L’Europe réorganise son approvisionnement en gaz avec la guerre en Ukraine qui dure maintenant depuis plus de trois ans, et un acteur inattendu en profite pleinement. En effet, qui aurait cru que l’Algérie s’imposerait comme un fournisseur de premier plan, dépassant même Moscou dans les exportations par gazoduc ?
Gazoducs : l’Algérie devance définitivement la Russie et renforce son rôle en Europe

Un bond des exportations algériennes en février 2025
L’Algérie a consolidé sa place parmi les principaux exportateurs de gaz vers l’Europe. Selon les données d’Al-Taqa, le pays a expédié 92,6 millions de mètres cubes de gaz naturel par jour en février 2025, contre 90,9 millions en janvier 2025, soit une augmentation de 1,9 %. Cette progression place l’Algérie devant la Russie en tant que deuxième fournisseur européen par gazoduc, juste derrière la Norvège.
L’Italie reste le principal client du gaz algérien, absorbant 62,6 millions de mètres cubes quotidiens, en hausse de 3,5 % sur un mois. L’Espagne, autre marché important, conserve un volume stable de 30 millions de mètres cubes par jour. Ces performances sont rendues possibles grâce à des infrastructures comme le Transmed, reliant l’Algérie à l’Italie via la Tunisie, et le Medgaz, qui dessert directement l’Espagne.
Pendant des décennies, la Russie a dominé le marché du gaz européen. Mais avec la guerre en Ukraine et les sanctions qui en découlent, Moscou peine à maintenir ses volumes d’exportation. En février 2025, la Russie a livré 52,5 millions de mètres cubes de gaz par jour, bien loin des ses niveaux historiques.
Ce recul offre une opportunité à l’Algérie, dont le gaz est perçu comme plus stable et plus accessible. Contrairement au gaz naturel liquéfié (GNL), qui doit être transporté par navires et nécessite des infrastructures coûteuses, le gazoduc garantit une livraison continue et des coûts réduits. L’Europe renforce donc ses partenariats avec Alger, faisant du pays un acteur stratégique du marché énergétique.
La Norvège, toujours en tête du marché européen
Malgré la montée en puissance de l’Algérie, la Norvège reste le leader incontesté des exportations de gaz par pipeline vers l’Europe. Avec 137,5 millions de mètres cubes par jour, elle devance largement ses concurrents. Son augmentation de 5,3 % en février 2025 montre sa capacité à maintenir une production élevée malgré une baisse en janvier 2025.
Toutefois, la position de la Norvège est structurellement différente de celle de l’Algérie. Oslo bénéficie d’installations modernes et d’une régulation stable, tandis qu’Alger doit investir massivement dans ses infrastructures pour assurer une croissance durable de ses exportations.
Malgré ces succès, l’Algérie fait face à plusieurs défis. Pour rester compétitive, elle devra :
- Accroître ses capacités de production : De nouveaux gisements gaziers doivent être développés pour éviter toute stagnation des exportations.
- Moderniser ses infrastructures : Si les gazoducs actuels assurent des livraisons fiables, leur entretien et leur expansion seront cruciaux pour maintenir l’élan actuel.
- Gérer la demande intérieure : Avec une consommation locale en hausse, Alger devra équilibrer approvisionnement national et exportations lucratives vers l’Europe.
- Sécuriser des contrats à long terme : L’Union européenne cherche des accords solides avec ses fournisseurs, et l’Algérie devra négocier intelligemment pour garantir sa part du marché.