Payer son billet de train avec ses miles Air France ? Une promesse qui pourrait révolutionner l’usage des points de fidélité pour les voyageurs aériens français. La SNCF et la compagnie Air France l’ont fait. Mais est-ce un bon plan ?
Air France et SNCF : le vrai coût des miles convertis en billets de train
Depuis le 9 février 2025, les membres du programme de fidélité Flying Blue d’Air France peuvent désormais convertir leurs miles en bons d’achat pour des trajets en train via la SNCF. Ce partenariat marque une évolution du programme Train + Air, en place depuis trois décennies.
Quand Air France et la SNCF s’associent pour séduire les voyageurs
Depuis 1994, Air France et la SNCF ont mis en place le programme Train + Air, une offre permettant de réserver en un seul billet un trajet combiné TGV + vol. Aujourd’hui, cette collaboration évolue en permettant aux 27 millions de membres Flying Blue d’utiliser leurs miles pour des trajets ferroviaires.
Grâce à cette nouveauté, il est possible de réserver un billet jusqu’à 12 mois à l’avance, contre 4 mois auparavant, et d’obtenir une garantie de report sans frais en cas de retard d’un train ou d’un vol. « Il n’y a pas de secret, si nous voulons avoir plus de voyageurs, il faut qu’il y ait plus d’offres », explique Christophe Fanichet, PDG de SNCF Voyageurs, dans une interview accordée à La Tribune Dimanche.
Comment convertir ses miles en trajets TGV ?
Le système de conversion se fait selon un barème précis :
Nombre de Miles Flying Blue | Réduction obtenue sur un billet SNCF |
---|---|
7 500 miles | 25 euros |
15 400 miles | 50 euros |
30 000 miles et plus | 100 euros |
Concrètement, un membre Flying Blue doit dépenser 7 500 miles pour bénéficier de 25 euros de réduction sur un billet TGV inOui.
Mais est-ce vraiment un bon plan ? Un euro dépensé avec Flying Blue rapporte 4 miles. Il faut donc avoir dépensé environ 1 875 euros en billets d’avion pour obtenir une réduction de 25 euros sur un billet de train. À ce rythme, les passagers les plus fréquents y trouveront peut-être leur compte, mais pour les autres, la rentabilité reste discutable.
Une aubaine pour les voyageurs ou une stratégie déguisée ?
Si cette initiative semble intéressante, elle présente encore des limitations. Actuellement, seuls les TGV inOui sont concernés par la conversion des miles. L’intégration des trains Ouigo, moins chers mais plus flexibles, est annoncée avant l’été 2025. De plus, la conversion des miles en billets de train ne garantit pas les meilleurs tarifs. Les horaires doivent en effet correspondre aux correspondances aériennes, ce qui limite la possibilité de profiter des prix les plus bas.
L’un des enjeux cachés derrière cette alliance est de conserver les voyageurs sur le territoire français. Avec la hausse de la taxe de solidarité sur les billets d’avion en 2025 (impact estimé à 100 millions d’euros pour Air France-KLM), la compagnie aérienne cherche à fidéliser ses passagers et à éviter qu’ils ne choisissent les aéroports européens concurrents.
D’autant que la SNCF voit dans ce partenariat un moyen d’attirer davantage de voyageurs sur ses lignes à grande vitesse, dans un contexte de concurrence accrue avec d’autres compagnies ferroviaires européennes. « L’avion garde toute sa place pour la connectivité des régions vers le moyen-courrier européen et le long-courrier, mais l’enjeu est vraiment de travailler main dans la main », souligne Anne Rigail dans La Tribune Dimanche.