Arnaque : non, vous n’êtes pas accusé de fraude fiscale !

L’escroquerie à l’accusation de fraude fiscale se développe en France au point que le gouvernement a finalement lancé l’alerte le 3 avril 2024. Ce type d’arnaque, connu sous le terme de phishing ou hameçonnage en français, implique l’envoi de messages électroniques frauduleux, soigneusement conçus pour imiter les communications de l’administration fiscale française. Le but ? Soutirer de l’argent aux contribuables sous couvert d’une urgence fiscale fictive.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 4 avril 2024 à 9h42
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173%Le nombre d’emails de phishing détectés a augmenté de 173% entre le deuxième et le troisième trimestre 2023.

Arnaque : une « régularisation » pour fraude fiscale ?

Ces messages, qui ont de quoi inquiéter celles et ceux qui les reçoivent, prétendent que le destinataire est coupable d'une infraction grave : la fraude fiscale. Les escrocs, se faisant passer pour la Direction Générale des Finances Publiques (DGFiP) ou d'autres organismes officiels comme l'Inspection Générale des Finances (IGF), exigent une « régularisation » immédiate. Le processus est pressant : le contribuable est sommé de payer, souvent plusieurs milliers d'euros, dans un délai très court (48 à 72 heures) pour éviter de prétendues sanctions pénales ou la saisie de biens.

Le message arbore une façade officielle, utilisant le logo, la mise en page, et même le ton des notifications gouvernementales. Mais il est loin d’être parfait, heureusement. « De manière peu cohérente, il y est fait pêle-mêle référence au Code général des impôts, à des peines encourues par les fraudeurs, à divers impôts, taxes et contributions sur le revenu, le foncier ou le patrimoine ou encore à une supposée organisation fédérale, et même dans certains cas, aux lois allemandes… », souligne le site officiel Cybermalveillance.gouv.fr dans son communiqué de presse. Le site fournit même des exemples de courriels envoyés.

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Fraude fiscale : comment reconnaître qu’il s’agit d’une arnaque ?

La technique étant toujours la même, celle de l’usurpation d’identité, les conseils pour se protéger de cette arnaque à la prétendue fraude fiscale ne changent pas. Pour identifier l’arnaque, il suffit de bien vérifier les messages et quelques détails peuvent mettre la puce à l’oreille.

  1. Impersonnalité du message : Malgré son apparence officielle, le message ne mentionne pas directement votre nom ou vos références fiscales spécifiques. Mais attention : avec les fuites de données massives de ces derniers mois, les pirates pourraient avoir également accès à ces informations.
  2. Demande de paiement par des moyens non conventionnels : Les instructions pour un paiement direct, souvent par virement bancaire à un compte suspect, sont un drapeau rouge.
  3. Urgence injustifiée : La pression d'un délai extrêmement court pour régler une prétendue dette fiscale vise à précipiter votre réaction sans vérification. Or, il est toujours possible de s’entretenir avec les services de l’État dans ce type de situation, par exemple pour justifier votre situation ou demander un paiement en plusieurs fois.
  4. Erreurs et incohérences : Des fautes de frappe, des erreurs grammaticales, ou des références légales incorrectes sont souvent présentes dans ces messages frauduleux. Mais là aussi, avec ChatGPT et les autres Intelligences Artificielles génératives, les fautes se font de plus en plus rares.

Comment se protéger de l’arnaque ?

Si vous recevez un tel message, votre première ligne de défense est la prudence :

  • Ne répondez pas et ne cliquez sur aucun lien contenu dans le message.
  • Ne payez pas la somme demandée. Aucune administration fiscale ne requiert de régularisations financières urgentes par e-mail.
  • Vérifiez l'authenticité de la communication en contactant directement l'administration fiscale via les canaux officiels (site web impots.gouv.fr, application mobile, ou par téléphone).
  • Signalez l'escroquerie auprès de plateformes telles que Signal Spam ou Pharos pour aider à combattre ces pratiques malveillantes.

En cas de paiement accidentel, agissez rapidement :

  • Contactez votre banque immédiatement pour tenter de bloquer ou de récupérer les fonds transférés.
  • Conservez toutes les preuves (e-mails, preuves de paiement, coordonnées bancaires fournies par l'escroc).
  • Déposez plainte auprès de la police ou de la gendarmerie, en fournissant toutes les preuves en votre possession. Car, rappelle le gouvernement, « si vous avez payé, vous êtes victime d’une escroquerie, au sens de l’article 313-1 du Code pénal : délit passible de cinq ans d’emprisonnement et de 375 000 euros d’amende ».

La vigilance est primordiale. L'administration fiscale rappelle qu'elle communique les notifications de contrôle fiscal exclusivement par courrier postal avec accusé de réception. « Pour être conseillé dans vos démarches, contactez la plateforme Info Escroqueries du ministère de l’Intérieur au 0 805 805 817 (appel et service gratuits). Le service est ouvert de 9h à 18h30 du lundi au vendredi. »

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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