Airbags Takata et Sécurité routière : pourquoi l’industrie automobile doit passer à l’ère de la transparence

Depuis la fin du mois de février, le scandale des airbags Takata connaît un nouvel épisode retentissant avec le rappel de plusieurs centaines de milliers de véhicules dont les airbags présentent un risque d’explosion. Une mesure d’une ampleur inédite jusqu’ici pour un dysfonctionnement à la gravité rare, mais qui pourrait bien ne pas être un phénomène isolé.

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By Marc Eckerlen Published on 14 avril 2025 4h30
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Airbags Takata et Sécurité routière : pourquoi l’industrie automobile doit passer à l’ère de la transparence - © Economie Matin
15 MILLIARDS €Le scandale Takata aurait déjà coûté 15 milliards d'euros.

Ce phénomène ne représente en effet que la partie la plus visible des défauts critiques dans l’industrie automobile. Une part significative du parc automobile français pourrait être porteur de risques critiques au niveau de leurs airbags mais aussi d’autres composants essentiels. Une situation dangereuse due à un manque structurel de transparence qu’il est urgent de dépasser.

Un scandale à la hauteur du mensonge

Le 21 février, le ministère des Transports annonçait que 2,3 millions de véhicules devaient faire l’objet d’un rappel et 500 000 d’entre eux, produits par Stellantis et Volkswagen devaient cesser immédiatement de rouler. La faute à des airbags défectueux, produits par la marque japonaise Takata et installés sur des véhicules pendant plus de 21 ans, entre 1998 et 2019. Ce sont ainsi 14 personnes qui sont décédées tandis que 15 ont été gravement blessées, après l’explosion de leur airbag. Un scandale d’autant plus retentissant qu’en 2017 déjà, l’entreprise japonaise avait plaidé coupable dans un procès aux Etats-Unis et reconnu avoir dissimulé pendant 10 ans la dangerosité des airbags qu’elle produisait. Cette affaire hors normes révèle ainsi une réalité plus large : l’opacité de l’industrie automobile.

Un manque de transparence structurel

Plusieurs facteurs contribuent à rendre les pratiques de cette industrie difficilement lisibles. L’informatisation des véhicules et l’accumulation de nouvelles fonctionnalités toujours plus élaborées en font des objets technologiques extrêmement complexes. La spécialisation des sous-traitants a par ailleurs mené à la constitution de réseaux ramifiés au sein desquels une faille de qualité est plus difficilement repérable que dans une entreprise unique. La pression économique pousse par ailleurs une partie de ces fabricants à chercher des leviers d’optimisation technique sans pour autant inciter à communiquer à l’ensemble de leurs partenaires les risques associés. Des équipementiers aux constructeurs, en passant par certains réseaux d'entretien, l'information cruciale sur les défauts potentiels n'est ainsi pas communiquée efficacement aux conducteurs.

Un nombre alarmant de véhicules circulent avec des défauts critiques

Du fait de cette opacité systémique, de nombreux véhicules circulent aujourd'hui avec des défauts liés aux airbags, mais aussi à d'autres composants essentiels comme les systèmes de freinage, la direction assistée, les dispositifs électroniques de contrôle moteur ou encore les systèmes d’aide à la conduite. Autant d’éléments dont un dysfonctionnement peut entraîner un risque majeur pour la sécurité des usagers. Sans effort de transparence, des scandales du type de celui qui touche aujourd’hui les airbags Takata sont donc voués à se reproduire.

Donnons aux automobilistes le pouvoir de connaître l’état réel de leur véhicule

Seule une transparence totale peut prévenir de tels dysfonctionnements à grande échelle. Or, cette transparence passe par une autonomie complète des conducteurs, qui doivent désormais disposer des capacités techniques de connaître l’état réel de leur véhicule, indépendamment des intérêts économiques qui peuvent parfois primer sur la sécurité dans cette industrie. C’est ce que permettent notamment les technologies d’auto-diagnostic, désormais en voie de démocratisation.

Le scandale des airbags Takata a dramatiquement révélé une faille majeure de l’industrie automobile. A défaut d’un changement structurel, de nouveaux scandales ne sont pas seulement possibles mais probables. Dans ce contexte, pouvoirs publics et acteurs de la filière ont la responsabilité de se mobiliser pour faire entrer la maintenance automobile dans une nouvelle ère de transparence.

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porte-parole de Carly France

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