Apprentissage : Au-delà de la baisse des aides, le défi de la qualité

Le gouvernement se prépare à prolonger sa politique de réduction du budget alloué à l’apprentissage. Alors que celui-ci affiche une dynamique exceptionnelle ces dernières années, cet infléchissement budgétaire conséquent doit impérativement s’accompagner d’une réflexion sur les questions de qualité relative à l’offre de formation et l’accompagnement des apprentis et des entreprises dans ce dispositif globalement vertueux.

Olivier Marion
Par Olivier Marion Publié le 30 janvier 2025 à 5h30
Apprentissage : l’aide à l’embauche diminuera en 2025
Apprentissage : Au-delà de la baisse des aides, le défi de la qualité - © Economie Matin
4000 EUROSIls existent plusieurs autres aides pour l’embauche d’un apprenti allant de 814 euros à 4000 euros maximum

En quelques années, le nombre d’apprentis en France n’a cessé d’augmenter grâce à la loi “Avenir Professionnel” et aux primes à l’embauche. En janvier 2024, on compte plus d’un million de jeunes en alternance contre un peu plus de 435 000 seulement en 2018.1 Cette réforme structurelle a profondément modifié le paradigme de l’apprentissage en France.

En plus de répondre aux besoins des entreprises en matière de compétences, cela permet d'améliorer l'égalité des chances en matière d’accès aux formations du supérieur et de renforcer sa mixité sociale. Six mois après leur sortie de formation, six apprentis sur dix sont en emploi, un taux nettement plus élevé que pour leurs homologues préparant un diplôme par la voie scolaire2. Cela est encore plus prononcé sur le Supérieur qui affiche en outre de meilleurs scores sur le taux de réussite aux diplômes que le parcours en formation initiale.

La fin des aides massives, un impératif de qualité

La réduction budgétaire en cours convoque une reconfiguration de nos priorités. Dans notre contexte global de déficit, il est normal désormais de rationaliser l’ensemble des dépenses publiques pour consolider un modèle de formation durable et utile. La forte augmentation du nombre des apprentis a attiré de nombreux nouveaux entrants dont une partie ne garantit pas toujours un accompagnement de qualité pour les apprentis et leurs entreprises d’accueil. C’est pourtant l’enjeu prioritaire pour la pérennisation du système.

Ce recentrage budgétaire devrait donc s'accompagner d'une révision des modalités de contrôle qualité pour s’assurer que seuls les établissements répondant précisément aux attentes des parties prenantes bénéficient des financements publics.

L’apprentissage dans le Supérieur, une réussite incontestable

Au demeurant cette réduction globale ne doit pas s'accompagner d'une diminution trop importante des niveaux de prise en charge des formations, notamment dans l’enseignement supérieur qui est souvent ciblé à tort ! Comment peut-on raisonnablement espérer « réarmer » économiquement notre Nation sans ingénieurs et sans cadres ?

En décembre 2023, 635 900 étudiants étaient en apprentissage dans l’enseignement supérieur3. Ils représentent une « richesse humaine » essentielle et incontournable pour nos entreprises dans un contexte global de pénurie démographique de jeunes.

Trop diminuer ces financements serait de nature à compromettre la profondeur de gamme et la pertinence de nos formations alors que nous devons au contraire miser sur l'excellence de l’infra-bac au supérieur et sur la réponse concrète aux besoins des entreprises françaises.

Vers un modèle intégré

Il appartient aujourd’hui, à l'ensemble de l'écosystème, d'être en responsabilité « citoyenne ».

Même avec des moyens réduits, nous devons continuer d’agir collectivement pour maintenir l’efficience de notre dispositif national d’apprentissage, où chaque euro investi doit servir la qualité de notre appareil de formation, l’intégration « harmonieuse » de notre jeunesse dans le monde du travail, et le développement économique de nos entreprises pour renforcer leur compétitivité.

En dépit de la baisse prévisible des aides, les entreprises déjà bien engagés dans la « bataille des compétences » doivent continuer d’appréhender l'apprentissage comme un investissement à long terme dans l’élévation du niveau de performance de son organisation et comme un puissant levier de dialogue et de transmission intergénérationnel, gage de robustesse et de résilience.

Enfin, les dynamiques de formation et d’emploi s’inscrivent naturellement dans un territoire qui a ses dynamiques propres. Les régions, par leur connaissance des besoins locaux, sont des acteurs publics qu’il faut mieux articuler à ce nouvel écosystème afin de gagner en cohérence dans l’ajustement des formations et des financements aux besoins réels du territoire.

L’apprentissage, c’est un défi, une aventure et un pilier majeur de notre cohésion nationale !

Impensable d’en faire l’économie…

1 Dares : Le contrat d’apprentissage, février 2024

2 France Compétences : L’alternance, 2022

3 Ministère de l’enseignement et de la recherche : L’apprentissage dans l’enseignement supérieur en 2023, septembre 2024

Une réaction ? Laissez un commentaire

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre Newsletter gratuite pour des articles captivants, du contenu exclusif et les dernières actualités.

Olivier Marion

Directeur général de Formasup Ain-Rhône-Loire

Aucun commentaire à «Apprentissage : Au-delà de la baisse des aides, le défi de la qualité»

Laisser un commentaire

* Champs requis