Pour Oskar Lafontaine : « L’Europe paie le prix de la lâcheté de ses propres dirigeants ».
Vent de révolte en Allemagne contre les Etats-Unis
Oskar Lafontaine n’est pas n’importe qui.
Il né en 1943 en pleine Seconde Guerre mondiale. Il est le fils d’un boulanger mort au front, « il est élevé par les jésuites avant de suivre des études de physique. Depuis son adhésion au parti social-démocrate allemand (SPD), en 1966, il poursuit une ascension politique régulière dans la Sarre, devenant maire (1974-1976) puis super-maire de Sarrebruck (1976-1985), avant d’être ministre-président de la Sarre de 1985 à 1998 (à nouveau depuis 2009). Ses critiques à l’encontre du plan en dix points d’Helmut Kohl concernant la réunification allemande (et notamment son opposition à la participation de l’Allemagne unie à l’OTAN) lui valent de passer pour un opposant à l’unité allemande. Grièvement blessé d’un coup de couteau au cours d’un meeting en 1990, il se retire de la scène politique nationale. De retour en 1995, il est élu président fédéral du SPD. face à Rudolph Scharping, mais il doit s’effacer devant Gerhard Schröder comme candidat à la chancellerie en 1998. Nommé ministre des Finances dans le cabinet de ce dernier, il démissionne de toutes ses fonctions politiques, y compris de la tête du SPD, six mois plus tard, en 1999, pour protester contre les options qu’il juge trop libérales du chancelier : en effet, revendiquant l’héritage spirituel de Willy Brandt, O. Lafontaine prône la justice sociale, la lutte contre les privilèges des grandes sociétés et de leurs dirigeants mais aussi le refus de la participation allemande aux interventions au Kosovo ou en Afghanistan ».
Oskar Lafontaine aura toujours cerné et appréhendé la dangerosité de l’alignement des intérêts européens sur ceux de l’Otan qui ne sont rien d’autres que ceux des Américains et uniquement ceux des Américains. Il aura toujours horreur de la guerre et militera toujours pour l’indépendance de l’Allemagne.
Il est en cela très proche de la politique d’un Jacques Chirac, dernier président d’une France indépendante et relativement souveraine à avoir refusé aussi bien la guerre en Irak qui allait mettre à feu et à sang le Moyen-Orient, que le retour de notre pays dans l’Otan.
Toute cette histoire d’indépendance de la France prendra fin avec l’arrivée au pouvoir de Sarkozy, « Sarko l’américain » qui commencera à brader les intérêts de la France pour plaire aux Etats-Unis.
Voici les déclarations fracassantes d’Oskar Lafontaine sur le déclin économique de l’Allemagne, la guerre par procuration entre la Russie et l’OTAN en Ukraine – et pourquoi il exige le retrait des troupes américaines d’Allemagne.
Oskar Lafontaine : « L’Europe paie le prix de la lâcheté de ses propres dirigeants »
Oskar Lafontaine : L’explosion des deux gazoducs est une déclaration de guerre à l’Allemagne et c’est pathétique et lâche que le gouvernement fédéral veuille balayer l’incident sous le tapis. L’Allemagne dit qu’elle sait quelque chose mais ne peut pas le dire pour des raisons de sécurité nationale. Les moineaux le sifflent depuis longtemps sur les toits : les États-Unis ont soit directement mené l’attaque, soit au moins donné le feu vert. Sans la connaissance et le consentement de Washington, la destruction des pipelines, qui sont une attaque contre notre pays, paralyse notre économie et va à l’encontre de nos intérêts géostratégiques, n’aurait pas été possible.
C’était un acte hostile contre la République Fédérale – non seulement contre elle, mais aussi – qui montre une fois de plus que nous devons nous libérer de la tutelle américaine.
Dans votre nouveau livre « Ami, il est temps de partir ! », vous appelez au retrait des troupes américaines d’Allemagne. N’est-ce pas irréaliste ?
Oskar Lafontaine : Bien sûr, cela ne se fera pas du jour au lendemain, mais l’objectif doit être clair : le retrait de toutes les installations militaires et nucléaires américaines d’Allemagne et la fermeture de la base aérienne de Ramstein. Il faut y travailler avec persévérance et construire en même temps une architecture de sécurité européenne, car l’OTAN dirigée par les États-Unis est obsolète, comme l’a reconnu à juste titre entre-temps le président français Emmanuel Macron. C’est parce que l’OTAN n’est plus une alliance défensive, mais un outil pour faire respecter la prétention des États-Unis à rester la seule puissance mondiale.
Mais nous devons formuler nos propres intérêts et ils ne sont en aucun cas conformes à ceux des États-Unis.
Vous dites que les Américains sont responsables de l’explosion des pipelines. Croyez-vous sérieusement qu’ils abandonneraient l’Allemagne sans combattre ?
Oscar Lafontaine : Non, ça va être très dur, mais je ne vois pas d’alternative. Si nous et les autres pays européens continuons à rester sous tutelle américaine, ils nous pousseront au-dessus de la falaise pour protéger leurs propres intérêts. Nous devons donc progressivement élargir notre champ d’action, de préférence avec la France. Comme Peter Scholl-Latour, j’ai réclamé il y a de nombreuses années une union franco-allemande. Ensuite, la défense des deux États pourrait également être intégrée, en tant que noyau d’une Europe indépendante. Pour utiliser une expression désormais éculée : nous vivons les affres de l’enfantement de la phase de transition d’un ordre mondial unipolaire à un ordre mondial multipolaire. Et là la question se pose si nous avons notre propre place dans ce nouvel ordre mondial ou si nous nous laissons entraîner dans les conflits de Washington avec Moscou et Pékin en tant que vassaux américains. Nous ne pouvons que perdre ici.
Voilà pour l’essentiel de cet article de DWN.de source ici qui devait être lu parce qu’il illustre le ras-le-bol général qui monte en Allemagne contre les intérêts de l’étranger où le pays est vendu à vil prix.
Comme un petit air de déjà vu n’est-ce pas.
Et quand l’Allemagne est vendue à des intérêts étrangers, cela se termine mal… en général.
C’est la même chose pour la France.
Nous devrons chasser les élites otaniennes, pro-américaines qui dirigent les pays européens si nous voulons avoir un avenir européen commun. Sinon, les Américains sacrifieront jusqu’au dernier européen sur l’autel de leur sacro-saint leadership.
Nous sommes ici au cœur du grand sujet. Le seul qui vaille. Tout le reste n’est que de l’intendance.
« La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique. Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans mort apparemment. Oui, ils sont très durs les Américains, ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde. C’est une guerre inconnue, une guerre permanente, sans mort apparemment et pourtant une guerre à mort. » disait Mitterrand.
La France doit savoir. L’Allemagne et la France commencent à savoir.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.
Préparez-vous !