Le conflit entre Amazon et les libraires sur la livraison gratuite de livres prend une nouvelle tournure. Si la plateforme en ligne peut encore offrir cette gratuité dans certains commerces vendant des livres, elle est contrainte de revoir ses pratiques concernant les casiers automatisés, jugés non conformes à la loi Darcos.
Amazon : la livraison gratuite des livres c’est « oui », mais…

Amazon : retrait de livres à l’accueil d’un hypermarché « oui », retrait dans un casier « non »
La question de la livraison gratuite de livres, au cœur d’un différend entre Amazon et les libraires, est une saga qui n’est pas prête de s’arrêter. Depuis l'adoption de la loi Darcos en 2021, qui impose un minimum de 3 euros de frais de port pour les commandes de livres neufs d’une valeur inférieure à 35 euros, les libraires se réjouissent de voir leurs parts de marché augmenter. En effet, cette loi vise à limiter la concurrence déloyale entre plateformes en ligne, comme Amazon, et les librairies indépendantes, dont les coûts sont plus difficiles à absorber.
Cependant, Amazon a cherché à contourner cette loi en proposant la livraison gratuite via des points de retrait, y compris à l’accueil d’hypermarchés et dans des casiers automatisés que l’on trouve dans certains hypermarchés. Bien que le géant du e-commerce ait fait valoir que ces casiers respectaient les critères d'un « commerce de vente au détail de livres », le Médiateur du livre a émis un avis différent. Selon lui, seuls les retraits effectués dans un point de vente avec accueil physique, tel qu'un guichet en magasin, sont conformes à la loi. Les casiers automatisés, malgré leur implantation dans les supermarchés, sont considérés comme de simples points de livraison autonomes, ne pouvant pas bénéficier de la gratuité.
Selon Amazon, la livraison dans des casiers dépanne bien en milieu rural… mais le Médiateur du livre fait la sourde oreille
Amazon ne cache pas son désaccord avec cette interprétation. L'entreprise affirme que de nombreux autres acteurs de la grande distribution appliquent également la livraison gratuite en points de retrait, et qu'il est injuste de concentrer l'analyse sur elle seule. De plus, elle a contesté la législation au niveau européen, remettant en cause sa conformité avec les règles de l'Union européenne. En attendant une décision de la Cour de justice de l'UE, attendue pour 2026, Amazon continue de proposer la livraison gratuite dans certains points de collecte.
Par ailleurs, Amazon se défend en avançant que l'accès aux livres pour les populations rurales est favorisé par son réseau de points de retrait, souvent situés dans des zones où les librairies sont rares ou inexistantes. Selon l'entreprise, près de 50% des livres achetés sur sa plateforme proviennent de communes de moins de 10.000 habitants, illustrant l'importance de son réseau pour ces populations. Toutefois, le Médiateur du livre nuance cet argument, soulignant que même dans des départements ruraux, d'autres points de vente, comme les grandes surfaces et les librairies indépendantes, sont disponibles pour l'achat de livres.
Ainsi, bien que le Médiateur ait donné en partie raison à Amazon, en autorisant la livraison gratuite dans des points de vente comme Intermarché ou Carrefour, le géant du commerce en ligne devra (pour le moment du moins) composer avec l’obligation de facturer des frais de port en cas de livraison dans un casier automatique.