Armement : Verney-Carron passe son fusil aux Belges pour ne pas passer l’arme à gauche

L’un des derniers fabricants d’armes de chasse et d’armes de guerre de petit calibre français, Verney-Carron, est sur le point de passer sous pavillon belge, et plus particulièrement sous celui du groupe FN Browning. Détenu par le groupe Cybergun, celui-ci avait été placé en redressement judiciaire à la mi-février 2025.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Publié le 5 mars 2025 à 9h06
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Armement : Verney-Carron passe son fusil aux Belges pour ne pas passer l'arme à gauche - © Economie Matin

Fondée en 1820 à Saint-Étienne, Verney-Carron s’est imposée comme la dernière grande manufacture d’armes française, spécialisée dans les fusils de chasse, les flashballs et les carabines de guerre. Fournisseur de longue date du ministère de l’Intérieur, l’armurier a pourtant vu ses ventes s’effondrer, notamment avec la baisse des commandes publiques.

Chute des commandes publiques pour Verney-Carron

Verney-Carron, autrefois fournisseur privilégié du ministère de l’Intérieur, a vu son principal client se détourner progressivement de ses produits, au profit d’autres fournisseurs, notamment étrangers, ce qui ne manque pas de faire écho à la délocalisation de la confection des uniformes de l'armée française à Madagascar. Depuis plusieurs années, en effet, les administrations publiques ont drastiquement réduit leurs commandes pour le secteur de la défense auprès de Verney-Carron, notamment de flashballs, produit phare de l’armurier stéphanois utilisé par la police française.

Conséquence : en 2023, l’entreprise affichait encore un chiffre d’affaires de 5,45 millions d’euros. En 2024, ce montant est tombé sous la barre des 4 millions d’euros. Le passif cumulé s'élève à 20,4 millions d'euros, précise l'AFP, ce qui a amené Verney-Carron à être placé en redressement judiciaire à la mi-février 2025. À noter par ailleurs que la direction de Verney-Carron comptait sur un important contrat en Ukraine, mais celui-ci n’a finalement pas abouti, aggravant encore davantage la situation financière et la trésorerie du fabricant d’armes français.

Une offre de rachat de 70 % du capital

FN Browning lorgnait depuis quelque temps sur Verney-Carron. Celui-ci a officialisé le 4 mars 2025 une « offre ferme de rachat pour 70 % du capital de Verney-Carron », contre 65 % actuellement détenus par le groupe français Cybergun, rapporte l'AFP. Spécialisé lui aussi dans les armes de petit calibre, le groupe belge promet un investissement de plusieurs millions d’euros dans le groupe français en vue d'« une reprise de sa production, qui est actuellement très ralentie par la mise en activité partielle depuis décembre de la plupart des 68 salariés ».

FN Browning affirme vouloir maintenir l'outil industriel dans le fief de Verney-Carron, soit à Saint-Étienne, mais une source proche du dossier citée par France 3 indique néanmoins que 10 postes pourraient être supprimés si l'offre de rachat est finalisée.

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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