Si le gouvernement a rejeté en 2023 l’idée de parler de budget d’austérité pour la loi de Finances de 2024, une mauvaise nouvelle a frappé la France. Le déficit public définitif pour l’année 2023 sera supérieur à ce qui était prévu. Conséquence directe : la dette augmente, contraignant le gouvernement à chercher de nouvelles sources d’économies. Car les sommes que doit désormais chercher Bruno Le Maire sont astronomiques.
Alerte rouge : la France contrainte à l’austérité à cause de sa dette
Austérité : un déficit supérieur à 5% en 2023 ?
Le scénario du pire est en train de se dérouler sous les yeux du gouvernement qui ne peut rien faire d’autre que tenter de s’adapter. Bruno Le Maire, le 6 mars 2024, a confirmé que le déficit public de la France pour 2023 sera « significativement au-delà des 4,9% » attendus. Ce qui fait sauter les plans du gouvernement : plus de déficit, c’est plus de dette et donc une dette qui augmente alors qu’elle atteint déjà des records.
Pire. La croissance attendue pour la France en 2024 a été revue à la baisse : 1% attendu par le gouvernement, contre 1,4% initialement. Et 1%, ça reste une projection optimiste : Insee et Banque de France s’attendent à 0,9% et 0,8% respectivement… ce qui signifierait que même le budget 2024 actuel serait insuffisant.
Les Français n’ont plus d’argent, la TVA ne rentre plus
La principale raison de cette mauvaise nouvelle est bien identifiée par l’exécutif : moins d’impôts sont rentrés dans les caisses de l’État en 2023. En particulier, au niveau de la TVA (Taxe sur la valeur ajoutée), collectée par l’État sur tous les achats effectués dans le pays. Comme les Français n’ont plus d’argent et qu’ils doivent faire des choix budgétaires, ils dépensent moins… et ça conduit à une baisse de la TVA collectée.
Autre problème : la hausse des taux d’intérêt, et notamment des taux directeurs de la Banque Centrale Européenne (BCE). Cette augmentation conduit à une hausse des intérêts payés par la France pour sa dette… et plombe de fait les prévisions du gouvernement. « Nous sommes entrés dans un nouveau contexte des finances publiques marqué par une conjoncture moins favorable et des taux d'intérêt élevés », a expliqué le 6 mars 2024 Thomas Cazenave, ministre délégué aux Comptes publics, interrogé à l’Assemblée nationale.
Austérité : un budget rectificatif pour 2024 ?
Pour redresser les finances publiques et atteindre l’objectif de 3% de déficit en 2027 et même un budget à l’équilibre en 2032, selon le souhait de Bruno Le Maire, tout commence dès cette année 2024. Des premières coupes, pour un total de 10 milliards d’euros, ont été annoncées pour 2024 par Bruno Le Maire. Mais ce n’est toujours pas un « budget d’austérité » selon l’exécutif qui rejette l’usage de ce terme. Ces coupes, « ne sont pas un coup de rabot mais un frein d'urgence », a affirmé le ministre de l’économie.
Nous faisons un choix clair : le rétablissement des finances publiques. Il doit nous amener sous les 3 % de déficit public en 2027 et à un budget à l’équilibre en 2032.
Réduire les seules dépenses de l’État à hauteur de 10 milliards d’euros est une première étape. Nous le… pic.twitter.com/IJAojb8ZkU
— Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) March 6, 2024
Mais s’en est peut-être pas terminé pour 2024, le locataire de Bercy annonçant dans son entretien au Monde la possibilité d’un « projet de loi de finances rectificative à l’été, si nécessaire ».
2025 : l’austérité va frapper de plein fouet la France et les Français
Le pire est toutefois à venir pour le budget de l’État, et donc les Français. Désormais, faute de croissance, l’exécutif espère trouver plus que les « au moins 12 milliards d’euros d’économies » pour le budget 2025 qui sera débattu à l’Automne 2024. C’est finalement 20 milliards d’euros d'économies en 2025 qu'espère le gouvernement, ce qui porte les économies souhaitées sur deux ans à 30 milliards. « Je dois vous dire en transparence que nous devons vraisemblablement porter notre effort de 12 à au moins 20 milliards d’euros d’économies supplémentaires », a déclaré devant les députés Thomas Cazenave le 6 mars 2024.
« A un moment donné, il faut simplement refroidir la machine, parce que la croissance subit les conséquences du nouvel environnement géopolitique et que les recettes fiscales diminuent. Quand on gagne moins, on dépense moins », souligne Bruno Le Maire.
Quant au terme austérité, il est toujours rejeté par l’exécutif et ses alliés. Jean-René Cazeneuve, député Renaissance et rapporteur général de la commission des Finances à l’Assemblée national, l’assure dans un entretien avec L’Humanité : « ce désendettement ne passera pas par l’austérité ». Il assure même que « nous parlons ici d’un ralentissement de l’augmentation de nos dépenses publiques, pas d’une baisse ».
💬 "Oui, nous voulons désendetter notre pays. Non, ce désendettement ne passera pas par l’austérité."
🗞️ Pour désendetter et assurer la souveraineté de la 🇫🇷 nous misons sur la bonne gestion des finances publiques
Ma tribune à lire dans l'@humanite_fr⤵️https://t.co/sDyvBpOvcz
— Jean-René Cazeneuve (@jrcazeneuve) March 4, 2024
Reste que le gouvernement est attendu au tournant : n’ayant plus la majorité absolue à l’Assemblée nationale, les budgets d’austérité risquent d’être vivement combattus par les oppositions. En particulier alors que se déroule en toile de fond la Présidentielle de 2027 où Emmanuel Macron ne pourra pas se représenter et qui fait de l’oeil, encore une fois, à Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon.