La question de la qualité de l’air en cabine d’avion suscite l’attention : entre santé des employés de l’aéronautique et suspicions de toxicité, l’Anses mène l’enquête.
L’air dans les avions est-il nocif pour les passagers ?
Air en cabine : un cocktail de risques ?
L’étude de l’Anses met en lumière les risques liés à l'environnement de travail des personnels navigants. Le premier aspect alarmant réside dans l'exposition à des « rayonnements ionisants issus des rayons cosmiques et solaires », qui s’intensifient avec l’altitude. Ces rayonnements pourraient être à l'origine d'une hausse des cas de cancers de la peau et de leucémies parmi ces professionnels. Toutefois, l’Anses précise que « des études épidémiologiques sont encore nécessaires pour préciser les effets sur la santé » de ces expositions. Leurs conditions de travail, telles que les horaires décalés et le travail de nuit, s'ajoutent à cette liste de défis.
Par ailleurs, les conditions environnementales telles que la pression, le niveau d'oxygène, ou encore les vibrations, sont des facteurs qui s’ajoutent au quotidien déjà exigeant de ces professionnels. La complexité et la variété de ces facteurs font de l'environnement aérien un lieu unique d'exposition à des risques pour la santé.
Le syndrome aérotoxique : un mystère persistant
Depuis des années, des symptômes comme les maux de tête, pertes d'équilibre ou irritations des yeux sont rapportés par le personnel navigant. Ces symptômes, regroupés sous le terme de « syndrome aérotoxique », sont suspectés d’être liés à une contamination de l’air des cabines par divers polluants. L’Anses note cependant que les études actuelles « ne permettent pas d’objectiver ces symptômes ni d’en identifier les causes », malgré la reconnaissance de « multiples sources de polluants ». Ces polluants pourraient provenir des matériaux utilisés, du système de ventilation, ou des opérations au sol et en vol.
En dépit de la variabilité et de la non-spécificité des symptômes, le « syndrome aérotoxique » demeure une préoccupation. L’Anses mentionne que des composés chimiques, notamment ceux issus d’huile de moteur, sont « couramment soupçonnés de polluer l’air des cabines ». Ce phénomène, décrit dans la littérature comme un « fume event », soulève des questions sur la qualité de l'air respiré en altitude.
Un enjeu de santé publique
Pour garantir un air sain en cabine, la majorité des avions sont équipés de filtres Hepa, destinés à purifier l’air recyclé. Néanmoins, l’Anses insiste sur le fait que « des études supplémentaires sont indispensables pour préciser les effets sur la santé des personnels navigants ». L'agence, saisie par des syndicats et l'Association des victimes du syndrome aérotoxique (Avsa), pointe le besoin d’analyses plus poussées pour comprendre les éventuelles conséquences des conditions de vol et de l’air en cabine.
Une enquête pour mise en danger d'autrui et blessures involontaires est actuellement menée par les juges du pôle santé publique du tribunal judiciaire de Paris, suite à une plainte déposée en 2018 par deux anciens pilotes de ligne. Cette investigation souligne la gravité de la situation et la nécessité d'une prise de conscience collective sur les risques potentiels liés à l’air en cabine.