Allocations sociales : sacrifiées dès 2025 pour faire des économies ?

Le projet de budget pour 2025, dévoilé le 10 octobre 2024, s’inscrit dans un contexte de rigueur budgétaire avec un effort de 60 milliards d’euros pour redresser les finances publiques françaises. Ce budget prévoit notamment un gel temporaire des pensions de retraite, ce qui a déjà provoqué une vague d’inquiétude parmi les retraités et les bénéficiaires des allocations sociales. Ces dernières sont-elles également menacées par de nouvelles coupes budgétaires, alors que l’inflation continue d’affecter le pouvoir d’achat des ménages les plus vulnérables ?

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 7 octobre 2024 à 10h09
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6%Le gouvernement s'attend à un déficit de plus de 6% en 2024.

Michel Barnier face à la nécessité de réduire le déficit public

La France fait face à une situation économique délicate. Le déficit public devrait dépasser les 6% du PIB en 2024, selon le ministère des Finances. L’objectif affiché par le gouvernement pour 2025 est de ramener ce déficit en dessous de 5%, soit une réduction d’environ 1 point de PIB, ce qui correspond à environ 25 milliards d’euros. Pour atteindre cet objectif, le gouvernement doit non seulement augmenter les recettes fiscales, mais aussi réduire les dépenses publiques. Les retraites ont déjà été touchées par un gel de six mois des revalorisations, permettant une économie de 4 milliards d’euros. Qu'en sera-t-il des prestations sociales ?

Les allocations sociales touchées par les mesures d’austérité ?

L'annonce d’un gel des retraites a soulevé des interrogations sur les autres allocations sociales. Actuellement, plusieurs millions de Français dépendent de ces aides pour subvenir à leurs besoins essentiels. Voici les principales prestations qui pourraient être touchées par une réforme sur fond d'austérité :

  • Le Revenu de Solidarité Active (RSA) : En 2023, environ 2 millions de foyers bénéficiaient du RSA, avec un montant moyen de 607 euros par mois pour une personne seule. Cette aide, conçue pour garantir un minimum de ressources, est essentielle pour les foyers sans revenus d'activité.
  • L'Allocation aux Adultes Handicapés (AAH) : Plus de 1,2 million de personnes percevaient l'AAH en 2023. Le montant de cette allocation est de 971,37 euros par mois pour une personne seule sans revenus.
  • La prime d’activité : Avec environ 4,5 millions de bénéficiaires en 2023, cette aide vise à soutenir les travailleurs aux revenus modestes. Le montant moyen versé est de 180 euros par mois.
  • L'Allocation de Solidarité aux Personnes Âgées (ASPA) : L’ASPA, ou minimum vieillesse, bénéficie à plus de 600 000 retraités en 2023. Le montant maximum de cette allocation est de 961,08 euros par mois pour une personne seule. Alors que les pensions de retraite de base subiront un report de six mois de leur revalorisation, le gouvernement a confirmé que l’ASPA sera revalorisée dès janvier 2025, épargnant ainsi les plus modestes.

Les conséquences économiques d'un gel des allocations sociales

Si ces allocations venaient à être gelées, voire diminuées, les conséquences pourraient être lourdes pour les finances des ménages les plus précaires. Une étude de l’INSEE a montré qu’environ 20% des Français ont un revenu inférieur au seuil de pauvreté, fixé à 1.102 euros par mois en 2023. Parmi eux, une grande partie dépend des allocations sociales pour maintenir leur niveau de vie.

L’impact d’un gel des allocations se ferait ressentir sur le pouvoir d’achat. En effet, malgré une inflation qui est tombée sous la barre des 2% en 2024, une non-revalorisation des prestations entraînerait une perte nette de revenu réel pour les bénéficiaires.

La réforme des prestations sociales : vers une allocation unique ?

Michel Barnier a réaffirmé son projet de fusionner plusieurs prestations sociales en une allocation unique. Cette "allocation sociale unique" viserait à rationaliser le système d’aides en France et à garantir que "les personnes au travail gagnent systématiquement plus que celles qui dépendent des allocations". Si cette réforme venait à se concrétiser, elle concernerait probablement des prestations telles que le RSA, la prime d’activité, l’AAH et d’autres allocations familiales. L’objectif est de réduire les coûts de gestion administrative et de rendre le système plus lisible pour les bénéficiaires. Toutefois, les associations de lutte contre la pauvreté craignent que cette réforme se traduise par une réduction des montants versés aux allocataires.

En parallèle, la lutte contre la fraude sociale figure parmi les priorités du gouvernement. Michel Barnier a confirmé son intention de renforcer la sécurisation des cartes Vitale, en les adossant aux cartes d’identité numérique pour éviter les fraudes aux prestations sociales. Selon un rapport de la Cour des comptes, la fraude sociale représenterait entre 1 et 3 milliards d'euros par an. Bien loin des dizaines de milliards d’euros annuels que représente la fraude fiscale des entreprises ou encore des plus riches.

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Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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