteurs, mal informés, cèdent et payent des créances qu'ils ne sont pas légalement tenus de rembourser.

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Du harcèlement et des frais indus

L'enquête a également mis en lumière la facturation de frais indus tels que des « frais accessoires » ou « frais de l'acte », ainsi que l'utilisation de numéros surtaxés, générant des frais cachés pour les consommateurs. Les abus vont parfois jusqu'au harcèlement : des appels et courriers répétés, jusqu'à trois fois par semaine, sont fréquents.

Plus de contrôles dans le recouvrement de créances en France

À partir du 29 juin 2024, les acteurs spécialisés dans le rachat et le recouvrement de créances bancaires échues devront obtenir un agrément de l'ACPR, conformément à une directive européenne. Cette mesure vise à renforcer les droits des consommateurs et à réduire les pratiques abusives. Marie Suderie estime que « ce texte devrait contribuer à une meilleure information des débiteurs et à réduire les pratiques les plus dommageables ».

Les consommateurs victimes de pratiques abusives sont encouragés à signaler leurs cas via la plateforme en ligne Signal Conso. La DGCCRF continue d’instruire plusieurs dossiers, certains d'une extrême gravité, comme le recours à des menaces physiques pour le recouvrement de créances.

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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