Antoine Armand, qui a été nommé pour prendre la suite de Bruno Le Maire en tant que nouveau patron de Bercy, pourrait bientôt regretter l’éloge faite sur le bilan de son prédécesseur lors de son discours de passation de pouvoir, samedi 22 septembre 2024. Selon les informations des Échos, dévoilées vendredi 20 septembre, les projections concernant le déficit public de la France pour l’année 2024 pourraient être (encore) pires que prévu. Au lieu de 5,6 %, celui-ci pourrait finalement dépasser la barre des 6 % de son PIB si le nouveau gouvernement ne prend pas de mesures drastiques pour inverser cette mauvaise tendance.
ALERTE ROUGE : le déficit public de la France pourrait dépasser les 6% en 2024 !
Une dégradation du déficit public dû aux collectivités locales et à un marché intérieur encore trop timide
Bruno Le Maire a officiellement quitté ses fonctions Bercy. Si celui-ci semble avoir trouvé un point de chute en Suisse, à Lausanne, comme le rapportait Le Canard Enchaîné en juillet 2024, son successeur, Antoine Armand, 33 ans, et anciennement président de la Commission des affaires économiques, a été désigné pour être l'homme qui redressera les finances de la France. Le nouveau ministre de l'Économie aura de quoi retrousser ses manches. Alors que le déficit public de la France était projeté à 5,1 % de son PIB, selon les informations des Échos, celui-ci pourrait finalement exploser à 6 % pour l'année 2024.
Cette dégradation est due principalement à deux facteurs majeurs, selon nos confrères : en premier lieu, les dépenses des collectivités locales. Comme le soulignent les Échos, les communes, départements et régions ont vu leurs dépenses de fonctionnement et d’investissement exploser, atteignant 16 milliards d’euros, soit 10 milliards de plus qu'initialement prévu, ce qui se traduirait par une hausse de 0,3 point du déficit du PIB de la France. Quid de la responsabilité du « quoi qu'il en coûte » et de ses mesures telles que le dispositif du leasing social ? L'Association des maires de France (AMF) avait en effet contredit, dès le début de septembre 2024, les chiffres avancés par Bercy, vilipendant ainsi les accusations de Bercy, qu'elle considérait comme « fallacieuses » et « irresponsables ». Dans ce sens, l'AMF avait tenu à souligner que la dette des collectivités est restée stable depuis une trentaine d'années, passant de 9 % du PIB en 1995 à 8,9 % en 2023.
Second facteur expliquant la dégradation des projections sur le déficit public de la France pour l'année 2024 : la baisse des recettes fiscales. Comme le souligne les Echos, les rentrées de la TVA sont moins importantes que prévu et celles-ci sont surtout le fait des exportations. Autrement dit, celles-ci stagne voire diminues en raison du marché intérieur qui reste encore trop timide. Comme l’expliquait Thomas Cazenave, ancien ministre du Budget, « le rendement de la TVA devrait pâtir de la composition de notre croissance ». À cela s’ajoute une révision à la baisse des prévisions pour l'impôt sur les sociétés, tandis que les premières émissions d’impôt sur le revenu indiquent un produit « inférieur à son niveau de l'année dernière ».
Une course contre la montre
Pour redresser la barre, le nouveau gouvernement n'aura d'autre choix que de trouver des solutions drastiques et rapides. Selon les estimations des Echos, pour atteindre un déficit public de 5% en 2025, il faudra que la France trouve entre 40 et 50 milliards d'euros d'économies ou que Bercy mette en place de nouvelles mesures pour augmenter ses recettes. Michel Barnier, nouveau Premier ministre, avait d'ailleurs prévenu d'une éventuelle augmentation des impôts à venir, reconnaissant que la situation budgétaire de la France était « très grave » et qu’il est par conséquent urgent de « prendre des mesures drastiques pour limiter l'ampleur du déficit 2024 ».
Bien loin paraît l'objectif du gouvernement d'atteindre les 3 % de déficit public, tel que l'impose Bruxelles à ses pays membres. Hors d'atteinte même, Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes avait lui aussi, averti du risque de « shutdown » de la France dans un entretien accordé au Parisien le 7 septembre 2024 : « Nous devons impérativement maîtriser notre dette, sans quoi notre situation budgétaire, déjà sérieuse, pourrait devenir dangereuse. Un pays trop endetté est un pays impuissant ! », avait-il martelé, tout en alertant sur le risque que : « les prestations sociales (telles que la CAF ou l'Affection de longue durée (ALD)) ne seraient plus distribuées, les fonctionnaires ne seraient plus payés ». Et si la situation budgétaire de la France n'était déjà pas assez catastrophique, celle-ci, déjà pointée du doigt par la Commission européenne pour déficit excessif, pourrait devoir négocier avec l'exécutif européen pour éviter des sanctions qui pourraient atteindre 2,5 milliards d’euros par an.
Véritable course contre la montre : le calendrier budgétaire, retardé par la dissolution de l'Assemblée nationale, est plus que serré. Le nouveau gouvernement n'aura en effet qu'un peu plus de deux semaines pour présenter sa feuille de route. Le projet de loi de finances publiques de 2025 doit en être présenté avant le 9 octobre 2024 pour être débattu, dans un délai de 70 jours, au Parlement.