Alimentation : 2 ménages précaires sur 5 sautent des repas

Les ménages français, en particulier les plus précaires, continuent de subir l’inflation et la shrinkflation. Si la tendance à la hausse des prix s’est calmée en France, elle reste élevée… tandis que les salaires stagnent. Sans surprise, cette situation contraint les Français à faire des choix dans leur alimentation du quotidien.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 26 mars 2024 à 8h23
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alimentation, ménages, budget, courses, inflation, précarité - © Economie Matin
92%92% des ménages précaires s'inquiètent des prix de l'alimentation.

L’étude de l'Ifop pour Sud Radio intitulée « Enquête sur la précarité et l’éductaiton alimentaire », publiée le 25 mars 2024, dévoile que « l’inflation demeure un point de crispation majeur » pour les ménages. Les dépenses en alimentation en souffrent...

L'inflation pèse toujours sur le panier de courses des Français

L'inflation, qui s’est établie à 3,9% en moyenne en 2023 selon l’Insee, frappe toujours durement le portefeuille des Français. Selon l'Ifop, une majorité écrasante de 92% exprime une inquiétude face à à la hausse des prix. Une tension sur le budget qui se fait sentir en particulier dans les cuisines des foyers les plus modestes.

Selon le sondage, les ménages précaires, soit ceux ayant pour ressources un SMIC ou moins, voient leur budget alimentaire mensuel moyen augmenter et passer de 311 euros en 2023 à environ 346 euros en 2024. L’alimentation pèse de plus en plus lourd dans le budget des ménages qui doivent en outre composer avec la hausse des prix de l’énergie et d’autres augmentations de leurs dépenses contraintes.

Le fait-maison pour lutter contre l’inflation alimentaire

Face à cette réalité, 88% des ménages concernés optent pour le "fait-maison". Moins cher, le fait-maison regagne ses lettres de noblesse. L'achat de produits génériques ou de marque distributeur séduit 79% des sondés qui en ont augmenté la consommation, selon le sondage mené par l’Ifop. Toutefois, l'adaptation a un prix : 77% des familles ont réduit leurs achats alimentaires. « dont 40% depuis la période de hausse des prix », souligne le sondage.

Les conséquences de l’inflation alimentaire sont claires : « 79% des sondés ont arrêté de consommer certains produits car ils sont désormais trop chers : la viande (76%), les produits alimentaires transformés (74%) ou encore le poisson (71%) ». Pire : « 50% ont réduit les quantités servies à la maison et 38% ont supprimé certains repas (petits-déjeuners, goûters, dîners) ».

Alimentation : la shrinkflation s’ajoute à l’inflation

La shrinkflation, où les produits diminuent en quantité mais pas en prix, vient rajouter une couche de difficultés pour les ménages français. 80% des consommateurs modestes y sont confrontés. « 52% déclarent même qu’ils l’ont remarqué sur beaucoup de produits », souligne le sondage Ifop pour Sud Radio.

Si la shrinkflation conduit les ménages à réduire les achats des produits touchés, avec un tiers des répondants (33%) qui affirment même avoir arrêté d’acheter ces produits alimentaires, les Français semblent surtout se rebeller contre les pratiques de l’industrie agroalimentaire. « Le boycott ou la réduction de la fréquence d’achat concerne donc 8 consommateurs modestes sur 10, en réponse à cette stratégie commerciale qui a manifestement heurté la population. »

Les Français inquiets de la hausse des prix de l’alimentation

Si les Français changent leurs habitudes pour mieux gérer leur budget alimentation, cette stratégie ne va pas sans son lot d’inquiétudes. « 69% redoutent que cela ait un impact négatif sur leur santé physique et/ou mentale à long terme, ce chiffre s’élève même à 77% chez les moins de 35 ans », affirme le sondage.

Les familles sont d’autant plus inquiètes que l’alimentation des enfants est primordiale pour leur croissance et leur développement. « 82% des sondés jugent par ailleurs que depuis la hausse des prix, il est plus difficile (dont 40% déclarent même qu’il est « beaucoup plus difficile ») de nourrir correctement leurs enfants. » Surtout que les ménages modestes, contraints par leurs bas revenus à opter pour des produits moins chers, ont conscience d’acheter de l’alimentation moins saine. Elle serait plus sucrée, plus salée ou plus grasse « faute de moyens ».

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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