Entre factures énergétiques qui explosent, inflation et paiement du loyer, les ménages ne s’en sortent plus. Et, en partie, c’est la faute au forfait charges associé aux Aides Personnalisées au Logement (APL). Conçu initialement pour simplifier la gestion des charges locatives, ce mécanisme se retrouve aujourd’hui critiqué pour son inadéquation face à la montée des prix, particulièrement de l’énergie.
APL : le « forfait charges » ne suffit plus à payer
Forfait charges des APL : De quoi parle-t-on ?
Le forfait charges fait partie intégrante du calcul des APL, destiné à aider les locataires à couvrir une partie de leurs charges locatives comme l'eau, l'électricité, et le chauffage. Fixé à 58,08 euros par mois en 2023 pour une personne seule ou un couple sans personne à charge, ce montant est jugé insuffisant face à l'escalade des prix de l'énergie, ayant connu une hausse de 200% depuis 2006, dont 45% sur les deux dernières années.
« L'ensemble des locataires se trouvent pris à la gorge face à des factures toujours plus élevées », souligne ainsi la CLCV qui a lancé une opération pour demander une réévaluation du forfait charges. Car les impayés explosent : 25% des locataires en février 2024 présentaient un impayé, contre seulement 3% en 2020. Le lien de causalité entre l’inflation de ces deux dernières années, la stagnation des salaires et cette explosion des impayés est vite fait.
Le montant du forfait n’évolue pas… les prix oui !
La principale critique à l’égard du forfait charges réside dans son montant jugé dérisoire par rapport à l'augmentation des coûts des charges réelles, en particulier l'énergie. L'association CLCV (Consommation, Logement et Cadre de Vie) souligne que ce forfait, qui n'a progressé que de 21% en 18 ans, reste très loin derrière l'inflation de 40% sur la même période, rendant les locataires vulnérables à une précarité accrue.
En effet, le forfait couvrait environ 42% des charges en 2006, mais aujourd'hui, ce taux est tombé en dessous de 20%, exacerbant les difficultés financières des ménages locataires. « Alors que la situation est catastrophique pour nous tous, le Gouvernement aurait pu augmenter les APL pour protéger les plus faibles, il a pourtant choisi d’augmenter les loyers de 3,5% chaque année depuis 2022 », souligne par ailleurs la CLCV dans le texte de sa pétition.
La CLCV veut que le forfait charges APL augmente
Face à cette situation critique, l'association CLCV et de nombreux acteurs sociaux appellent à une révision urgente du forfait charges des APL. Leur demande porte sur une augmentation du forfait, proposant qu'il soit porté à 100 euros par mois et indexé sur l'inflation.
Pour faire pression sur le gouvernement, l’association a lancé une pétition sur le site Change.org le 7 mars 2024. En seulement deux semaines, elle a recueilli près de 25.000 signatures. « Cette mesure est réclamée par tous : les locataires, les propriétaires, les bailleurs sociaux, les associations. Arrêtez de sacrifier les locataires les plus pauvres au nom des finances publiques. Nous n’en pouvons plus et face à la bombe sociale du logement, l’État doit réagir », demande l’association.